YOUSSOUF MULUMBU : Le poids du brassard

Contrôle d’identié, s’il vous plaît ?
Youssouf Mulumbu, né le 25 janvier 1987 à Bumbu, une commune de Kinshasa. Je suis un footballeur international congolais, évoluant au poste de milieu de terrain et formé au Paris-Saint-Germain.

Vous avez commencé par l’équipe de France espoir, puis poursuivi en A avec la RDC. Vous n’avez jamais eu de regrets ou ce choix, au contraire, est-il une fierté ?
J’ai commencé avec l’équipe de France lorsque j’étais au Paris-Saint-Germain, mais dans le même temps je suivais le Congo. Je me souviens de cette CAN 98, notamment le fameux retour du Congo contre le Burkina Faso. Menés 3-0, on revient à 4-4 et gagne aux tirs aux buts. J’ai toujours rêvé d’une équipe du Congo de « rêve », qui pourrait défier les meilleures nations du monde et ce fut donc un choix venant du cœur que de rejoindre la sélection. Donc oui, beaucoup de fierté !

Vous avez porté le brassard de l’équipe nationale. Que cela représente-t-il ? Quel est le poids de ce brassard ?
À dire vrai, je ne le sentais pas avant d’avoir pu porter le brassard de capitaine. Il y a une responsabilité énorme et je pense que pour certains joueurs, plus que d’autres, le public Congolais est vraiment exigeant. Souvent, lorsqu’il y a un mauvais résultat, on se tourne vers le coach, mais aussi vers le capitaine. Par contre, quand on gagne, on est accueilli comme il se doit !

« Fimbu », peut-on revenir sur ce délire qui est devenu mythique durant la CAN ? Comment cela est-il apparu ?
« Fimbu » (rires), c’est une danse du grand chanteur Félix Wazekwa qui signifie « chicotte ». En d’autres termes, une correction. C’est une danse que Jonathan Bolingi et Chancel Mbemba dansaient beaucoup dans les chambres et couloirs. C’est devenu rapidement la célébration d’une équipe, puis tout un continent, c’était amusant. Mais je tiens quand même à préciser que ce n’était pas pour chambrer l’adversaire, mais juste une expression de joie.

fimbu

Vous êtes un titi Parisien, formé au PSG, regardez-vous d’un œil attentif l’actualité de Neymar & co ?
Le PSG a été ma maison, c’est là que j’ai tout appris. Issu de la banlieue parisienne, vous devez vous douter de l’importance et l’honneur de réussir dans un club comme le PSG. À l’époque, il y avait déjà de très bons joueurs comme Rozehnal, Pauleta,Yepes ou encore Kalou. Maintenant, voir Cavani, Daniel Alves et Neymar… L’évolution est énorme et on ne peut que se réjouir de la réussite ! On attend la Ligue des Champions avec impatience.

Que représente le Congo pour vous, dans votre quotidien, dans la personne que vous êtes devenue ?
Pour être honnête, je suis chauvin et, à mes yeux, tout ce qui relève du Congo est bon et bien. Je suis un grand nationaliste, ce que j’ai vu et vécu là-bas est extraordinaire. J’y ai rencontré des personnes simples, mais aussi accueillantes, qui ne possèdent pas forcément de richesses financières mais prêtes à tout vous donner. Quelque part, je suis redevable envers ma famille et mon peuple. Je me dis souvent que j’ai eu une chance inouïe de faire de ma passion un métier. Je sais que, dans le futur, je jouerai un grand rôle dans mon pays. Je ne pourrais pas vous dire quel rôle mais je ferai de mon mieux pour aider ce pays avec tant de richesses et de talents.

Si un étranger découvrait pour la première fois Kinshasa, quels endroits lui conseilleriez-vous pour se distraire ?
Si on me demandait un endroit, je proposerais sûrement de voir le fleuve Congo, entre 2 pays frères, séparant les deux capitales les plus proches du monde. Mais, la vraie richesse du Congo, ce sont les personnes qui y vivent. Je conseillerais donc de marcher en ville, aller à des concerts de rue, assister à des rencontres sportives, discuter avec le peuple… Tout simplement.

Un message pour la jeunesse congolaise qui va vous lire ?
Le message que j’aime souvent donner est de poursuivre ses rêves et ne pas spécialement penser qu’il n’y a que les métiers de footballeur ou chanteur dans la vie. Certes, ce sont des métiers attrayants, mais on est à un tournant pour notre pays et tous les atouts positifs et valeurs ajoutées doivent intervenir pour son éclosion !

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Directement, le Congo, avec mes ancêtres les Bantous. Le premier jour où je suis revenu au Congo, après 19 ans, j’ai senti immédiatement que c’était chez moi (mabele). Aujourd’hui, lorsqu’on regarde cette nouvelle génération (Fally Ipupa, Maître Gim’s, Lukaku, dr Mukwege… ), on s’aperçoit que le Congo a une empreinte sur notre époque. Voilà pourquoi je suis confiant pour le futur.

Édition ROOTS n°20 Spécial Kongo

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