14 femmes qui font l’industrie de la beauté afro en France

De vieux poncifs se sont inscrits dans l’imaginaire collectif de certains afro-descendants francophones : « les noirs ne sont pas solidaires », « les noirs n’entreprennent pas », « les noirs ne sont pas ci ou ça ». Vous l’aurez compris… Rien de très positif.
S’il y a bien un secteur d’activité qui a connu une recrudescence du nombre d’entrepreneurs, c’est celui de la beauté afro. Autour de ce vaste marché, un eldorado présumé et un tas de problématiques identitaires.
Professionnellement prédestinées ou non, des femmes d’audace se sont lancées à l’assaut de ce gigantesque gateau.
Lors d’un shoot que l’on estime – modestement – pas loin d’être historique, nous avons réunis 14 business women afro-caribéennes qui comptent dans l’industrie de la beauté noire en France, pour un moment de partage d’expériences. Elles ont osé et excellent aujourd’hui en ayant entrepris dans des domaines aussi larges et variés que : les produits capillaires, soins pour la peau, maquillage, extensions et tissages, instituts de beauté, sites marchands, etc.
Decryptage.

L’éclosion des nappys créent de nouveaux marchés

Le phénomène Nappy – comprenez par là “retour au naturel” – avec des it-girls telles que Solange Knowles, a propulsé la création de nombreuses start-up dans l’industrie du capillaire en France. Des évènements autour du cheveu afro se sont multipliés. On pense au Salon Boucle d’Ébène des soeurs Tacite, à la NHA (Natural Hair Academy), créée par l’agence de marketing ethnique AKA, aux Nappy Days et l’élection d’une Miss Nappy, à la journée Nappy de France et aux dizaines d’autres évènements annuels dédiés aux problématiques de nos têtes crépues et bouclées.
Les célébrités noires se sont montrées de plus en plus enclines à affirmer leur identité capillaire, les blogs sur le sujet ont explosé, des tutos de Youtubeuses envahissent la toile et jamais, dans l’histoire contemporaine, le cheveu crépu n’a paru tant à la mode.
C’est dans cet environnement, favorable et croissant, que des marques telles que les Secrets de Loly, NoireôNaturel ou Carolina B ont pu surfer sur la vague.

Derrière la success story des Secrets de Loly, une femme : Kelly Massol. Une passionnée du cheveu afro qui a fait son bout de chemin en développant une gamme de produits “faits maison”.
Une chevelure faite de boucles resplandissantes, Kelly est l’incarnation de sa marque.
La jeune trentenaire originaire de Martinique, fraîchement maman, mène une vie de chef d’entreprise tambour battant.
Spécialisée en cheveux capillaires bouclés, crépus ou frisés au naturel, depuis 2009, les Secrets de Loly est devenue l’une des marques “chouchou” des bloggeuses afropéennes.

“La vie est faite pour de nouveaux projets. Le marché des cosmétiques afro est exaltant et il faut que les entrepreneures afro-caribéennes s’approprient leur beauté.” lance-t-elle d’un sourire éclatant.

Fétia Van Hecke, gère sa marque NoireôNaturel depuis un cadre idyllique : Avignon la douce, où elle y élève ses 4 enfants. “1ère marque bio capillaire dédiée aux femmes noires, metissées et méditerrannéenes”, elle se positionne également sur le corps et, depuis peu, sur une nouvelle gamme enfant.

“ Ce qui nous distingue de la concurrence, c’est notre engagement depuis 7 ans pour une beauté naturelle et durable. En plus de nos convictions écologiques et de notre souhait de proposer des soins respectueux de l’environnement, nous militons également contre le blanchiment de la peau et contre le défrisage sur les enfants.
Nous avons à cœur d’établir une véritable transparence avec nos clients : nos produits font l’objet de tests dans un laboratoire avant leur mise sur le marché conformément à la réglementation européenne.
Enfin, nous tenons également à valoriser le patrimoine et la biodiversité afro-caribéenne dans le choix de nos actifs qui sont parfaitement adaptés aux besoins spécifiques des peaux noires et métissées.
Mais je pense que notre atout principal est de proposer un concept global, plus qu’une marque. Nos produits plaisent car en plus d’être de qualité, les textures et les parfums sont étudiés afin que le cosmétique retrouve sa place d’objet plaisir… Il y a une vraie recherche en laboratoire afin que notre cosmétique soit efficace et le plus agréable possible, le fait qu’il soit bio est un plus mais pas sa seule caractéristique. Notre synergie d’huiles a été primée et élue n°1 deux années consécutives 2013 et 2015 dans le guide des meilleurs cosmétiques !”

Un travail pointu effectué sur l’image, les packagings des produits sont une réussite totale, tant la gamme enfant qu’adulte ! Sans parler de sa rigueur dans la formulation, NoireONaturel est une valeur sûre qui s’impose comme référence chez les afropolitaines. “Ce fut très sympa de rencontrer toutes ces femmes, une belle énergie se dégage.” retirera-t-elle de cette rencontre; avant d’adresser, en guise de leitmotiv, une citation de Mark Twain à destination des futures femmes entrepreneures:

“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.

Paris Studio Photo Shooting

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Caroline Njiné, originaire de l’Ouest Cameroun, crée une alternative naturelle à l’entretien du cheveu frisé à crépu, avec une gamme complète pour la famille : Carolina B.
Un packaging frais et épuré avec des notes de rose pour les produits destinés aux enfants et de vert pour ceux visant les adultes. De nature bonne vivante et enjouée, cette ex-cadre supérieure s’est jetée dans l’aventure il y a maintenant 4 ans, avec une ligne directrice : proposer des produits naturels de qualité à prix compétitifs.
Jonglant entre les rdv avec le banquier, le déploiement de sa marque et toutes les tâches qui incombent à une chef d’entreprise, Caroline trace sa route avec un message limpide : “votre seule limite, c’est vous ! Allez de l’avant, car vous avez ce potentiel en vous.”

Les locks se démocratisent

Autre phénomène “cheveu naturel” qui a le vent en poupe : les locks. De plus en plus d’adeptes, “le tester c’est l’adopter”, à en croire les amoureux des dreads. Fini le cliché du rasta sous herbe, le locks est tendance, et s’adapte sans peine aux codes vestimentaires professionnels.

Parmi ce petit monde, Evelyne Guillaume a tiré son épingle du jeu et s’est imposée comme l’une des mains expertes des locks à Paris. 34 ans, originaire de la Caraïbe, la fondatrice d’Onatty veut révolutionner l’univers du locks qu’elle considère “comme un symbole d’unité”. Passionnée du cheveu naturel, le regard noisette malicieux, la belle locktisienne “adopte une démarche consciente” et considère que “l’univers du cheveu est infiniment extraordinaire car il permet d’écouter et comprendre, puis relooker et sublimer un être”. Son travail est de l’art, ses doigts sont de l’or. Eve façonne les locks de ses clientes ébahies tel une oeuvre d’artiste.

Après avoir ouvert son institut du locks O’natty Kreasyon à Paris (45 rue Télégraphe 75019 Paris) en 2012, elle créé depuis 2 ans un défilé annuel réunissant de jeunes créateurs de mode avec des mannequins tous locksés et coiffés par ses soins. Une manière de montrer que locks et mode peuvent cohabiter en toute sérénité.

L’eclosion du business sur le web

L’expansion des bloggeuses phares, des youtubeuses et des réseaux souciaux nous oriente vers une autre pépite : le business du web. Depuis 5 ans maintenant, de nombreux players sont entrés dans le game et une dizaine de sites se concurrencent le juteux marché des cosmétiques afro online.
Les marques offrent en quasi majorité des plateformes d’achat intégrées à leur site. S’ajoutant à cela les parapharmacies et concepts stores online, l’offre est pléthorique et la consommatrice a l’embarras du choix.

Ayant parfaitement assimilé les enjeux de cette nouvelle donne, Clarisse Libène va émerger step by step. Une serial entrepreneure trempée dans l’acier. Sûre d’elle, cette femme de charisme est la fondatrice du site e-commerce BelleEbene et aujourd’hui consultante auprès de groupes ciblant le marché de la cosmétique afro avec son agence : Cleva Consulting.
Mère, entrepreneure, l’aventure commence par la création d’un blog destiné aux femmes nappy. Elle y crée de la proximité avec ses lectrices, mêle astuces et conseils, et se fait rapidement un nom dans la blosphère afroparisienne.

“Lancez-vous tout simplement, ayez confiance en vous. Si l’entrepreunariat doit être la voix par laquelle vous allez être la femme que vous devez être, alors lancez-vous !” confie-t-elle lors du shooting.

Comme une suite logique, elle décline son site en e-commerce pour devenir l’un des poids lourds du net avec BelleEbene. Sa recette : mixer conseils beauté pointus et ciblés, avec un e-shop multimarques regorgeant notamment de nombreuses exclusivités américaines. La formule fait mouche et la jeune entrepreneure originaire du Sénégal prend de l’ampleur. Sur le même élan, elle lance en 2012, en collaboration avec l’agence Aka dirigée par Didier et Glwadys Mandin, la Natural Hair Academy.

Cet évènement devient le temple des nappys de France. Un gigansteque salon regroupant des dizaines de stands de marques de cosmétiques (la plupart destinée aux Nappy) ; une journée rythmée par des conférences et ateliers pour devenir une experte du cheveu naturel. Les visiteuses sont conquises et la NHA s’impose désormais comme une date incontournable dans le calendrier de toute nappy qui se respecte. Après quatre années à la tête de BelleEbene, Clarisse Libène cède le pas à une nouvelle aventure en développant une activité de consulting permettant à des acteurs de la cosmétiques souhaitant toucher des femmes noires et métissées de répondre à leurs problématiques.

Les players du web sont nombreux et la rookie de notre sélection compte bien s’y faire un place au soleil.
Lilayi Anifrani, 25 ans et fondatrice du site Lila Coton a un parcours atypique. Rien ne la prédestinait à pareille trajectoire, puisqu’elle est issue d’un cursus d’études de droit. C’est d’ailleurs durant sa vie estudiantine qu’elle entame sa précoce carrière d’entrepreneure.
En 2010, la jeune togolaise crée Lila Coton, un site marchand proposant des produits capillaires pour cheveux crépus, bouclés, ondulés ou défrisés adaptés aux exigences de la femme afrocaribéenne. Elle se différencie de la concurrence grâce à une offre prix très attractive et sa proximité avec la cliente. Souriante, dynamique et conscience, Lilayi prend son jeune âge pour une force et ne se fixe pas de limites : “ Allez au bout de ses rêves et voir grand ! ”. À moyen terme, elle aspire à l’ouverture de sa première boutique physique et à long terme l’établissement d’une chaîne de magasins spécialisés dans des pays francophones.

Paris Studio Photo Shooting

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De minis empires se sont bâtis sur le secteur des extensions et tissages

Aux antipodes de la niche dorée des cheveux naturels, le marché des ventes de mèches a lui aussi littéralement explosé ! Si les femmes afro-descentes sont statistiquement de grandes cosommatrices beauté, le poste extensions et tissages arrive bien souvent en pôle position. Un marché ultra concurrentiel qui a vu un nombre incalculables d’entrepreneurs et auto-entrepreneurs se lancer dans la bataille. Guerre de prix, guerre de qualité, l’offre est pléthorique car la demande est boulimique. Mèches brésiliennes, péruviennes, coréennes… Les déclinaisons marketing ne manquent pas et font fureur auprès de clientes aux exigences à géometrie variable. Car il existe de tout, du bas de gamme absolu avec des produits à la durée de vie eclaire au tissages premium avec un travail de finition et une qualité de cheveu de grande qualité.

De mini empires se sont bâtis sur ce secteur prolifique qui cependant, arrivera bientôt à saturation. Les gros players se sont installés et les moins tenaces ou sérieux ont decroché. Parmi les big fish du business des mèches : Dream Virgin Hair, la florissante marque d’Amandine.
Entrepreneure d’origine camerounaise, 30 ans, mère de famille, elle mène sa barque avec panache. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour s’en rendre compte : plus de 150 000 fans sur Facebook et environ 130 000 followers sur Instagram… Un plebiscite.
Amandine a elle aussi saisi la puissance des réseaux sociaux et l’oppportunité de vendre en ligne des extensions de qualité un peu partout dans le monde. Mais Dream Virgin Hair accueille également sa clientèle au sein de son salon de coiffure et espace de vente situé à Strasbourg Saint Denis, quartier historique du Paris noir. Niché au 7 rue René Boulanger, s’offre à nous un balai quasi ininterrompu de clientes, jeunes et branchées, dans ce spacieux salon ambiance sitcom américaine, à la décoration moderne teintée de rappels rose bonbon.

Elles créent leur marque et un espace beauté dédié

À 31 ans, Tatiana Bazin Samnick est bien décidée à se faire un nom dans l’univers du capillaire avec une stratégie multi-niveaux. Cette entrepreneuse franco-ivoirienne est aussi belle qu’ambitieuse et pourrait être l’égérie de sa propre marque. Mais quand on lui pose la question, elle préfèrerait plutôt Flora Coquerel (miss France 2014) si elle avait un choix illimité. Tatiana est la fondatrice de la marque Tatiana B, spécialisée dans les cosmétiques capillaires. Fondée en 2011, la première gamme développée se nomme Keracoco. Un système protéiné à base de phyto kératine qui a pour but de renforcer et restructurer le cheveu et le rendre plus malléable sans le dénaturer. La seconde gamme a été lancée cette année en 2016 : Be Ready, une gamme destinée aux cheveux fragilisés, abîmés ou cassants et qui a pour but de renforcer et faire gagner en longueur.
Munie d’un bac littéraire, elle était prédestinée à l’univers de la beauté avec une mère elle-même coiffeuse. Pendant ses 2 années de BTS esthétique cosmétique, option laboratoire, elle a passé son diplôme en coiffure et ouvre dans la foulée son 1er salon à Lyon : Ethnika, pendant 3 ans. Ses premières brasses dans le bain de l’entreprenariat. Elle devient ensuite responsable des salons Fariba B sur la région Rhône. S’apercevant rapidement d’un manque de diversité dans les produits destinés aux cheveux à texture métisse (ni lisses, ni crépus), elle contacte plusieurs laboratoires américains et travaille sur son projet capillaire qu’elle veut révolutionnaire : Keracoco, ni lissage brésilien, ni défrisant.

À l’aise avec les réseaux sociaux, elle dévoile à ses followers sa vie de “mumpreneur”. Épouse, mère et entrepreneur… Une problématique que partage finalement la majorité des femmes de notre panel. Et bien Tatiana Bazin s’en accomode et nous livre ses astuces :
“C’est très compliqué à gérer mais tout est une question d’organisation, de passion et de bon mode de garde de l’enfant. Tout est possible quand on veut y arriver, il ne doit juste pas y avoir de place pour l’imprevu. Pour ma part, mon enfant me booste. Et croyez-moi, on se sent réellement comblée lorsque l’on arrive à gérer les 3 !”

S’activant actuellement à l’ouverture d’un salon de coiffure dans Paris intramuros, elle souhaite se rapprocher toujours plus des clientes de Keracoco. Quand on lui demande où elle se voit dans les prochaines années, ses idées sont limpides et claires : que Keracoco se dévoloppe sur le marché africain – la première étape de cette implantation commencera d’ailleurs dès novembre 2016 en participant au salon Beauty Color Africa à Abidjan – et que la marque propose 6 gammes au lieu des 2 actuelles.
C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Diplômée en marketing et négociation, Rachel Banza met à profit son background universitaire pour très vite cristalliser son rêve: ouvrir un institut de beauté globale et cosmopolite.

Avec sa sœur Sabrina, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale à seulement 22 ans. Nous sommes en 2007, lorsque les frangines Bandundi inaugurent leur premier centre de beauté des quatre que détient la marque à ce jour. La petite success story de l’enseigne Elikya Beauty – qui signifie « Espoir » en lingala – ne fait que commencer pour ces business girls franco-congolaises.
Toujours dans un besoin de dépassement de soi Rachel crée la fondation Elikya qui œuvre à l’insertion professionnelle des femmes dans les pays en voie de développement. Sans oublier Elikya Solidaire, un service de beauté accessible aux femmes les plus démunies, souhaitant se « réconcilier avec leur image ».

Pour l’avenir, Rachel entend poursuivre son aventure à l’échelle internationale, notamment sur le continent africain, avec pour projet de développer des beauty stores Elikya Beauty sur tout le continent africain.
Jamais à court d’idées, la « Elik’Girls » comme elle aime se définir, fait sans cesse rimer beauté avec nouveauté. Un petit virage à 180° va ainsi s’opérer pour l’enseigne en ce début d’année 2016.
Ambassadrice du « selfmade », Rachel est aujourd’hui considérée comme l’une des femmes entrepreneures les plus dynamiques de la diaspora africaine.

Problématiques pigmentaires et maquillage adapté aux teintes noires à foncées

Les cheveux des afro-descendantes ont leur particularité propre, mais que dire alors des problématiques de peau et pigments. Rayon coquetterie, trouver un fond de teint qui colle à sa peau a longtemps été un parcours du combattant, les géants du make-up ayant mis un temps fou avant de réaliser que la couleur noire est multiple et que les produits proposés ne lui étaient pas adaptés. Certaines personnalités noires françaises de premier plan en furent d’ailleurs des exemples, car qui ne se rappelle pas des passages télés d’une ancienne secrétaire d’état : visage gris & cou noir, la faute sans doute à un maquillage inadéquat utilisé à son égard ? Ce temps est révolu. Désormais, une petite dizaine de marques se partagent ce marché, notamment True Colors Paris, le petit bijou de Fatou Sarr. Motivée par plusieurs années à la direction commerciale de Fashion Fair France puis en tant que consultante pour diverses marques et enseignes de cosmétiques, elle crée True Colors Parisen juin 2010, après un long travail de recherche sur les pigments et textures.

«L’univers de la beauté me passionne depuis toujours, le maquillage est pour moi un outil qui permet d’exprimer ses personnalités».

Des traits de visage grâcieux, typiques de certaines femmes d’Afrique de l’Ouest, Fatou est d’une élégance rare. Encore une qui reflète à merveille l’essence de son produit. Positionnée haut de gamme, la marque ouvre en fin 2014 sa première boutique physique en plein Strsbourg Saint Denis (46 rue du fbg Saint-Martin 75010 Paris) et le défi est de taille : proposer du luxe, accessible à toutes, et avec une certaine éthique. Autour d’un thé, dans un décor aux couleurs de True Colors : mauve et rosé, les clientes se font dorloter le temps d’un moment beauté, coupées du brouhaha ambiant. La veste palette de teintes proposées sied à la perfection à l’éventail des beautés afro et métissées et les utilisatrices sont conquises !

Paris Studio Photo Shooting

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Tania Li Maya née le 14 mars 1983 à Kinshasa (RDC) est arrivée en France âgée de 9 mois. Maquilleuse professionnelle, elle tient son entreprise depuis 7 ans “TANIA LI maquillage” spécialisée dans le maquillage professionnel qu’elle propose à toutes les femmes du monde. Depuis toute petite, elle a toujours su qu’elle travaillerait dans la beauté, une passion influencée par l‘ethnie de son père “MONGO”, qui a un sens inné pour la beauté, l’apparence et la perfection.

Titulaire d’un BP, CAP, BTS esthétique en plus d’une année en école de maquillage, déterminée plus que jamais à atteindre son but. Parallèlement à son cursus scolaire, elle maquillait déjà pour des clips, plateaux télé, etc. En cumulé, Tania LI en est à sa quinzième année d’expérience.

On reconnaît notamment sa signature par le résultat de son travail, elle y met tout son coeur. Elle se démarque de ses collègues du métier car elle ne suit pas les tendances, son inspiration est son premier outil de travail.
Aujourd’hui, Tania Li s’est fait un nom dans le milieu très fermé des maquilleuses de prestige. Elle officie auprès des grandes dames d’Afrique centrale : congolaises, camerounaises et gabonaises essentiellement et se rend régulièrement en décembre sur le continent (période des unions) pour sublimer les mariées.

Sa touche reconnaissable parmi mille, son professionalisme, sa bonne humeur contagieuse et sa plastique de rêve ont fait d’elle une figure incontournable de la beauté au sein de la diaspora.
Son projet sur le long terme est d’ouvrir une école d’esthétique à Kinshasa, sa ville natale.

Linda Ibara-Leckassy Nonault est la première cosmétologue à utiliser l’huile de noix de kolo, une noix issue du bassin du Congo, dans sa gamme de produits pour le visage, corps et cheveux et destinée à toute la famille. Cet ingrédient secret de beauté ancestrale est une exclusivité de Kibonit, une manière de magnifier les ressources naturelles du continent mère au service de notre bien-être. Créée en 2006, sa marque Kibonit Beauté s’est donnée pour mission de sublimer des femmes exigeantes et friandes de produits naturels et issus de l’agriculture biologique.

Après une carrière débutée dans l’informatique, Linda Ibara-Leckassy Nonault a souhaité approfondir sa connaissance des cosmétiques en suivant un BTS esthétique-cosmétique à l’école Juventhera Paris. Boulimique de travail et soucieuse de créer ses propres produits, elle est rapidement devenue cosmétologue. Il aura fallu une année de persévérance et de tests pour obtenir son homologation en France et commercialiser sa marque. En plus de l’huile de kolo, elle utilise également l’huile de noisette, l’huile de bourrache, celle de tilleul ou encore l’huile de macadamia.

Raffinée et charismatique, cette femme d’influence mène sa barque entre Paris et Brazzaville, avec une assurance certaine et c’est d’ailleurs ce qu’elle souhaite transmettre aux générations futures :

“La génération à venir devra faire attention à ses choix. L’entreprenariat demande beaucoup d’exigence et de patience ! J’ai 15 ans dans le metier, 10 ans de fabrication de ma marque, aujourd’hui nous sommes sur la place Vendôme et au Faubourg Saint-Honoré mais tout ne s’est pas fait en un jour.”
Lance-t-elle en guise de cloture.

Biolissime, c’est la belle histoire de Bintou Sissokho Camara. Cette française d’origine gambienne-guinéenne, âgée de 38 ans, a débuté son projet entrepreneurial en 2010 en créant une gamme de soin pour les peaux mates à métissées.

Très tôt elle beigne dans l’univers de la beauté, en tant que responsable de la boutique Arsène Valère où elle a suivi une formation complète sur la cosmétologie en général par leur laboratoire fabricant. Bintou s’émancipe quelques années plus tard en devenant son propre patron.

Distribuée en pharmacie, parapharmacie, concept store et e-commerce, la marque séduit rapidement les afropolitaines de France, notamment grâce à sa gamme naturelle concentrée en actifs antioxydants et antipollution « Synovea Hr, Algues Brune, Extrait feuilles de rosier » pour unifier la peau tout en la protégeant des agressions extérieures (soleil, la pollution, le vieillissement).

Sa clientèle cible est la femme de 20 à 40 ans, au teint mat à foncé, qui a une peau sensible, ayant des troubles pigmentaires. Un potentiel énorme aux vues des problématiques de tâches dont souffrent nombre de femmes afrocaribéennes. La machine Biolissime est en route et se trouve désormais présente – en plus de la France métropolitaine – en Guadeloupe, Martinique, Cote d’ivoire, Bénin, Burkina Faso et Gabon.

Chef d’entreprise afroptimiste, elle adresse un vibrant appel à la génération Roots :
« J’encourage toutes mes soeurs à créer leur entreprise, ne jamais perdre espoir et se battre pour réaliser leurs rêves ».

Judicaëlle Darboux, 39 ans et originaire du Congo Brazzaville est la fondatrice de Serenity Cosmetics (2011),
Serenity SPA ( 2013) et ma Passion Parfumerie (2000).

Fabriquée en France, la marque Serenity Cosmetics s’adresse aux femmes modernes qui tiennent à clarifier leur teint sans l’éclaircir et sans se décaper car « nous connaissons tous les méfaits de la dépigmentation ». La distribution, extrêmement sélective, s’effectue en France, au Congo, au Nigéria, en RDC et au Sénégal. Plébiscitée pour son efficacité sur l’éclat du teint, la marque décline 10 références corps et visage, pour tout type de peau. S’ajoute à cela des prestations de services haut de gamme dans les spas et la distribution des plus grandes marques de parfums et cosmétiques dans la parfumerie.

Diplômée de l’ISIPCA (Institut Supérieur International du Parfum, de la Cosmétique et l’Aromatique alimentaire), Judicaelle Darboux nous montre que l’entreprenariat n’a plus de frontières, dans un marché qui s’est globalisé et où l’Afrique reste l’un des derniers relais de croissance.

Vous avez eu un medlay non exhaustif de celles qui font l’industrie de la beauté afro en France. Nous en avons sélectionné 14 mais elles auraient pu être le double, voire le triple. Une génération de femmes de caractère, entrepreneures, afropolitaines, visionnaires : la génération ROOTS.

Par Michael Kamdem
Édition : ROOTS n°16