Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Esther Mpemba, 30 ans, je suis traiteur sous le nom de Locamak. J’ai repris l’activité familiale et je suis d’origine congolaise.
Pouvez-vous nous expliquer le début de l’aventure de cette entreprise familiale et comment vous vous êtes intégrée au projet ?
L’histoire commence il y a plus de 20 ans, avec ma mère qui a eu l’idée de faire un restaurant de cuisine congolaise, pour recevoir et partager un moment avec la communauté. Ce qu’elle savait faire, c’était préparer (la nourriture) et rassembler les gens ; elle s’est battue pour le faire. Le restaurant s’appelait Le Makusa à Villeneuve Saint Georges et, au fil du temps, il est devenu une référence. Makusa signifie “marmite’’, être ensemble autour de la marmite. J’ai grandi dedans. Je suis l’ainée de ma famille donc, je restais beaucoup avec la maman. À l’adolescence, je me suis fatiguée de tout ça et je suis partie. J’ai eu l’occasion de quitter Créteil pour Paris. Je suis rentrée à l’université, j’ai découvert les évènements, j’aimais déjà beaucoup l’évènementiel. C’était une nouvelle vie . Puis, je suis aussi allée au Canada, j’ai découvert le monde. Dans tout ce que je faisais, je me retrouvais soit à la coordination, soit à la cuisine. J’ai fui, mais ça me suivait. Pour moi, la cuisine était quelque chose de normal, ce n’était pas spécialement une compétence. Il y a quelques années, ma mère a eu un AVC, ça a été un déclic. Cela a été la plus grande frayeur de ma vie. Il fallait que je perpétue l’œuvre de ma mère. J’avais la possibilité de reprendre l’entreprise familiale, mes frères et sœurs étaient partants, on a vu qu’il y avait une demande en traiteur alors, on a repris ça en main et c’est bien reparti !
Le restaurant existe-t-il toujours ou bien a t-il basculé en service traiteur ?
Au début des années 2010, il y a eu de plus en plus de demandes auprès de ma mère sur le service traiteur. Les parents voulaient des mamans qui préparaient la nourriture. Quant aux jeunes qui se mariaient, ils ne voulaient plus que ça soit les mamans qui préparent, mais plutôt un service à « l’occidental ». Alors, on faisait le service traiteur, mais à part, ce n’était pas un grand service que nous avions développé, mais plutôt du bouche-à-oreille. Disons que c’était un « plus » que l’on pouvait proposer aux clients du restaurant. La demande a augmenté à ce niveau-là et, aujourd’hui, nous ne sommes plus un restaurant mais un service de traiteur évènementiel à 100%
Quel type de cuisine proposez-vous ?
On fait de la cuisine d’Afrique Centrale, c’est vraiment notre spécialité. Au départ, on était centré sur la cuisine congolaise, car son avantage est qu’elle passe partout. Progressivement, on a eu des demandes pour les mariages mixtes, donc on a dû s’ouvrir aux autres cuisines et on a créé des partenariats avec des traiteurs spécialisés. Bien que je sache faire la cuisine des autres pays, les partenariats avec les traiteurs spécialisés permettent de garder l’authenticité. Ils sont sélectionnés par rapport à nos critères : professionnalisme, savoir-faire, savoir-être. C’est cela qui nous a permis de nous ouvrir à d’autres pays et de ne pas seulement faire des mariages congolais.
Quel est le plan de développement de Locamak ?
Continuer de croître et répondre avec toujours plus de professionnalisme à la demande des clients. Actuellement, il y a une volonté de passer sur du service à l’assiette, une volonté de faire des choses plus spectaculaires, plus d’animations sur les vins d’honneur… On veut donner une autre image de la cuisine africaine dans les mariages et devenir une référence sur les mariages afro en France. Ce serait bien aussi de développer un service en province, car il y a beaucoup de demandes.
Des projets d’ouverture de restaurants à Paris ?
Pas spécialement (rires). Un restaurant fixe, non je ne pense pas. Parce qu’il faudrait presque que ce soit un concept store, épicerie fine, la totale. Et, quitte à le faire, autant que ce soit à Kinshasa.
Que représente le Congo pour vous ?
Le Congo représente énormément pour moi, bien que je n’aie pas eu l’occasion de beaucoup m’y rendre. Chaque fois que j’y vais, j’ai l’impression d’avoir grandi là-bas alors que je suis née en France. J’y suis tellement à l’aise, je sais que je suis sur mes terres. Aujourd’hui, je suis en France mais, j’irai au Congo et pas seulement pour finir mes jours. Dans le meilleur des cas, j’aimerais y aller une ou deux fois dans l’année afin de mieux maîtriser le terrain et y faire des projets à long terme.
Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
La famille !
Instagram : locamak_traiteur_afro
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