CABELEIRA BARBERSHOP : Le Concept Store à l’ADN panafricain

“Vous y retrouverez des livres sur des grands auteurs de la diaspora, sur le panafricanisme, sur le développement personnel…”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Nelson, j’ai 35 ans, je suis originaire du Cap-Vert. Depuis le printemps 2021, je suis le co-fondateur avec mon frère Helton, 25 ans, de Cabeleira Barbershop & ConceptStore. Le salon est situé au 167 Avenue de Flandre, Paris 19ème. Il nous était important de contribuer au développement de cet arrondissement car nous y avons grandi.

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D’où vous est venue l’idée d’un barbershop ?
Tout part d’un voyage à Los Angeles. Là-bas, j’ai fait la découverte d’un barber qui était différent, avec une âme et une déco incroyable.
Les erreurs du passé m’ont par la suite mené à une incarcération et j’ai abandonné le projet tout en le gardant à l’esprit. Avec le temps, nous nous sommes aperçus qu’en dehors du cercle familial, notre barbier ou coiffeur est celui à qui l’on se confie le plus, nous nous sommes dit qu’un barbershop n’était pas juste un lieu de coiffure, mais un lieu de vie.

Pouvez-vous nous décrire Cabeleira Barbershop et Concept Store ?
Nous avons créé un barbershop et un espace d’attente complet. Cette salle est importante car dans tout salon de coiffure il arrive qu’il y ait de l’attente. L’idée était de proposer des boissons, des encas et ainsi permettre aux personnes d’échanger et créer du contact.
Dans la plupart des barbers, on trouve malheureusement des consoles de jeux, ce qui n’aide pas les plus jeunes. Afin de rendre service à la communauté que nous estimons en retard, nous avons décidé d’installer une bibliothèque multiculturelle ainsi que des jeux d’échecs. On y trouve des livres sur des grands auteurs de la diaspora, sur le panafricanisme et sur le développement personnel…
Beaucoup de livres sont des ouvrages que je lisais quand j’étais incarcéré et qui m’ont permis de m’élever. Lors de mon incarcération, l’objectif était de rentabiliser le temps perdu, j’ai obtenu mon Baccalauréat, j’ai appris l’espagnol et à jouer aux échecs.
Aujourd’hui, mon projet est de développer l’amour de la lecture aux plus jeunes et les orienter vers une voie d’apprentissage, d’émancipation et d’excellence. Le constat est tel que très peu de jeunes ont pu manipuler des livres quotidiennement dès leur plus jeune âge et c’est cela qui favorise l’intérêt pour la lecture prononcé. Alors si j’arrivais à aiguiller ne serait-ce que 2 petits chaque mois, ce serait une énorme victoire ! Au-delà de la bibliothèque, on propose également des cours d’échecs les dimanches, afin d’affiner pour nos jeunes joueurs l’esprit de réflexion, de concentration et de confiance en soi. Pour une personne qui doute de ses capacités ou qui est repliée sur elle-même, c’est une excellente thérapie !

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Cabeleira est un concept store mixte, puisque juste à côté du barbershop, vous avez également un espace dédié à la beauté féminine…
On y propose de la coiffure, manucure-pédicure, soins du visage et un service de la beauté du regard.
Au-delà d’un service barbershop classique, nous avons également une personne qui s’occupe de la coiffure et de l’entretien des dreadlocks.

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C’est aussi un lieu à l’ADN profondément panafricain…
Cabeleira est un lieu de vie pour la diaspora où sont proposés tout type d’évènements.
Nous organiserons bientôt du coaching, mais aussi des cours de langues africaines et d’anglais, ce sont des langues à maitriser dans la société actuelle…
Le projet est de créer de la solidarité. Je te donne un exemple : Tu connais un auto-entrepreneur qui fait des pâtisseries mais qui n’a pas forcément d’endroit où proposer ses créations, Cabeleira peut être cet endroit. Nous avons un beau lieu, spacieux et notre but est de redonner à la communauté. Le principe, c’est vivre et aider.

“ Nous avons un beau lieu, spacieux et notre but est de redonner à la communauté. Le principe, c’est vivre et aider. ”

Quel est votre lien avec le Cap-Vert ?
Quand je suis sorti de prison, après 4 ans, j’étais un peu perdu. Mon frére Helton et moi sommes partis au Cap-Vert pour nous ressourcer et nous avons fait le tour des îles. Comme on dit, lorsque tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d’où tu viens. Le Cap Vert est rempli d’Histoire, c’est un carrefour entre l’Amérique, l’Afrique et l’Europe. C’était notamment le comptoir de l’Afrique pour les colons qui s’en servaient pour dispatcher les esclaves en Amérique du Sud ou dans les Caraïbes. Toujours est-il que ce voyage m’a totalement boosté ! Dans le futur, nous avons pour projet de créer une entreprise au Cap-Vert, sur l’île Santiago qui est l’île natale des nos parents. Le Cap-Vert est une archipel composé de dix îles dont les plus emblématiques sont Sao Vicente, connue pour la fête avec ses nombreux festivals, l’île de Santo Antao réputée pour ses belles randonnées, c’est d’ailleurs une île où se rendent de nombreux Français. Sur les îles de Boavista et Sal, on y pratique beaucoup de sport nautique.
En résumé, il y a de quoi faire !

Si vous aviez un conseil à donner à un futur entrepreneur ?
Aiguisez vos lames ! Si on veut s’attaquer à un marché et qu’on manque de compétences, n’hésitez pas à vous former ! Il ne faut pas non plus avoir peur de voir les choses en grand. Quand nous avons créé cet établissement, il était important pour nous que la communauté soit fière du lieu.

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Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Je pense évidemment à Kunta Kinté ! Au devoir de mémoire, retour aux sources et à contribuer au développement du continent africain.

Édition ROOTS 10 ans