SERGIO THE CREATOR : Fondateur de DAÖMEY

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Sergio, créateur de la marque Daömey, 33 ans, originaire du Togo et du Bénin. De base, je suis graphiste, créateur d’identités visuelles et de concepts. Je suis un grand fan de la culture urbaine des années 90, de basketball et de l’univers manga. On retrouvera donc toutes ces influences dans mes différentes œuvres.

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Revenons sur la genèse de la marque…
J’ai créé la marque il y a maintenant 14 ans, depuis le collège. Je dois même avoir des croquis à la maison qui montrent mes premiers dessins, le logo Daömey qui était déjà imaginé avec les deux points sur le « Ö »… Officiellement, aux yeux de l’INPI, la marque a démarré en 2006, date à laquelle j’ai déposé le nom. À ce moment, il n’y avait pas encore eu la vague des réseaux sociaux et des influenceurs. J’ai créé un petit site internet sur lequel je mettais mes produits. Je fonctionnais à flux tendu et c’est donc à partir d’une vente que je confectionnais le produit. Il s’agissait au départ de t-shirts sur lesquels je mettais l’un de mes dessins et le concept a plu. J’avais également la chance de connaître pas mal de monde à Paris, notamment le rappeur Ol’Kainry qui est mon cousin. Il m’a beaucoup aidé à développer la marque et, évidemment, dans tous ses clips il portait du Daömey. Mes premiers clients ont donc été la fan base de Ol’Kainry. On partage le même univers, celui de l’amour du manga, de DBZ, etc. Par la suite, j’ai réussi à placer la marque en télé réalité. À l’époque, il s’agissait de personnalités émergentes comme Nabila sur Les Anges de la Télé Réalité. C’était le tout début des Anges, avec 1 million de téléspectateurs tous les soirs ! J’ai fonctionné pendant environ 10 ans comme cela, à coups de buzz bien sentis. Dès que j’ai eu les épaules assez solides, j’ai ouvert une première boutique rue Popincourt dans le 11ème (métro Voltaire) et, dans la foulée, j’en ai ouvert un second à Londres, car ma sœur venait de s’y installer. Elle m’a convaincue que toute cette hype que nous avions à Paris était au moins aussi importante à Londres et que les produits Daömey allaient cartonner sur place. Nous avons ouvert dans le quartier Shoreditch qui est un peu l’équivalent de Bastille, un quartier mi-bobo, mi-populaire, avec une très grosse culture streetwear. C’est « THE place to be » en termes de textile à Londres. Nous avons eu la chance d’établir un partenariat avec une radio londonienne qui est l’équivalent de SkyRock. Ils sont physiquement nos voisins, nos bureaux sont collés. Du coup, dès que les artistes londoniens passent faire leur «Planète Rap» local, ils passent forcément devant le Daömey Store. On a donc eu la visite de Kidd Ink, Stefflon Don et un tas d’autres personnalités UK. Enfin, à Paris, nous avons délocalisé la boutique de la rue Popincourt en plein cœur de Bastille (6 boulevard Richard Lenoir 75011 Paris). Depuis la sortie de l’album Diamond Rock de l’artiste Kalash, j’ai commencé à développer son branding et à vendre des produits dérivés sur le site Daömey. En mars 2020, j’ai ouvert le Daömey Tattoo au 30 rue Brochant dans le 17ème. C’est un concept store avec du textile, mais essentiellement des salles de tatouage avec cinq tatoueurs différents. Cet été, je vais aller à Las Vegas pour participer à l’Agenda Show : le plus grand salon streetwear au monde qui se déroule chaque année. Il réunit les plus grosses marques streetwear et font appel à 50 marques, en plus, qu’ils considèrent comme le futur du streetwear. Pour moi, c’était un gros rêve de participer à cette institution mondiale. C’est un peu comme si un chanteur ou un rappeur participait aux Grammy.

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Énormément de personnes rêvent de cette trajectoire : créer sa marque, avoir sa propre boutique et s’étendre à l’international. Qu’est-ce qui a fait votre force ?
Ma chance est que je suis graphiste et créateur. La plupart des mecs qui ont des marques ne sont pas les designers, ils sous-traitent. Cette sous-traitance leur fait perdre un temps fou, le temps que le graphiste comprenne ton idée, ce qui n’arrivera jamais dès le premier coup, il y aura 3, 4, 5 propositions jusqu’à arriver à la validation finale. Moi, je peux réaliser un produit en un quart d’heure car tout est dans ma tête et je suis en capacité de le réaliser dans l’immédiat. En termes de gain de temps et d’argent – car ton graphiste tu devras le payer – j’ai une réactivité totale. Je pense que c’est ma plus grande force.

Que représente le Dahomey pour vous ?
Depuis tout petit, je suis conscient de tout cela. Comme je te vous disais, dès la 6ème au collège, je voulais appeler ma marque Daömey et peu nombreux sont les jeunes de cet âge à connaître l’histoire de leur pays d’origine et le nom des anciens royaumes. J’ai une famille qui m’a baignée dans l’histoire de l’Afrique et du Dahomey, en particulier. Étant fan de marvels et de super héros, j’ai tout de suite accroché à cet univers de Dahomey et de royaume qui combat l’arrivée des colons. Je pense aux Amazones du Dahomey, notamment. J’ai donc gardé le nom Dahomey pour ma marque, en y retirant juste le H. D’ailleurs, étant également fan de culture asiatique, un « Dao » est un sabre chinois. J’ai donc mixé les deux univers et ainsi est né : Daömey.

Si vous aviez un message pour la diaspora du Dahomey ?
Force et persévérance. La jeunesse du bled bouge énormément, ils ont internet comme nous, se sapent comme nous, connaissent les même « drop » de sneakers comme nous. Je suis à fond pour l’entreprenariat, donc si j’avais un message : entreprenez au maximum les gars !

Édition Afrique de l’Ouest