LES CONFRÉRIES : Gardiennes du Sénégal

Une population homogène

Majoritairement musulmane, à 90%, l’implantation de la religion au Sénégal a unifié ses habitants à travers une dévotion puissante, autant dans les mœurs que dans les pratiques.

Il est impossible d’étudier les diverses confréries sénégalaises sans passer par l’apprentissage de la religion qui est le pilier de ces dernières.

De sa genèse à aujourd’hui, la place de l’Islam ne cesse de s’accroître dans le pays de la Teranga, prouvant une croyance religieuse quasi unanime (le Sénégal compte une très faible minorité de chrétiens, pour la plupart catholiques, évaluée à 5%).

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Apparition des confréries

Aucune rupture n’est envisageable entre la religion et la politique qui fonctionnent main dans la main. Bâties par cette croyance, les décisions politiques sont prises minutieusement et en accord avec les dogmes de celle-ci. Les confréries sont dirigées par un marabout, guide spi-rituel dont la figure est semblable à un accompagnateur. Très influent, il a la possibilité de conduire ses fidèles à voter pour un parti politique lors d’élections ou à se mobiliser. Aujourd’hui, l’émancipation des consciences et de la modernisation freinent peu à peu cette emprise, mais leur importance reste capitale.

Issus de l’Islam, de multiples rituels ont été créés, engen-drant de nombreux cultes sous différentes formes : ainsi naissent les confréries du Sénégal.

Comme la majorité des ordres religieux, les Mourides et les Tidjanes sont des courants du soufisme, sans doute ceux ayant le plus d’impact dans la collectivité sénégalaise.

Le tidjanisme

Le nom de la confrérie Tijâniyyah voit le jour en 1765. Il provient de son créateur lui-même : Ahmed Tidjani. Aujourd’hui, le tidjanisme est la confrérie la plus populaire de par son grand nombre d’adeptes et ses rituels faramineux.

Le gamou est un pèlerinage effectué par les tidjanes, chaque année, afin de commémorer la naissance du prohète Mahomet, au centre de Tivaouane, situé au Nord du Dakar.

Le mouridisme

Fondée par le marabout Cheikh Ahmadou Bamba au début du 20ème siècle, la confrérie des Mourides a un grand rôle au niveau politique et économique. Le disciple de la

Mouridiyyah a le devoir perpétuel de travailler sur son accroissement spirituel, l’objectif étant de se purifier continuellement pour atteindre la perfection. Cet accomplissement est l’œuvre d’une vie dont le quotidien est constamment en amélioration, aidé par le marabout, ce qui diffère des Tidjanes, légèrement plus indépendants car ils se basent intégralement sur le Coran, la Sunna ainsi que le wird tidjane (versets coraniques). Les muqqadams sont les dignitaires choisis par le Guide afin d’encadrer les nouveaux apprentis sur la recherche spirituelle à travers le Coran.

Un fervent mouride doit principalement améliorer son mode de vie et celui des autres, s’il en a le pouvoir. La générosité fait donc pleinement partie de ses principes et le travail relève d’une importance centrale. C’est d’ailleurs pour cela que le Mouride est très actif dans l’évolution du pays, que ce soit dans l’économie, le commerce ou les transports.

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Les autres confréries

Bien qu’elles soient plus discrètes, d’autres corporations, au nombre d’adeptes assez élevé, sont également présentes au Sénégal.

Historiquement, la première d’’entre elle est la confrérie de Xaadir (Qadiriyya). Originellement fondée par le mystique soufi Abd al Qadir al-Jilani au XIIe siècle, cette organisation panislamique a atteint le Sénégal au cours du XVIIIe siècle, largement diffusée dans le pays par Cheikh Saad Bouh.

Vêtus le plus souvent de blanc en signe de pureté, les Layènnes représentent la quatrième confrérie. Née à Yoff, surnommé le village des pêcheurs, elle a pour fondateur Seydina Limamou Laye qui enseigna un art de vivre harmonieux par la bonté. Considérant tous les individus comme égaux, il inculquait la paix face à la violence, préférant fuir plutôt que de riposter. Chez eux, la caste n’existe pas et tout le monde est placé au même rang. Leurs adorations très dynamiques les distinguent des autres communautés, ils chantent avant et après les prières et, contrairement aux autres confréries, durant les ablutions, ils se lavent jusqu’aux genoux et non jusqu’aux chevilles.

Ces divergences de rituels ne brisent aucunement l’harmonie des fidèles. L’Islam reste la racine de ce multiculturalisme et ces 4 grandes confréries soufies demeurent les gardiennes du temple de la stabilité sociale du pays.

Par Monica Belizaire

Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof