CHAARLITY : L’étoile du Dahomey

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
TRONOU-AYAYI FOLY Charlemagne. Je suis né le 17 juillet 1992, au Togo, mais je suis Togolais/Béninois. Je suis artiste, chanteur, compositeur. On pourrait me classer dans l’univers de la musique afro mais, à mes débuts, j’ai commencé par le rap. J’ai été bercé par les musiques de chez moi : King Mensah, Bella Bellow… Désormais, j’essaye de concilier l’urbain et l’afro.

Comment as-tu mis ton pied dans l’univers musical ?
Mon père ne voulait absolument pas que je fasse quoi que ce soit en dehors des études (rires). Donc la musique, pour lui, c’était hors de question ! À l’époque, j’avais un cousin qui habitait à Paris et venait en vacances chez nous, à Lomé (Togo). Il m’a fait découvrir de nombreux morceaux de rap français. Je me rappelle du jour où j’ai écouté avec lui, pour la première fois, « Mon Papa à moi est un gangster » de Stomy Bugsy. Mon père a entendu cela et s’est écrié : « Allez, allez, éteignez-moi ça, c’est quoi cette musique !? » (rires). Il était très chrétien et, lorsqu’il est décédé, j’avais 9 ans. Je suis alors allé m’installer chez ma grand-mère. Elle m’emmenait régulièrement à l’église et je faisais partie de la chorale. Je chantais tel un petit enfant de choeur mais il n’y avait pas que des gens qui chantaient Jésus (rires). À la sortie de l’église, j’avais des amis qui ramenaient leurs baladeurs et on écoutait de la musique. C’est ainsi que j’ai commencé à écrire des morceaux. Arrivé au collège, j’avais un ami Gabonais avec qui on a formé un groupe de rap. C’était une belle expérience. Après le collège, j’ai quitté le Togo et suis allé m’installer chez ma mère, à Cotonou (Bénin). C’était encore mieux là-bas ! Quand tu étais un gars qui savait rapper, on te donnait le respect. Ça tombait bien, ils allaient être servis (rires). Je me rappelle qu’à l’époque, j’avais 14/15 ans, je rappais avec un ami qui s’appelle Roméo et qui est aujourd’hui humoriste. Un jour, j’ai fait un clash dans la rue avec un jeune qui rappait et s’appelait Tchuméo et les gens ont aimé. Par la suite, il m’a proposé de lui faire un refrain et c’est la première fois que je suis entré en studio. Nous sommes allés chez Dagger, qui était à l’époque le même arrangeur son du Bénin et qui avait lancé la carrière de nombreux artistes parmi lesquels Blaze, un des piliers du rap local à l’époque. Le mec chez qui on a posé le morceau a halluciné et c’est comme ça que j’ai commencé à réellement chanter et écrire mes propres morceaux.

C’est là que tu t’es senti dans ton élément ?
J’ai toujours écrit mais je faisais des morceaux que je ne sortais pas. Je chantais devant mes amis et mon petit frère, mais juste pour frimer. Au moment je suis entré en studio pour la première fois, j’ai décidé de sérieusement me pencher dessus. J’ai sorti mon premier morceau et j’ai eu de très bons retours. Je me suis dit : « si les gens aiment bien alors continuons ».

Et à quel moment as-tu décidé d’en faire carrière ?
Le moment où j’ai eu le déclic, c’est la première fois que je suis monté sur scène. La communion avec la foule, voir comment le public reprenait mes morceaux alors que je n’avais pas fait une énorme promotion… C’était fou ! Du coup, je me suis dit : « Autant faire un métier que j’aime plutôt que ce que les autres aimeraient à ma place ». J’ai longuement hésité car je pensais à mon père. C’était un daron à l’ancienne et je ne sais pas si mes choix lui auraient plu. Je craignais qu’il ne se retourne dans sa tombe s’il savait que je fais de la musique et non pas de longues études comme il l’aurait rêvé. Mais la vie est un choix.

Comment décrirais-tu ton univers musical ?
Je fais de l’afro urbain. J’ai grandi avec l’urbain et j’ai du mal à m’en défaire. Je pioche dans ma culture africaine mais je veux rester fidèle à mon époque. Quant aux thématiques de mes chansons, j’aime raconter mon vécu, avec du franc-parler. Je ne peux pas faire que de la punchline. S’il n’y a pas de messages, j’ai l’impression que mon morceau est vide.

Qui sont tes inspirations ?
Par rapport aux sonorités, je vais lister celles qui ont bercé mon enfance : Angélique Kidjo, Bella Bellow, King Mensah ou encore Dj Veekay – paix à son âme. Et en terme de parcours, je suis obligé de citer Booba. Sa carrière et son évolution sont incroyables. Il y a des artistes que j’aime beaucoup mais qui n’ont pas su traverser le temps. Lui a réussi.

Quelles sont les actus pour la rentrée ?
J’ai le clip de mon dernier morceau « Blanc de Blanc » qui vient de sortir. On a enchainé singles sur singles pour arriver, s’il plaît à Dieu, au projet final qui sera le premier album, avec pas mal de collaborations et belles surprises. Le covid a un peu chamboulé l’agenda mais ce n’était que reculer pour mieux sauter. Vous pouvez dores et déjà profiter des singles qui ont été clippés : « Je m’en fous », « Blanc de Blanc », « Mon Heure » et « À zéro ». Et me suivre sur mes réseaux pour avoir toutes les infos sur la sortie du projet final.

Si je te dis le mot « Roots », cela t’évoque quoi ?
Je pense à l’Afrique, le berceau de l’humanité ! Et je te donne une exclu, mon projet va s’appeler « Racines » (rires).