BALUBA : Un peuple au centre du Congo

Parmi les quelques 250 ethnies qui composent la population de République Démocratique du Congo, s’en trouve une qui regroupe 20 à 25% de la société congolaise : les Baluba.

Les Baluba ou Luba sont issus du brassage à partir du XXème siècle entre le peuple de l’ancien empire luba et peuples externes. Cet empire s’étendait sur le sud du Congo et regroupait, dans le temps, les régions actuelles de Katanga, des Kasaï occidental et oriental et du Sud-Kivu. Il a été le fruit d’une campagne de conquêtes entreprise au XVIème siècle par Nkongolo Mwamba, chef guerrier impitoyable, qui, avec l’aide d’un autre chef Ilunga Mbidi, parvint à conquérir de plus en plus de territoires. La rivalité entre les deux hommes causera la perte de Nkongolo et l’avènement au pouvoir de Kalala Ilunga, fils d’Ilunga Mbidi, qui reste, à ce jour, le dernier chef suprême luba reconnu à l’unanimité par la communauté baluba.

L’arrivée des Européens sur le territoire congolais et l’installation d’une administration imposée par le roi des Belges Léopold II, constituent le point de départ de la dislocation de l’empire luba. Avec leur territoire lourdement délaissé par les autorités belges, les populations luba sont poussées à l’exode vers d’autres contrées où elles se mêlent aux peuples déjà sur place. De cette mixité découle la richesse des dialectes parlés par les Baluba, parmi lesquels le kiluba, le kisongue ou le tshilibu; deux groupes baluba parlant le même pouvant présenter des différences de prononciation des mots.

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Néanmoins, la perpétuation des coutumes baluba a permis la permanence et la solidité de ce groupe qui, s’il n’a plus de territoire affilié comme des siècles auparavant, maintient son histoire et sa tradition transmises par voie orale. Les valeurs baluba enseignées de génération en génération reposent sur l’importance de la famille, de la communauté, du clan, le diku. Au sein du diku, il y a un hiérarchie très stricte, une compartimentation du clan entre les enfants, les parents, les grands parents etc … Chaque compartiment inférieur doit un respect total au compartiment supérieur, la femme est mise en valeur comme la voix racontant les exploits des ancêtres baluba, l’enfant est présenté comme l’avenir de la communauté, celui qui apportera la prospérité au village et aura comme devoir de soutenir les anciens. Hiérarchie n’est cependant pas synonyme de tyrannie : les chefs des dikus se doivent d’écouter les autres Baluba du clan, le dialogue est au cœur de la communauté baluba puisque chaque question de famille doit, en principe, faire l’objet d’une discussion ouverte entre tous les membres du foyer.

En ce qui concerne la religion, les Baluba pratiquent le culte des ancêtres et croient en un Dieu unique, suprême, ce monothéisme a d’autant plus imprégné la culture baluba avec l’arrivée des évangélistes belges à partir des années 1890.

De nos jours, ces coutumes et tant d’autres pratiquées par les Baluba continuent d’être véhiculées, résistant au temps et au métissage de la communauté baluba. Même si l’arrivée des belges a entériné la fragmentation des Baluva , une solidarité persiste entre eux notamment par le sentiment d’être apparentés à ces mêmes héros mythiques que sont Nkongolo et Ilunga père et fils.

Par Yememca

Édition : ROOTS n°14

 

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