KELINA : L’association de Flora Coquerel

Contrôle d’identité, sil vous plait ?

Flora Coquerel, 21 ans, miss France 2014 et actuellement étudiante en commerce international. Je travaille toujours pour Miss France en faisant quelques représentations, bien que mon mandat soit passé, car on reste Miss France à vie (rires). J’ai signé dans une agence de mannequinat et je m’occupe également d’une association : KELINA, créée l’an dernier.

Quelle est la genèse de KELINA ?

C’est une association que je pilote avec mes parents, un véritable projet familial. Cette histoire commence depuis 88 puisque mon père a rencontré ma mère via des actions humanitaires, ils ont vécu ensemble au Bénin, avant de rentrer s’installer en France. De France, ils ont continué leurs actions humanitaires. Je donc baigné dedans étant toute petite, et durant mon année de Miss France était le moyen de briller plus fort.

Quelle est la mission de KELINA ?

Nous jouons sur les problématiques d’éducation et de santé. Nous avions auparavant effectué – avec les associations de mes parents – des écoles, des forages, une bibliothèque et avons parrainé jusqu’à 112 enfants ! Que je suis retournée au Bénin l’an passé, j’ai constaté qu’il y avait un vrai manque au niveau sanitaire. Nous ciblons pour l’intention la zone nord du Bénin. Dans le sud, se trouve la capitale, la zone est donc plus développée, alors que l’on déplore un vrai manque d’infrastructures de santé. Les femmes accouchent dans des dispensaires qui ne sont pas suffisamment équipés pour subvenir à toutes les nécessités, en cas d’urgences. Ainsi, nous nous sommes mis en tête de construire une maternité dans cette partie du Bénin. Il s’agira d’un projet global d’accompagnement, puisque le chantier sera construit par les habitants locaux.

Miss France au Benin

Quel est le budget estimé pour un tel projet ?

Nous nous sommes faits un peu submergé par l’engouement autour de ce projet. Nous étions au départ parti sur une base de 100.000 euros. Je voulais quelque chose de petit mais de très propre et bien équipé. Nous avons par la suite fait la rencontre d’un producteur et de personnes influentes dans la médecine qui nous ont incité à pousser le projet plus loin, car nous tenions là quelque chose de très positif pour aider la population sur le long terme. Nous sommes désormais sur un budget global estimé autour du million d’euros ! Le million d’euros ne va plus seulement concerner la maternité. Ce sera un début. Nous allons l’étendre à un centre de santé avec un bloc opératoire, petit à petit cela va se construire. Ce sera également un lieu d’apprentissage où nous comptons sensibiliser sur les maladies sexuellement transmises et moyens de contraception, notamment. C’est un projet ambitieux que nous comptons réaliser grâce à l’appui de nos différents contacts et de toutes les aides ou expertises qui souhaiteraient se joindre à nous, notamment dans le domaine de la médecine.

Quelle échéance ?

Pour la maternité finie, nous nous fixons une deadline à 3 ans.

Ton calendrier d’actions prévisionnel pour ces trois ans ?

Nous souhaitons réaliser beaucoup d’évènements, des concerts, galas de levée de fonds, en essayant au maximum d’utiliser les contacts de cette année de France.

N’est-ce pas paradoxal qu’une Miss France ait une association à direction de l’Afrique et non de la France ?

C’est vrai que j’ai été pointé du doigt lors de mon élection, parce que je suis métisse, d’origine béninoise de par ma maman. Même si j’ai ma propre structure KELINA, je collabore également avec d’autres associations en France. J’ai d’ailleurs participé à un très grand projet autour de la problématique des maltraitances faites aux femmes. J’aide tant que je peux en France, mais il me paraissait important de prolonger le travail de mes parents au Bénin, j’y ai encore énormément de familles et c’est une démarche qui me tenait à coeur.

Devenir Miss France… En quoi cela change une vie ?

Ca change tout, d’autant plus que je ne m’y attendais pas ! Ce n’était pas un rêve de petite fille et c’est arrivé par pur hasard. La pré sélection avait lieu près de chez moi. J’y suis allé et ça a fonctionné ! Au début, cela fait peur car on se demande ce qu’il se passe. Ayant gagné l’élection régionale, j’étais donc obligée d’aller à Miss France, sans penser une seconde remporter le titre. Je n’étais pas parmi les miss les plus mises en avant, comme pouvait l’être Miss Tahiti ou Miss Provence, par exemple. Après la surprise de la victoire, ce fut à la fois de la joie et de la peur car tout est chamboulé. La Miss doit être disponible 6 jours sur 7 pendant une année. J’ai eu la chance d’énormément voyager avec une quinzaine de séjours à l’étranger. C’était fantastique mais j’ai dû mettre de côté une année de BTS pour cela.

Je t’offre une baguette magique, où te vois-tu dans 5 ans ?

En train de faire le tour du monde. Mon année m’a donné le goût du voyage, j’ai au total fait 2 fois et demi le tour de la Terre.

Si je te dis le mot « ROOTS »

Les racines… Toute cette culture franco-africaine que je porte en moi et c’est un honneur de faire la couverture de ce numéro ! C’est un magazine qui montre cette belle Afrique d’aujourd’hui. Certains m’ont critiqué pour mon métissage, mais c’est une force et j’en suis fière !

Édition : ROOTS n°14