KINOIS, itinéraire d’un artiste complet

Le Congolais est un innovateur, un perpétuel créateur. À partir de rien, on peut te sortir un rythme, un tempo, des gimmicks

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Kinois, j’ai 28 ans et je suis d’origine congolaise. Ma mère de Kinshasa et mon père de Lubumbashi. Je suis un artiste, chanteur, ambianceur et ma passion – qui est également mon métier – est coach sportif.

La musique, une histoire de famille ?
J’ai commencé vers 16-17 ans avec la danse. Je suis originaire d’Orléans et nous avons créé un groupe avec des amis. Nous étions 4 et avons eu le bonheur de faire des scènes un peu partout dans la France : Blois, Poitiers, Bordeaux, Paris… On s’appelait Les Merengue et on avait réussi à se faire un petit nom dans le milieu. Puis, je suis monté sur Paris et j’ai intégré l’équipe de Jessy Matador pendant deux ans. Ce groupe s’appelait Pentagone et ce fut une très belle expérience. Dès que l’aventure s’est terminée, j’avais un goût d’inachevé. J’aime cette relation avec la scène, l’envie de se surpasser devant un public. J’adore surprendre. Ma sœur et mon frère étant dans la musique, je me suis donc logiquement orienté vers la chanson. Je suis parti en studio une première fois, ça s’est mal passé. Une seconde fois, ça s’est encore mal passé. Je suis quelqu’un de très dur avec moi-même et je n’étais pas satisfait du rendu. J’avais encore une grosse marge de progression. J’étais perpétuellement insatisfait jusqu’au jour où j’ai atteint ce qui semblait me correspondre. J’ai évidemment été conseillé par mes « grands » qui m’ont encadré et drivé jusqu’à ce que je puisse sortir mon premier single qui s’appelait : « Irréprochable ». Vu mon parcours, la musique était une évidence !

Comment décrirais-tu ton univers musical ?
C’est une bonne question. Je n’aime pas trop qu’on me mette dans une case, mais si je devais choisir je dirais que j’aime beaucoup la pop urbaine. Pour autant, si demain on devait me proposer une prod’ avec des sonorités plus zouk, trap, rap, peu importe… Si ça me parle, je foncerai.

La rumba est le marqueur d’identité de la musique congolaise. Est-ce un créneau dans lequel tu te sentirais à l’aise ?
Ce n’est pas un créneau qui est le plus évident pour moi. Je peux y mettre un pied, mais il y a d’autres univers où je suis beaucoup plus dans mon élément. La rumba, c’est un milieu très difficile, avec de vrais poids lourds et des références sur le continent (Koffi, Fally, Ferré…), donc si un jour je dois sauter le pas, je n’irai que si je suis prêt à 100%.

La musique urbaine est aujourd’hui trustée en grande majorité par des artistes originaires du Congo : de Gims à Dadju, de Ninho à Niska, de Damso à Kalash Criminel et on pourrait en citer encore une trentaine. Penses-tu qu’il s’agisse d’un hasard ? Si non, comment expliquer cette hégémonie ?
Ce n’est absolument pas le fruit du hasard. Le Congolais est un innovateur, un perpétuel créateur. Ce sont des bosseurs et surtout, j’insiste, ce sont des gens qui créent. À partir de rien, on peut te sortir un rythme, un tempo, des gimmicks…

Que représente le Congo pour toi ?
Le Congo, c’est ma terre, mes racines. En toute transparence, je n’y suis pas encore allé. Mais je suis imprégné du pays. Comme tout jeune, je suivais sur Internet ce qui se passait au Congo, les chanteurs et danseurs qui cartonnaient… Au delà du fait d’être des ambianceurs ou des sapeurs, l’histoire du Congo est extrêmement riche et c’est une fierté indescriptible de faire partie de ce peuple.

Si tu avais une baguette magique, avec quels artistes francophones et anglophones fairais-tu un featuring ?
En francophone, je dirais Gims que j’aime beaucoup. C’est une fierté pour nous. En anglophone, j’en aime énormément mais je dirais Tory Lanez.

Quels sont les projets à court terme ?
Augmenter ma visibilité en faisant un maximum de projets, via des clips, des singles, des vidéos sur plusieurs plateforme. Je veux montrer mon talent, montrer que je suis présent. Aujourd’hui, il y a énormément d’artistes sur le marché, je veux tout faire pour sortir mon épingle du jeu pour que, avec le public, on puisse kiffer tous ensemble !

Quelle est ta force ? Ton avantage sur les autres ?
Le fait d’être Congolais (rires). Sinon, je dirais que je suis très créatif, j’innove en permanence mais, surtout, je me remets sans cesse en question pour progresser. Par exemple, mon deuxième single est une remise à zéro par rapport au premier. Je veux toujours surprendre et ne pas laisser mes auditeurs sur leurs acquis ou que l’on m’enferme dans une case. Soyez donc curieux, apprenez à me connaître et je ferai tout pour ne pas vous décevoir.

Si je te dis le mot “Roots”, tu me réponds ?
La terre.

Édition ROOTS spéciale Afrique Centrale