ALI’SUN TRAITEUR : Le soleil dans l’assiette

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Alison Manioc, je suis originaire de la Martinique et de la Guadeloupe. Je suis traiteur et cheffe à domicile, spécialisée dans la gastronomie antillaise.

Revenons sur votre parcours dans la gastronomie… 

Revenons sur votre parcours dans l’univers de la gastronomie…

C’est un long parcours ! Cela a commencé depuis toute jeune, depuis l’âge de 8-9 ans où je cuisinais avec ma grand-mère. Étant petite, j’ai également participé avec ma tante à l’organisation de soirées aux Antilles. J’étais principalement en cuisine parce que c’est ce qui m’intéressait. Je travaillais aux côtés de son traiteur et cela a duré jusqu’à l’âge de 14 ans. À la fin du collège, j’ai décidé de m’orienter vers l’hôtellerie-restauration. Je suis alors partie en Guadeloupe, à 15 ans, pour suivre une formation au lycée hôtelier car il n’y en avait pas en Martinique. Après l’obtention d’un baccalauréat technologique en hôtellerie-restauration, j’ai poursuivi avec un BTS Hôtellerie-restauration, arts culinaires et de la table. Une fois mes études en restauration terminées, je suis venue ici, en métropole, j’avais 21 ans. S’en est suivie une licence en management parce qu’il fallait quand même une petite formation managériale pour compléter mes aptitudes. J’ai préparé ce diplôme en alternance dans une grande enseigne de restauration type cafétaria. De là, ils m’ont gardé à la suite de ma licence. On peut dire que ça n’a rien à voir avec la cuisine puisque c’est une restauration plutôt basique, où c’est de l’assemblage, etc… Mais ce qui me plaisait, c’était le contact avec les clients, l’expérience de gestion, l’expérience commerciale… Ce que je n’avais pas encore, sachant que la cuisine est quelque chose que que je pratiquais et maitrisais déjà depuis petite. Je suis restée adjointe de direction pendant 7 ans. Pendant ce temps, j’ai eu mes 2 enfants, j’ai pu construire ma famille. Puis, il y a deux ans, j’ai eu ce déclic : “il faut que je me lance !”. Ça ne coûte rien de lancer une micro-entreprise aloi décidé de foncer, même avec peu de moyens. J’habite dans un quartier où il y a beaucoup de personnes qui travaillent sur des chantiers et où il n’y a quasiment aucun point de restauration, à proximité immédiate. J’ai commencé à distribuer des flyers pour proposer mes plats faits maison… Et les commandes ont explosé sans que je ne le vois venir (rires) !

Ouassous au lait de coco

Le déclic pour devenir traiteur et cheffe à domicile ?
Je me suis ensuite lancée sur les réseaux sociaux, en postant des photos de ce que j’avais déjà fait. Je connais pas mal de personnes, à Paris, en Guadeloupe, en Martinique, ceux avec qui j’ai fait classe sur les deux îles… Ils m’ont suivie et ont massivement partagé ce que je faisais. Très vite, je n’ai plus eu le temps de faire des petits plats pour les particuliers et les travailleurs du quartier. J’ai commencé à faire mon premier mariage en tant que traiteur et j’y ai pris goût. Je m’étais donnée 6-7 mois pour voir si mon projet d’entrepreneuriat était viable et cela dépassait mes espérances. De fil en aiguille, j’enchaînais les prestations “traiteur”, mais je me suis dit qu’il fallait quand même trouver autre chose à côté. Le traiteur ne nourrit pas toute l’année, alors pourquoi ne pas faire cheffe à domicile ?
Je me suis inscrite sur le site “Anotherchef.com”. À la fin de l’année 2019, la gérante de la plateforme m’a annoncé que j’étais la cheffe ayant réalisé le plus de prestations sur l’année !
J’en avais au moins 2 par mois, avant la fin de l’année ça n’arrêtait pas ! Pour la prestation de cheffe à domicile, il s’agit bien souvent d’une clientèle parisienne issue d’une certaine classe sociale. Des dîners privés entre amis, des réceptions de 10-15, voire 20 personnes, autour d’une cuisine traditionnelle antillaise.

Qu’est-ce qui fait la touche Ali’Sun Traiteur ?
J’utilise les meilleurs ingrédients. Même pour un simple Colombo de poulet, je vais choisir des produits frais, peut-être un poulet fermier, je vais faire venir le massalé de Guadeloupe, directement fait par les Indiens, là-bas… Mes clients ont l’impression, l’espace d’une soirée, de se retrouver aux Antilles.
Par la suite, j’espère évoluer vers d’autres cuisines et fusionner, par exemple, la gastronomie antillaise à la gastronomie africaine. En ce qui concerne les prestations “traiteur”, je fais du sur-mesure, surtout pour les mariages. De nos jours, il y a beaucoup de mariages mixtes, j’essaye donc de toucher à toutes les cuisines du monde.

Colombo de poulet fermier

Quel est votre plat antillais préféré ?
Mon plat préféré est la fricassée de lambis. Sinon, le court-bouillon de poissons… avec du poisson frais et du bon lambi !

Quelle est votre plus belle expérience client ?
J’ai fait un mariage pour 180 personnes, qui s’est avéré être très compliqué. C’était d’ailleurs mon premier “gros” mariage. Il a demandé beaucoup de préparations, j’étais toute seule et, le jour-même, je me suis entourée d’une équipe. La logistique était fastidieuse, le mariage avait lieu en Normandie et j’ai pensé ne jamais y arriver. En pleine préparation, tout a pété, il n’y avait plus de gaz, ni d’électricité parce que tout était relié. Lorsque j’ai vu des étincelles, je pensais que c’était la fin et que le fiasco serait total. Finalement, un technicien est venu me rassurer et tout s’est bien passé. À la fin de ce mariage, la personne qui animait le mariage m’a appelé devant tout le monde, je n’étais pas préparée et les invités se sont levés et m’ont chaudement applaudi… Je ne m’y attendais absolument pas et ce fut un réel plaisir. Les gens ont bien mange, j’ai reçu de nombreux messages ou commentaires de félicitations et ça ne peut que vous motiver !

Que représente-t-il pour vous ?
La Karayib est très vaste et beaucoup de cultures se mélangent. Cette diversité se retrouve dans notre gastronomie, notamment, et il est important de la faire connaître. Les gens l’apprécient énormément parce qu’elle est riche en couleurs, en épices… Mon objectif premier est donc de faire connaître cette cuisine traditionnelle au plus grand nombre.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora caribéenne…
Parlez de vos îles, d’où vous venez, dites-le ! N’ayez pas honte de vous affirmer Martiniquais ou Guadeloupéens !

Si je vous dis le mot “Roots”, cela vous évoque quoi ?

L’Afrique. Je n’y suis pas encore allée mais j’en meurs d’envie ! Je pense au Sénégal, à l’île de Gorée… On connait les petites chamailleries entre Antillais et Africains, mais cela reste nos racines !