COCO MUPALA, place aux femmes

Très clairement, l’explosion d’Aya ouvre de nouvelles perspectives ! C’est rassurant de voir une femme noire française connaître un tel succès national, voire même planétaire !

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Coco Mupala, je suis chanteuse depuis très petite, j’ai 29 ans, j’habite dans le 94 et je suis originaire du Congo (RDC).

Revenons brièvement sur votre parcours musical…
Mes parents sont dans la musique et j’ai été bercée dedans, depuis toute petite. Mon père travaillait pour Papa Wemba et ma mère faisait partie d’un groupe de gospel avec une chanteuse Congolaise que l’on connaît tous : Mbilia Bel. Vers 5/6 ans, j’ai commencé à chantonner à la maison. À l’âge de 11 ans, j’ai participé à un concours de chant qui avait lieu dans ma ville. J’ai remporté ce concours, où participaient également des adultes, et cela a créé le déclic. Il y a eu une réelle prise de conscience de la part de mes parents qui se sont dits qu’il y avait un talent à pousser plus loin.

Quand avez-vous décidé de vous professionnaliser ?
Une cousine m’a inscrite à un concours à Londres, en 2015. Je n’étais pas au courant, j’arrive sur les lieux, je tombe sur la surprise et je me suis mise à chanter. J’ai été jusqu’en finale, alors que ce n’était ni mon pays d’origine, ni ma langue. J’ai eu une proposition de signature avec la chaîne BBC, mais comme j’étais encore dans mes études, j’ai préféré rentrer en France. J’ai alors eu une véritable prise de conscience, qui cette fois-ci venait de ma part. Et, en 2017, j’ai signé dans une maison de disque à Paris pour un premier projet. C’est ainsi que l’aventure est née.

Comment décririez-vous l’univers Coco Mupala ?
C’est de la pop afro. J’essaye de marier le côté culturel africain de mes origines avec la modernité des musiques actuelles. Lorsque je chante, je place des phrases en lingala que je mélange avec le français. Je tiens à garder cette identité congolaise dans mes titres.

Ces dernières années, les artistes congolais trustent les premières places dans la musique urbaine (Gims, Dadju, Damso, Niska, Ninho, Kalash Criminel, Naza, Keblack, etc). Que cela vous inspire-t-il ?
Ce n’est pas un hasard. On sait que la musique congolaise parle à énormément de monde. La base part de chez nous. Je trouve cela beau ce qui se passe en France. Auparavant, pour la jeunesse congolaise, nous n’avions pas de références musicales. Nos seules références étaient des « anciens » : Koffi, Papa Wemba, Werrason… À l’exception de Fally que l’on a vu grandir et évoluer.
Aujourd’hui, la jeunesse congolaise peut facilement s’identifier à une vingtaine de parcours à succès qui ont explosé sur les 5 dernières années.

Je vous offre une baguette magique. Avec quel artistes francophone et anglophone feriez-vous un featuring ?
Francophone : Damso, sans hésitation ! Déjà parce qu’il est Congolais, mais surtout parce que j’aime sa plume. Les textes sont travaillés, son image, ce qu’il dégage… Il est, selon moi, la relève du rap francophone. Anglophone : Jessie J car j’adore son timbre vocal, sans oublier Sam Smith !

Aya Nakamura fait figure d’OVNI tant la musique urbaine est composée d’une écrasante majorité d’artistes masculins. Peut-elle ouvre les vannes pour les autres chanteuses féminines, comme vous ?
Très clairement, l’explosion d’Aya ouvre de nouvelles perspectives ! C’est rassurant de voir une femme noire française connaître un tel succès national, voire même planétaire ! Ça faisait des années que ce n’était pas arrivé et ça peut permettre de changer certaines mentalités. Il y a eu des chanteuses métissées, mais voire une artiste noire d’origine africaine s’imposer de la sorte… Ça ne peut qu’inspirer de nombreuses jeunes femmes noires en manque d’identification, mais aussi permettre à d’autres artistes comme moi d’avoir plus de crédit aux yeux des professionnels du métier.

Quels sont vos projets artistiques ?
En 2019, j’ai sorti un premier projet, un EP à 8 titres.
En 2020, j’ai travaillé avec mon label BACKUP Music sur un premier album. On est en plein boulot avec le fameux beat
maker Dany Synthé, qui est d’ailleurs lui aussi Congolais. Et je garde dans un coin de ma tête le rêve d’un feat avec Damso. J’espère que 2021 sera l’année de la concrétisation.

Que représente le Congo pour vous ?
Je pense au génocide, à la ville Beni… Il se passe énormément de choses sur place qui ne sont pas assez médiatisées. Si, demain, j’en venais à remplir une salle au Congo, je reverserais les fonds à des associations pour aider les enfants orphelins et les femmes violées. C’est un combat que j’ai envie de mener. J’ai des messages à transmettre, comme sur mon titre « Africa ». Plus je grandis, plus je ressens ce lien fort avec le Congo. Je suis née à Paris, j’ai grandi à Paris, mais je veux réussir via la musique à atteindre mon peuple congolais.

Édition ROOTS spéciale Afrique Centrale