NADEEN MATEKI : La fabuleuse hair designer

Contrôle d’identié, s’il vous plaît ?
Nadeen Mateky, née à Brazzaville. Je suis maquilleuse, coiffeuse et hair designer.

Comment décrirais-tu ton travail, est-ce de la coiffure, de l’art ou les deux ?
Cela commence par de la coiffure et se termine en art car, de toute manière, qui dit coiffure dit art. Pour être dans la coiffure, il faut déjà avoir ce sens artistique des courbes, des designs… Pour moi, c’est un art à part entière.

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Comment t’est venu ce savoir-faire ?
C’est un savoir-faire qui est inné. Je coiffe depuis toute petite, depuis l’âge de 8 ans. Ma coiffure est une transmission, elle m’a été donnée par ma grand-mère. C’était une femme coquette qui savait prendre soin d’elle et de ses cheveux. À l’époque, les femmes portaient leur cheveux naturels, ne se négligeaient pas, avaient toujours de belles tenues et étaient vêtues de leurs plus chics parures pour aller faire la fête. Ma grand-mère était une artiste, elle faisait partie d’un groupe de musiciens dans lequel elle chantait avec mon grand-père. Le groupe s’appelait « Lubakusu » qui veut dire « l’entraide » en français. J’ai appris à tresser grâce à elle. Au lieu d’aller jouer avec mes cousines, elle me disait « viens t’asseoir me coiffer », ce qui nous a permis de faciliter le dialogue entre nous. Je suis partie de Brazzaville à 4 ans, suis revenue à l’âge de 8 ans et je ne parlais pas un mot de ma langue natale.
La coiffure a été un moyen de communication pour échanger avec ma grand-mère, elle m’enseignait ses techniques et je lui apprenais le français.

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Ton plus beau souvenir sur un show en Afrique ?
C’est difficile de choisir ! Jai fait un show récemment en
Afrique, à Abidjan, pour le Nzassa Mode. Autrement, j’ai fait beaucoup de défilés. Mon premier gros défilé personnel était en 2012 à La Bellevilloise. J’ai déjà assisté au Fespam à Brazzaville, mais j’étais juste coiffeuse pour les modèles.
Mais, à bien y réfléchir, mon plus beau souvenir est le show que j’ai réalisé au mois de mars à Abidjan. C’était juste exceptionnel, c’était émouvant et j’ai rendu hommage aux femmes de ce monde ! Un bel hommage pour la femme africaine, où j’ai cité le poème de Camara Laye : L’enfant noir.

Si tu avais une baguette magique et pouvais choisir n’importe quelle égérie, qui choisirais-tu ?
Oprah Winfrey car c’est une femme que j’admire beaucoup. Elle est un exemple à suivre, elle a vécu des choses abominables, épouvantables même, et aujourd’hui elle fait partie des femmes les plus puissantes du monde.

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Tu n’es pas attirée par l’ouverture de ton propre salon ?
Un jour je serais amené à ouvrir mon propre salon mais ce ne sera pas un salon ordinaire, traditionnel, mais plutôt un salon de designers. Un espace où tu arrives et en ressors avec quelque chose que tu n’aurais jamais osé faire…

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Tes objectifs à court et moyen termes ?
Tellement de projets ! À court terme, réaliser tout ce que je mets en place en ce moment. À long terme, faire des festivals que j’aimerais mettre en place tous les ans.

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Un mot sur le Nzassa Mode que tu as couvert à Abidjan …
Exceptionnel ! Un sacré souvenir, très honorée d’avoir été invitée ! J’ai pu découvrir le milieu artistique en Côte d’Ivoire. J’avais déjà réalisé des prestations en tant que maquilleuse sur des longs métrages, des tournages, mais en tant que designer cela a été une première. Le Nzassa m’a permis de faire de très belles rencontres. Je remercie monsieur Saint-Moïse, ainsi que Fatou Yatabaré, qui a insisté pour que je sois présente.

Si je te dis le mot ROOTS, cela t’évoque quoi ?
Cela m’évoque le naturel, les racines, ce que nous sommes… Africa !

Par Michael Kamdem
Édition : ROOTS n°19