PHÉNO AMBRO : Entre danse & Afrobeat, le mélange des cultures

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Monsieur Saliou Babatoundé Amed Bolale à l’état civil. 28 ans. D’origine togolaise du côté de ma mère et nigériane du côté de mon père. Artiste, chanteur et danseur. Plus connu comme chanteur et cela fait, disons, trois ans que pas mal de sons tournent. Pas mal de sons connus. On essaie de mettre en avant la musique togolaise.

Revenons sur tes débuts d’artiste.
C’est vrai qu’en me voyant petit tu te serais forcément dit que, lui, il va soit jouer au foot comme la plupart des garçons, soit faire de la musique. Ou travailler, comme j’ai fait des études. Au Togo, depuis tout petit, je dansais déjà. Je ne chantais pas forcément encore, mais j’aimais beaucoup la musique, surtout africaine, nigériane en particulier. J’écoutais des musiques Yoruba ou Fela, des grands noms nigérians parce que mes parents écoutaient. Tout est parti de là. Je dansais beaucoup sur des musiques congolaises parce que c’était très répandu à Lomé. J’ai donc été bercé par les musiques ivoiriennes, ghanéennes, nigérianes et congolaises qui étaient en vogue, à l’époque. J’ai commencé à faire un groupe avec mes amis. Ensuite, j’ai rejoint ma mère en Europe. Quand j’étais petit, le foot primait plus sur la musique. Mon père m’avait même inscrit dans un centre de formation, le même que là où était Adebayor. Du coup, en Europe, j’ai continué dans les clubs régionaux et je dansais. Le passage du foot à la musique c’est fait tout seul parce qu’il y a un grand côté chez moi qui est orienté vers l’artistique. J’ai senti que c’était ce que je voulais faire. J’ai commencé avec la danse en sachant que j’allais bifurquer vers la musique. Mais je n’étais pas encore prêt. En fait, j’étais sûr d’une seule chose : ma détermination. Par exemple, je dansais sans être super bon mais je savais que j’avais la détermination. Je savais que j’allais m’améliorer. J’ai commencé à danser. Je me suis perfectionné. Les gens disaient même que je dansais trop bien. De là, j’ai commencé avec le chant, petit à petit. J’ai fait un petit son au début qui a pris sur internet, à ma grande surprise. Les gens partageaient et ils étaient choqués qu’un danseur sorte un son digne d’un artiste. Ça m’a encouragé et je me suis dit qu’il fallait que je me trouve une identité. Je me suis servi de mes origines et des musiques nigérianes, de la culture togolaise et du fait que j’ai grandi en France pour que ça donne ce que je fais encore aujourd’hui.

Comment décrirais-tu l’univers Pheno ?
C’est de l’afro moderne mais la particularité est le mélange de cultures. Aujourd’hui, je vais écrire une chanson en français avec des mélodies nigérianes. C’est un peu comme un Algérien qui ferait du raï en français. La langue yoruba est très chantante et je m’en sers. Ma musique pourra être facilement acceptée chez moi parce qu’au Togo, il y a une ethnie Yoruba. Cela signifie que ma musique fait partie de mon pays même si la base vient du Nigéria. Etant d’origine nigériane, je suis en train d’emmener le Togo très loin.

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Quels sont tes projets à court et long terme ?
Après le succès de mon dernier single « mon BB » et tout ce qui s’est passé avec le Covid, on a eu à prendre une petite pause. Là, je compte lancer un nouveau single dont le titre est « Leanda » et qui a un style différent de « mon BB ». Il s’inscrit dans un style qui me correspond plus, c’est-à-dire de l’afrobeat. J’ai déjà pu mettre un extrait du morceau qui tourne très bien. J’ai pris un peu la température ce qui m’a aidé dans l’organisation avec mon équipe pour sortir le morceau. On travaille dessus, on le termine et on prépare le clip. Je pense même que ce sera mon morceau pour l’été qui arrive. Par la suite, il se peut que j’enchaine sur un deuxième, voire même un troisième single. Le projet à long terme est que nous travaillons sur un EP d’environ dix titres, mais rien n’est décidé encore parce que ça peut se transformer en un album d’une quinzaine de titres. D’ailleurs, c’est presque prêt parce que tous les titres sont prêts. On doit juste faire un choix sur les chansons à mettre dans le projet et puis tout lancer.

Si je te donne une baguette magique pour faire un featuring avec n’importe quel artiste francophone et anglophone ?
Francophone, je dirais Maître Gims. Je suis très très fan. Anglophone, Wizkid.

Si tu avais un message à adresser à la diaspora togolaise ?
J’adresserais surtout un message aux autorités togolaises en leur disant de s’intéresser à la culture, la musique et le sport qui sont des domaines qui font aussi évoluer un pays. Qu’ils se penchent sur ça et, du coup, sur les jeunes. On peut le voir aujourd’hui avec l’exemple du Ghana, du Nigéria ou de la Côte d’Ivoire. Les jeunes artistes, les jeunes footballeurs, etc, on en a besoin. J’aimerais que demain quand on va aux MTV Awards ou BET on soit nominé comme les Nigérians ou les Sud Africains qui sont au moins dix. Au Togo, il n’y a que Toofan. Pourquoi ? Parce que je pense que les jeunes ne sont pas soutenus. J’aimerais vraiment que le Gouvernement mise beaucoup là dessus. Les jeunes qui percent dans la musique ou dans le foot reviennent faire beaucoup de chose pour le pays.

Si je te dis le mot Roots, tu me réponds ?
C’est l’Afrique, mais au sens plus profond du terme. La vraie Afrique avec les bidonvilles, les cocotiers, etc.

Édition ROOTS Afrique de l’Ouest

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