TITAÏ : “Impossible de quitter cette Terre sans avoir monté un projet musical impliquant Haïti.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Titaï, j’exerce comme Disc jockey, mais j’ai également la casquette de compositeur. J’ai la trentaine et suis originaire d’Haïti.

Parlez-nous un peu de votre parcours musical, comment vous êtes-vous retrouvé Dj ?
En fait, être disc-jockey a toujours été mon rêve, même si ce n’était pas encore vraiment quelque chose de réel. Et puis, dans le fond, ça a commencé comme de l’amusement avant de devenir quelque chose de sérieux. Il est vrai qu’au début, j’étais d’abord dans la danse par l’entremise d’un groupe, et c’est tout doucement que je me suis lancé en tant que Dj à travers le montage des bandes sons. C’est donc à partir de là que la mayonnaise a pris, je me suis lancé dans le domaine avec des petits concerts, des mix pour des évènements dans ma ville. Dans cette mouvance, j’ai commencé à devenir incontournable, surtout dans ma ville et c’est donc comme ça que j’ai pris la décision d’en faire un véritable métier jusqu’aujourd’hui.
Et il n’était pas question que je déçoive ma mère qui avait consenti pas mal de sacrifices pour moi. Aussi, vu que je n’étais pas de ceux qui voulaient recevoir des ordres d’un patron, il était « obligatoire » que je devienne un véritable Dj, d’en faire un métier et d’en vivre.

Quel est l’élément qui t’a fait décoller et devenir une référence ?
Le début ne fut pas une période très rose pour moi. Vers 2014, je me dis qu’il faut que j’arrête la musique car trop de mauvaises rencontres, de mésententes et d’histoires tordues. Je n’étais pas assez en mode business et, pour 100 euros, j’étais prêt à jouer. C’est à cette période où je mixais pour « que dalle » que les choses ont pris une autre tournure. 2014, 2015, 2016, je commence à mixer dans un club où le public me plébiscite et dans lequel je fais de très belles rencontres. J’ai gagné la confiance du patron du club et, très vite, il s’est assuré que mon nom figure sur tous les supports de communication liés à des shows. Mon nom et mon travail ont alors commencé à prendre de l’ampleur. Peu de temps après, je débarque sur Génération 88.2 et je me crée le carnet d’adresses qui va permettre à ma carrière de décoller, comme le rappeur Niska dont je deviens le DJ officiel. La suite vous la connaissez, Travis Scott, TayC, Shay…

Quelles ont été vos influences musicales ?
Au préalable, il faut savoir que je suis dans le rap et, parce que j’ai su faire une différence, j’ai puisé mes influences dans les Caraïbes. Cette culture caribéenne est ancrée en moi. Les musiciens caribéens ont une façon particulière de mixer et c’est de là que je tire mes influences musicales. Quels sont les 3 moments marquants de votre parcours ?
C’est difficile de répondre à une telle question parce que je suis une personne qui savoure les bons et les mauvais moments de la vie. En fait, les moments marquants ne sont pas forcément ceux que j’ai passés avec les artistes. Le premier moment important est en 2016 sur scène avec Travis Scott. Le deuxième moment, c’est lorsque j’ai mixé en Croatie pour le Fresh Island Festival, un souvenir incroyable. Enfin, je pourrais citer la deuxième partie de Sexion d’assaut, à l’Accor Arena avec près de 40000 personnes, un show hallucinant !

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait se lancer dans ce milieu mais qui imagine cela comme une sphère inatteignable ?
En fait, la première personne que tu dois motiver, c’est toi ! A l’époque, quand je commençais, ce n’était pas vraiment ça. Même quand j’en parlais à mes proches, personne ne me prenait réellement au sérieux. Il n’y a que la détermination qui paye. Mes parents – surtout ma mère – étaient plus portés sur le fait que je fasse des études et que je puisse trouver un emploi, ils ne voyaient pas d’un bon oeil le fait que je devienne Dj. Aujourd’hui, je ne dis pas que je roule sur de l’or, mais quand tu arrives à envoyer ta mère en vacances, tu te dis que tu as réussi et c’est là où se trouvent la satisfaction et la détermination.

Originaire d’Haïti, que cela représente-t-il pour vous ? Quels sont vos projets d’avenir ?
De prime abord, Haïti représente l’indépendance, ce pourquoi je me bats aujourd’hui. Ça représente aussi le combat et la détermination. Pour ce qui est des projets, je ne pourrais rien dire actuellement mais, à moyens termes, je pense qu’il serait impossible pour moi de quitter cette Terre sans avoir monté un projet musical impliquant Haïti.

Quelle est votre actualité ?
Actuellement, je suis sur Génération chaque dimanche à 21 heures pour un concept qui s’appelle « Social Radio » où je mixe des sons 100% Afro avec d’autres collègues Djs. Par ailleurs, j’ai monté ma structure où j’ai fait signer deux Djs, il y a un album en préparation qui arrivera certainement au courant de l’année 2023, des singles sont également prévus et le tout sera fait à la sauce Afro, avec un mélange de Pop à la française. Je serai moi-même à la production.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ?
L’authenticité, le fait d’être naturel, d’être soi-même.