LES JUIFS D’AFRIQUE

A la différence des Falashas d’Ethiopie (Roots n°) , ces communautés, parsemées à travers le continent africain, qui pratiquent des rituels hébraïques comme la prière avec un châle blanc, la circoncision ou le shabbat, n’ont pas leur judaïté reconnue par l’Etat d’Israël. De ce fait, le bénéfice de la loi juive de retour en Israël (aliyah) leur est interdit. Pourtant, ces peuples, comme les Abayudayas en Ouganda ou les Lembas en Afrique du Sud au Zimbabwe persistent à clamer leurs origines sémites.

Il a été historiquement prouvé que 10 000 esclaves juifs avaient été envoyés en Afrique au IIIème siècle. Cependant, ce sont les allusions à des références bibliques qui l’emportent pour expliquer l’actuelle présence de Juifs en Afrique ou tout du moins de tribus ayant des pratiques extrêmement similaires à celles du judaïsme. Selon la tradition orale, les premières traces juives en Afrique remonteraient aux temps des dix tribus perdues d’Israël comme l’affirment les juifs ibos. En effet, ces derniers expliquent leur existence et celle de leurs coutumes à la fuite de trois tribus d’Israël (Gad, Zabulon et Manassé) du royaume de Salomon après la destruction du deuxième temple. Entre le mythe et l’histoire, on rapporterait l’avènement du judaïsme en Afrique à la reine de Saba et à son fils roi Ménélik Ier (fruit de l’union de Makeda avec le roi Salomon) qui aurait ramené dans son royaume l’Arche de l’alliance.

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Au Cap vert, ils sont plusieurs milliers à suivre le cacherout : ce sont les descendants des juifs espagnols et portugais qui fuirent l’Inquisition au XVIème siècle et se réfugièrent sur cet île du large de l’Atlantique que les Portugais s’étaient appropriés dans les années 1460.

Si certaines communautés se sont pliées à une conversion officielle comme en 2001 les Abayudayas (buyadas signifie juifs en luganda), confrérie créée à l’initiative de Semeï Lwakilenzi Kakungulu qui regroupa près de 2000 adeptes durant un temps (nombre retombé à 300 depuis la mort du leader charismatique), d’autres crient à l’injustice. Pour ces dernières telles que les 30 000 Ibos juifs, il serait dégradant d’accepter la contrainte des instances religieuses juives qui leur demandent de se convertir formellement et remettent, dès lors, en cause leurs racines ancrées, pour ces tribus, en Israël. Leurs revendications ont été d’autant plus fortes récemment qu’elles contrastent avec la reconnaissance officielle du judaïsme des Falashas (dont la reconnaissance officielle n’est pas sine qua none de bons traitements en Terre sainte).

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A l’image de Solomon Guwazah, chef du groupe Rusape au Zimbabwe, les voix continueront de s’élever pour clamer que «  la plupart des descendants Noirs africains sont en fait d’anciens hébreux et que la plupart des Noirs sont les descendants des douze tribus d’Israël. », que les descendants de Moise sont autant présents à Tel Aviv, qu’à Tombouctou ou Sefwi (Ghana).

Manquerait plus que davantage de preuves archéologiques et historiques pour que les mythes deviennent l’Histoire, que le statut des Falashas soit étendu à ces peuples, que la communauté d’ascendance hébraïque s’agrandisse et que la discrimination à l’encontre des peuples métissés juifs s’estompe.

Édition : ROOTS n°13