ANNE DELAUNAY : Profession DOULA

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Anne Delaunay, je suis métissée d’un père qui vient de la Creuse (France) et d’une mère originaire de Lomé (Togo). J’ai 43 ans et j’ai élevé 4 enfants. Mon métier est Doula et je suis également coach en parentalité. Je suis dans le milieu de la petite enfance depuis très longtemps puisque je bossais en structure hospitalière avant de me mettre à mon compte.

Qu’est-ce que le métier de Doula ?
C’est une femme – même s’il y a quelques rares hommes – qui est au service de couples qui désirent devenir parents. L’accompagnement peut aller de la conception à l’accouchement jusqu’au post-partum. J’ai donc plusieurs expertises : je conseille les parents pendant toute l’aventure de la grossesse et de l’accouchement que ce soit à travers les volets alimentaires, physiologiques et/ou physiques. Je possède une expertise encore plus poussée en ce qui concerne les accouchements physiologiques, c’est-à-dire sans l’utilisation de médicaments ou d’instruments de type péridurale ou autres. Je donne des cours de préparation à l’accouchement, je vais faire des massages prénataux, des cours de préparation à l’allaitement, des cours de relaxation en milieu aquatique et, surtout, j’explique à la femme comment fonctionne son corps pour qu’elle puisse comprendre tout ce qui va se passer au moment de l’accouchement.

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Est-ce un métier issu de l’ancestralité africaine ?
Complètement ! Je vais parler de l’Afrique de l’Ouest qui est la région que je maîtrise, même si je sais qu’en Amérique Latine et en Asie ce genre de pratiques est également répandue car il y a très peu d’hôpitaux lorsqu’on arrive au niveau des villages. Traditionnellement, la femme Doula va s’occuper de la femme enceinte à travers les plantes, selon la pharmacopée à disposition dans le pays concerné. C’est une entraide pour préparer la femme à l’accouchement et que l’on pourrait comparer à un marathon. C’est une épreuve intense pour le corps. Là-bas, il n’y a pas énormément de métiers tels que les psychologues ou les ostéopathes. C’est un savoir qui est véritablement ancré et qui va se transmettre. La différence, et peut-être même la valeur ajoutée, est que je vais fournir toutes les explications à la femme que j’accompagne. Dans nos traditions, on peut avoir tendance à faire, sans pour autant expliquer le « pourquoi du comment ».

Comment as-tu intégré ce savoir-faire ?
Je ne savais pas que j’avais cela en moi. De part ma culture togolaise, j’ai vu de nombreux accouchements et comment cela se passe là-bas. Qu’il s’agisse de ma grande-sœur ou de mes tantes, ma mère nous emmenait voir l’heureuse nouvelle maman. Là, je la voyais faire des massages, faire des frictions, lui préparer des plats…
J’ai donc grandi en voyant cela, sans pour autant faire le lien avant il y a seulement 3-4 ans. Ma mère était donc un peu la femme sage qui allait voir les jeunes mamans avec son breuvage, son tissu et surtout ses mots. Elle parlait énormément, encourageait. On nous laissait toujours derrière une petite porte qui était entrouverte. Quand on est enfant, on est curieux donc on essaye d’écouter, de voir ce qui se dit et, finalement, ce sont des mots qui s’ancrent, qui restent et puis un jour tu te réveilles, tu fais le lien et tu te rends compte que c’était en toi.

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Vous accompagnez les mamans jusqu’à ce que l’enfant ait quel âge ?
Je peux aller jusqu’à l’âge de 6 ans. Lorsqu’ils ont entre 2 et 6 ans, notamment lors de l’arrivée d’un petit-frère ou petite-sœur, peut naître une période de la frustration. Et parfois, les parents n’ont pas les bons outils ou la bonne lecture de la situation de leur enfant. À noter aussi que j’accompagne aussi les couples qui sont en parcours PMA.

Comment faire appel à vos services ?
Via mon site www.anne-parentalite.fr ou en privé sur Instagram @anne_parentalite_doula. Je travaille uniquement sur l’Île-de-France. J’ai encore quelques patientes qui sont en Guadeloupe car j’y étais pendant le confinement et j’ai des réseaux qui se sont ouverts, mais le gros de ma clientèle est en région parisienne. Mon grand objectif pour l’été prochain sera de pouvoir exercer au Togo.

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Sentez-vous de la demande pour de la formation ?
C’est mon objectif. Beaucoup me sollicitent en inbox pour connaître mon parcours. En parallèle, je donne des cours pour les élèves qui passent le CAP Petite Enfance et j’entends comment les élèves pensent. Je trouve que le programme est hyper restreint et j’essaye d’ouvrir – un peu – avec mes connaissances mais c’est compliqué, car très normé. Donc, bien sûr, je pense qu’il y a un boulevard pour la formation au métier de Doula et je compte travailler dessus.

Originaire du Togo, cela représente quoi ?
Cela représente mon enfance, ma richesse, ma mère. Cela représente aussi la difficulté, il ne faut pas s’en cacher, mais aussi et surtout une grande fierté.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ?
Naturel.