Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Assa Sylla, 24 ans, d’origine mauritanienne, née à Paris 15, actrice.
Très bientôt, le film « Le dernier mercenaire » sera disponible sur Netflix. Comment avez-vous réagi en apprenant que vous alliez jouer dans ce film ? Quel rôle interprétez-vous ?
J’ai été très surprise car je ne m’y attendais pas. J’ai passé le casting en selftape pendant le premier confinement avec mes sœurs qui me donnaient les répliques, sans prise de tête. Sincèrement, je me disais si je suis prise tant mieux sinon ce n’est pas grave. Ensuite, quand j’ai su que le réalisateur voulait me rencontrer et voir d’autres essais, cela m’a motivé et j’ai su qu’il fallait que je saisisse cette occasion. Je joue le personnage de Dalila, c’est une jeune fille, un peu garçon manqué, livrée à elle-même, forte et ambitieuse. C’est la seule fille de la bande, elle va enquêter pour Richard (JCVD) et ils vont partir en mission tous ensemble.
Pour ce film vous avez travaillé avec une légende du cinéma Jean Claude Van Damme (JCVD), un personnage atypique. Comment c’est de travailler avec lui ?
JCVD fait partie des légendes du cinéma. Je me souviens, je regardais ses films avec ma famille et, aujourd’hui, je suis tellement fière de dire que j’ai tourné avec lui. C’est une personne très humaine et humble. C’est très intéressant de discuter avec lui. On a vraiment créé un bon lien avec toute l’équipe du tournage d’ailleurs, on se soutenait et il y avait un vrai esprit de famille sur le plateau.
Que retenez-vous de cette expérience en Ukraine ?
C’est une des expériences que je n’oublierai jamais. L’équipe était au top, comme je le répète plus haut, on avait vraiment l’impression d’être une famille. Tout le monde était bienveillant et on se sentait bien. Le fait de tourner dans un autre pays et de s’y adapter, de rencontrer de nouvelles personnes fut très enrichissant… Je ne connaissais pas du tout l’Ukraine, j’appréhendais au début mais j’ai été agréablement surprise. C’est sûr que j’y retournerai !
Par le passé, lors d’une interview, vous disiez que les rôles pour les femmes noires sont dévalorisants et stéréotypés. En octobre 2020, vous publiez une photo sur Instagram où vous êtes habillée en avocate pour la mini série « Une si longue nuit ». Et la légende c’est « Dreams come true ». Pour quelle raison avez-vous écrit cela ? Est-ce que ça a un lien avec ce que vous disiez sur les rôles qu’ont généralement les femmes noires ?
J’ai écrit cela car, plusieurs fois, je répétais dans des interviews que j’aimerais beaucoup voir des femmes noires dans des rôles qui les mettent en valeur, comme par exemple, pourquoi pas, un rôle d’avocate, de cheffe d’entreprise… Ça a toujours été un rêve pour moi de jouer une avocate et, justement, avec cette série, mon rêve s’est réalisé et j’en suis très fière car cela prouve que les choses changent de plus en plus. Je reste toujours positive car je sais que c’est le début d’un réel changement, les choses évoluent et c’est plaisant.
En dehors de l’acting, vous êtes engagée contre les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQI+ avec l’association En Avant Toute(s). Pourquoi ce combat ?
C’est un combat qui me tient très à cœur car, malheureusement, on n’en parle pas assez. Et l’association « En Avant Toutes » me touche particulièrement car ce sont des femmes réellement engagées qui ont créé un tchat anonyme ouvert 7j/7 et 24h/24 où des jeunes filles ou garçons peuvent se livrer sans crainte, sans gêne et elles/ils sont écoutés, conseillés et guidés. Et je trouve ça beau, il faut qu’on puisse libérer la parole et ne plus avoir peur. C’est important que ces personnes sachent qu’elles ne sont pas seules.
Quels sont vos projets pour la suite ? Etes-vous déjà sur un prochain tournage en dehors des séries Mortel et Skam France qui cartonnent ?
J’ai un tournage prévu en avril où je joue le rôle de Belette, un personnage de science fiction, dans le film « Le visiteur du futur ». De base, c’était une web série qui avait cartonné sur Dailymotion et qui est maintenant adaptée en long métrage. J’ai aussi participé à la saison 2 du podcast « Domino » produit par Sybel qui sortira courant mars. Il y aura également la sortie du « Dernier mercenaire » et la série « Une Si longue nuit ». Et, en attendant, je continue de passer des castings.
Édition spéciale Afrique de l’Ouest. Que représente la Mauritanie pour vous ?
La Mauritanie représente mes origines. C’est là bas que mes parents sont nés et ont grandi. C’est un pays diversifié, on y retrouve plusieurs ethnies, telles que les Maures, les Soninkés, les Peuls, les Wolofs… C’est un très beau pays qui se trouve en grande partie dans le désert du Sahara. Je fais partie de l’ethnie des Soninkés, une ethnie qu’on retrouve dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal, Gambie…) et je suis très fière d’avoir grandi dans ces valeurs et traditions. La première fois que je suis allée en Mauritanie, j’avais 10 ans et j’étais tellement heureuse de découvrir là où mes parents avaient grandi, j’ai rencontré ma grand-mère, mes oncles, tantes, cousins et cousines et ça restera des vacances inoubliables.
Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?
Je pense immédiatement à mes parents, à mes origines, à l’Afrique et son histoire. À la richesse que nos ancêtres nous ont laissée et qu’on devra continuer à faire suivre, car nous sommes la relève et l’espoir de l’Afrique.
par Nicky Kabeya
Édition Afrique de l’Ouest
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