SOUNDIATA KEÏTA : Père du Mandé

Parler de Soundiata Keïta, c’est comme raconter un bon vieux conte africain. Le héros nous l’avons déjà, ajoutez-y un village, un méchant, des bêtes sauvages, de l’amour, des épreuves, puis des rites. Installez-vous au pied du baobab et écoutez le griot vous conter cette histoire au son de la kora.

Il était une fois, un prince né infirme qui sauva son royaume. C’est l’histoire de Soundiata Keïta, prince du Mandé, fils de Sougoulou Kante et de Nare Maghann. Il libéra le Mandé et fût surnommé
« l’homme lion ».

Les Griots racontent que le prince serait né en 1120. Infirme de naissance, il traîne son corps au sol pour se déplacer. En 1218, à la mort de son père Nare Maghann, le jeune Dankara Touman prend la tête du Mandé. Sassouma Bérété,

première femme du feu roi devient régente. Sogoulou, deuxième femme et mère du petit Soundiata, se retrouve désemparée. Objet des moqueries, elle pleure dans sa hutte des océans de larmes. À la vue de ce triste spectacle, la légende raconte que Soundiata Keïta s’empara d’une barre de fer, se mit à marcher et devînt fort comme Hercule. La haine de la deuxième femme s’intensifiant, Sogoulou et son fils furent contraints de s’enfuir. C’est lors de cet exil que le roi du Soumaoro Kanté attaque le Royaume du Mandé, Dankara fuit et laisse un empire ravagé.

C’est alors que Soundiata Keïta décide de rentrer au pays. Il réunit le clan Malinké pour le libérer, en 1235, à la bataille de Kirina. Les habitants du Mandé lui demandent de prendre son héritage, soit : « Kien » (héritage) et « Ta » (prendre) qui est devenu « Kienta » (prends ton héritage) et par la suite « Keïta ». Après sa victoire, le jeune prince devient très vite populaire dans tout le Mandé. Il rassemble alors tous les royaumes pour constituer l’Empire du Mali et est proclamé « Mansa », c’est-à-dire « roi des rois ». Il choisit sa terre natale, Niani, comme capitale (située dans l’actuelle Guinée). Il y développe le commerce, l’exploitation de l’or et l’agriculture.

Le fondateur du Mali est aussi connu pour ses valeurs. Sa sagesse et sa tolérance permettent la coexistence pacifique de l’islam et de l’animisme dans son empire. Le jour de son intronisation, aurait été prononcée La Charte du Manding qui comporte des notions de respect de la vie humaine, de droit à la vie, des principes d’égalité et de non-discrimination, de liberté individuelle, de justice, d’équité et de solidarité. C’est une charte qui conteste avant tout l’esclavage.

Le roi meurt d’une flèche au coeur en 1255 lors d’une fête à Niani. À sa mort, l’Empire du Mali s’étend de l’Atlantique au Moyen Niger. Soundiata Keïta restera dans l’histoire comme l’un des plus mythiques dirigeants en Afrique, veritable héros légendaire pour les panafricanistes et les amoureux du continent mère.

Édition ROOTS n°21 – Spécial Mandé