DJIMO : La vanne lente à l’ascension fulgurante

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Djimo, j’ai 31 ans, je suis humoriste. Je viens de Limoges et suis originaire de Guinée.

Vous avez connu une ascension fulgurante. Selon vous, est-ce quelque chose qui vous était prédestiné ou ça vous est tombé dessus par hasard et vous vivez le rêve bleu ?
Ça m’est tombé dessus par hasard parce qu’au départ je n’étais pas conditionné à faire ça. J’ai commencé à monter sur scène parce que je m’ennuyais (rires). Et, à force de monter sur scène, j’ai écrit un spectacle et voilà, je suis là. Il se passe plein de trucs, du coup, j’imagine que ça m’a plutôt réussi (rires).

Vous imaginez bien qu’il y a plein de gens qui s’ennuient, mais qui n’arrivent pas forcément à monter sur scène. Alors comment ça s’est passé ? Vous vous ennuyiez, vous vous êtes levé, vous vous êtes baladé et… ?
En fait, le truc c’est que moi, à la base, je suis de la province. Je viens de Limoges. Puis un jour, je m’en vais faire un stage dans un hôtel, à Paris. Le rythme c’était trois jours là-bas, à bosser, et deux jours chez moi. Et pendant les deux jours, je m’ennuyais, je cherchais de petites activités à faire sur Paris. Et j’ai commencé à monter sur scène ces fameux jours où je m’ennuyais.

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C’est d’ailleurs ainsi que vous avez ouvert votre premier sketch à Montreux, avec le désormais fameux : « Je viens de Limoges ». Comment les Limougeauds prennent-ils le fait que leur ville soit devenue une blague ?
Très bien, ils sont conscients du truc (rires). En plus, en France, il y a une petite vanne, pas vraiment une vanne, mais un petit truc dans l’inconscient collectif que Limoges c’est vraiment la campagne quoi. Et ils en sont conscients. Même parfois à la télé, je commence par cette blague et les gens sont super contents (rires).

Comment se dit-on un jour : « Tiens, je suis un mec marrant » ?
Au début, Je sens que je fais rire mes proches mais je ne sais pas si j’ai le truc quoi. C’est en secret, dans ma tête, mais je ne me dis pas que je vais faire carrière. Je testais juste pour voir. Mais jamais de la vie je ne me suis dis que j’allais faire carrière.

Quel a été le déclic pour vous décider à faire de l’humour votre métier ?
En fait, c’est avant Montreux. Après que mon stage à l’hôtel soit terminé, je suis rentré sur Limoges pendant un an. Et pendant cette année-là, j’avoue que je pensais tout le temps à remonter sur scène. Et puis, je me suis dit : « Vas-y ! Je vais économiser de l’argent, je vais commencer à bosser, puis je vais remonter sur scène, je ne vais faire que ça et, dès que je ne peux plus, je rentre ». Et je ne suis toujours pas descendu à Limoges…

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Quelle est la scène qui vous aura le plus marqué ? Le moment où vous vous dites : « Je suis en train de vivre mon rêve » ?
Je ne sais pas… Peut-être un soir où je jouais aux Paname. Je suis monté sur scène, je jouais, ça marchait bien, et j’ai aperçu dans la salle énormément d’humoristes qui eux-mêmes étaient morts de rire. Je me suis dit : « Ah tiens, t’as un petit truc à faire, tu vois ». C’est peut-être là que j’ai eu le VRAI déclic, que ça m’a fait y croire un petit peu.

La transition de l’humour, la scène, le public qui est proche de vous… à l’univers du cinéma, c’est un tout autre exercice ?
Oui, c’est tout autre chose et, là encore, j’ai eu de la chance. Je rentre dedans en tant autodidacte. Il y en a qui font des castings toute leur vie et, malheureusement, n’obtiennent pas de rôle. Moi, encore une fois, j’ai eu de la chance parce que j’ai pu parler à des réalisateurs et à des mecs qui font des films. Et ils m’ont fait confiance. Au début, la bascule n’a pas été très facile. Lorsque tu fais de la scène, tu as le retour direct des gens. Avec le cinéma, tu dois attendre un an, deux ans… Le montage, l’étalonnage et tout le reste. C’est seulement lors de la sortie au cinéma que tu as le retour des gens. C’est ce qui est le plus difficile.

Quel votre regard sur votre travail ? Revoyez-vous tous vos films ou spectacles ?
Oui et parfois fois je me fais rire. Je regarde quasi tous mes spectacles, mais au cinéma c’est un peu plus dur. Il y en a qui disent que j’ai un peu le syndrome de l’imposteur (rires). Parce que, parfois, je me regarde et je me dis : « Pourquoi tu mens comme ça ? C’est quoi ces choses que tu racontes ? ». Parce que je me connais, tu vois (rires).

Vous savez que vous êtes connu pour les vannes lentes. Alors est-ce qu’on peut vous voir, un jour, dans un film genre ultra “speed” ?
J’espère. Mais j’ai fait un film speed. J’ai joué avec Jean Claude Van Damme. Mais je dois dire que lui, il était speed. Alors pourquoi pas des vrais rôles speed, ça viendra.
Il y a encore plein de choses que j’ai envie de faire. Dans le futur, ce à quoi j’aspire, c’est monter mes propres films et faire d’autres spectacles. Et j’espère le faire en restant dans l’humour parce qu’on dit que le plus dur à jouer à l’écran, c’est l’humour. À part si on est humoriste. Mais on peut jouer d’autres émotions. Et j’espère aussi jouer un peu de drama.

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Comment vous voir sur scène ?
Actuellement, je suis en train de tourner à l’Européen, jusqu’au 10 décembre. Et après, à partir du mois de janvier, je serai en tournée dans toute la France.

Si vous aviez un message à adresser aux lecteurs pour leur dire de se pointer ?
Le message serait que s’ils adorent l’humour, c’est le seul rendez-vous qu’il faut prendre.

Outre le théâtre et le cinéma, vous avez également co-lancé une web émission : Amuse Bouche. De quoi s’agit-il ?
On invite des gens qu’on aime bien et qui nous inspirent. C’est une discussion, ce n’est pas une interview. On parle de leur métier, leur vision, comment ils gèrent leur vie… Il n’y a pas vraiment de fréquence définie, c’est dès qu’on peut. On va en tourner trois dans une journée et les poster. Ensuite, c’est suspense (rires).

Alors il y a Limoges, mais il y a également la Guinée dont vous êtes originaire. Cela représente quoi ?
La Guinée, c’est mon pays d’origine, là où mes parents sont nés, où ils se sont rencontrés ; le pays qu’ils ont dû quitter pour venir en France. C’est un pays en voie de développement, qui essaie d’être en voie de développement et qui rêve de se développer (rires). C’est un pays magnifique mais très mal géré encore. Là, il y a de petits exploits qui sont faits mais ce n’est toujours pas ça. La dernière fois que j’y suis allé c’était l’année dernière et je rêve de pouvoir un jour me produire sur place.

Que peut-on vous souhaiter pour l’année 2023 ?
La santé, puis les NFT (rires). J’espère qu’il y aura plein de NFT pour toute la terre entière. Sinon, j’espère que ça va marcher, que les gens vont continuer à aller au théâtre et que je vais voir d’autres projets fleurir.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ?
« Roots », c’est « Racines », ça me fait penser à « Kunta Kinte » qui m’a beaucoup marqué. On était très jeunes ! La première fois qu’on me l’a montré, je devais avoir 6 ans. C’est une très bonne série, un classique que tout le monde doit voir, tout comme il faut voir le film Malcom X avec Denzel Washington.