JOHANNA SANSANO : Du soleil dans l’assiette

“ Je peux tout aussi bien concocter un plat malaisien, russe ou mexicain. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Johanna Sansano, j’ai 33 ans, je suis métissée Guadeloupéenne par mon papa et Espagnole par ma maman. Je suis bloggeuse culinaire et vous pouvez retrouver mes recettes sur mon compte instagram
@johannasansano.

Nous te connaissions en tant que journaliste, télé notamment. Comment as-tu basculé dans l’univers culinaire ?
J’ai fait du journalisme pendant 8 ans et j’étais très épanouie. Mais trop souvent, quand je demandais aux gens comment ils avaient trouvé mes interviews, on me faisait des compliments sur mon physique. J’avais un problème de crédibilité intellectuelle. J’avais besoin d’une activité où on me dise que je méritais mes compétences et que mon intelligence soit mise au premier plan. J’ai donc changé de voie et suis devenue business developper pour une start-up. Je pensais y rester quelques mois et, finalement, cela fait 6 ans. Je me suis pleinement retrouvée dans ce nouveau job mais ma passion du journalisme, à savoir partager des choses avec le monde, m’a rattrapée. J’ai toujours aimé tester de nouvelles recettes et, pendant le confinement, je cuisinais énormément. Mon conjoint m’a alors suggéré de faire des lives de cuisine afin de partager ma passion. J’avais des milliers de personnes qui me suivaient, chaque jour, en train de cuisiner et je me suis dit que c’était l’occasion de lier mon métier d’image que j’aime à la cuisine.

Exotic Bowl

D’où vient cette passion de cuisiner ? Un héritage familial ?
J’ai grandi avec ma maman qui m’a comblée d’amour mais pas de bons petits plats (rires). Quand j’étais très jeune, vu que j’adorais manger, j’ai commencé à cuisiner. Au fur et à mesure, en grandissant, j’ai eu la chance de voyager et découvrir des gastronomies du monde entier, ce qui m’a totalement fascinée. Pour que vous compreniez bien, quand je me lève le matin, je pense à ce que je vais manger (rires). J’y pense tout le temps, la nourriture est une obsession (rires).

Quelles sont tes cuisines de prédilection ?
On commence toujours avec des plats qui nous rappellent l’enfance. Surtout lorsque vous vivez à Paris et avez grandi sur une île telle que la Guadeloupe. Mais je me suis très vite rapprochée de la cuisine asiatique, suite à de nombreux voyages sur ce continent. Les cuisines asiatiques sont très rapides à faire et ont beaucoup de goût et saveurs. Suite à quoi, je me suis dit : Pourquoi ne pas explorer le globe ? Et c’est ainsi que je suis devenue une spécialiste des cuisines du monde. Je peux tout aussi bien concocter un plat malaisien, russe ou mexicain.

Du coup, lorsque tu cuisines, tu restes sur les spécificités de chaque pays ou bien tu fusionnes différentes cultures dans un même plat ?
C’est une excellente question ! À la base, je voulais faire toutes les recettes du monde, mais il faut aussi que mes followers aient envie de les reproduire et soient en capacité de le faire. Le problème est que chaque pays a ses propres spécificités, ses propres épices, ses propres condiments… Du coup, certains m’écrivaient en me disant qu’ils aimeraient bien refaire mes recettes mais qu’ils ne peuvent pas acheter à chaque fois les ingrédients que j’utilisais. J’ai alors commencé à simplifier et « vulgariser » mes recettes afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Je vais donc proposer de la cuisine du monde, de la cuisine fusion et de la cuisine plus simple afin que quelqu’un qui travaille toute la journée n’ait pas à passer 2 heures dans les fourneaux en rentrant le soir.

Ton plat français préféré ?
La carbonate flamande. C’est un plat, mijoté avec du boeuf et de la bière, qui a un goût très original ! C’est ce que j’aime le plus dans la cuisine : les plats généreux, mijotés, où on se réunit en famille.

Cannelés

Ton plat caribéen préféré ?
Sans aucune hésitation, les dombrés crevettes !

Ton plat africain préféré ?
Le Kuku Paka, un curry de poulet kényan au lait de coco.

Les ingrédients incontournables dans tes recettes ?
La base des bases : Ail et oignon ! Quasiment toutes les cuisines du monde requièrent ces 2 ingrédients.

Des adresses incontournables pour tes courses ?
Ma passion est d’aller arpenter les rayons des Frères Tang,
à Paris. On pense que c’est asiatique mais, finalement, j’y retrouve tous les ingrédients et condiments dont j’ai besoin pour la cuisine caribéenne : piments végétariens, cives, de bonnes mangues… À part ça, j’aime me balader à Belleville. On y trouve une multitude de petites épiceries avec de très bons produits à prix intéressants.

Ouvrir ton restaurant, est-ce dans un coin de ta tête ?
Jamais ! Cela pourrait sembler être la suite logique mais pas du tout. Quand on est une passionnée de cuisine comme moi, que l’on veut uniquement les meilleurs produits, les plus frais, les plus authentiques, cela est difficilement conciliable avec les réalités économiques d’un restaurant. Il faudrait que je pratique des prix exorbitants pour être en accord avec mes principes et être rentable. Ce qui n’est pas ma démarche. Et puis, il y a des contraintes horaires qu’impose la vie de restaurateur et ce n’est pas non plus ce à quoi j’aspire.

Originaire de Guadeloupe, cela représente quoi ?
J’ai dû vivre à Paris pour reprendre la fierté de mon identité. J’ai toujours vécu en Guadeloupe donc je ne m’étais jamais posée ces questions. Pour moi, j’étais Guadeloupéenne et point barre. En m’installant à Paris, je pensais tout simplement arriver dans un autre département français. Mais on me ramenait sans cesse à mon identité en me demandant d’où je venais. C’est là que l’on commence à nourrir un nationalisme ou patriotisme guadeloupéen, bien plus que lorsqu’on y vit. Aujourd’hui, je sais qu’être Caribéenne nourrit mon identité et je la cultive davantage.

Si je te dis le mot “Roots”, que visualises-tu ?
Je vois des racines alimentaires (rires). Plus sérieusement, je pense que tant que l’on ne sait pas d’où l’on vient, il est difficile de savoir qui on est.
Ma racine, c’est la Guadeloupe.