WILLAXXX : Humoriste, mais pas que…

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Diop Williams, natif de Côte d’Ivoire. Alors pour le nom “Diop”, je sais que c’est sénégalais (rires). Mon arrière-grand-père était Sénégalais, mais mon père est né sur le sol ivoirien et a reçu une culture ivoirienne. J’ai 34 ans et ça fait mal de le dire parce que ça me rapproche de la quarantaine. À 40 ans, il faut que je sois riche (rires). Je suis humoriste. J’ai commencé par faire du stand-up, ce qui fut un échec à l’époque. Mais, je me suis rattrapé, en 2010, en sortant des vidéos avec Samy La Famille. Cet humoriste m’a beaucoup appris sur la culture camerounaise. On a tellement eu une bonne cohésion qu’on a travaillé cinq ans ensemble. Et pendant cette période, on était au top, en termes de créativité. On a fait pas mal de vidéos de caricature du rap français. J’ai collaboré avec des rappeurs dans leur clip ou en interview. J’ai fait plein de choses qui m’ont amenées à pouvoir travailler dans les médias.

En plus d’être humoriste, tu as développé une autre casquette puisque tu t’occupes également d’artistes…
Oui et c’est tout récent. J’ai commencé à travailler dans une boîte qui s’appelle Playzer, en 2016. Elle voulait développer une agence artistique et, pour ça, ils m’ont demandé de ramener des influenceurs pour mettre du contenu sur leur plateforme. Ils m’ont pris en D.A. Ils avaient déjà Noah Lunsi avec qui j’avais des ateliers d’écriture et de production. De Noah Lunsi, on a travaillé avec Hakim Jemili, puis Tokou, Yunes Depardieu, Observateur Ebene, etc. Il y a eu pas mal de passage et j’ai kiffé faire ce job de D.A où j’ai participé à l’écriture et à la mise en scène. Ça m’a amené à travailler avec Tonio Life ou certains influenceurs qui voulaient faire des sketchs chantés. Petit à petit, je me suis mis à traiter les voix, plus sérieusement, et à enregistrer des artistes.

2020, année marquée par le Covid. Comment cela se répercute-t-il dans la vie d’un humoriste ?
Moi, je suis un cas particulier parce que, autant je suis humoriste, autant j’ai passé le cap média. Je travaille pour Mouv’ depuis 2015. J’ai fait des antennes là-bas, des chroniques à la matinale, des sketchs. Je leur fournis aussi des parodies, je produis d’autres contenus et je fais quelques documentaires. Du coup, Mouv’, c’est Radio France. Radio France, c’est le ministère de la culture. Le ministère de la culture, c’est l’Etat. l’Etat, c’est l’argent de la France. Je travaille encore. Pendant le confinement, je n’ai pas travaillé mais j’ai été soutenu. J’ai pu me reposer pour reprendre directement le travail.

Quels sont tes projets à court et moyen terme ?
Avant le confinement, et même depuis un ou deux ans, j’avais l’intention de créer une sorte d’agence artistique dans laquelle je regrouperais une communauté de comédiens, d’auteurs pour faire des ateliers d’écriture et écrire des séries. On a commencé et on veut se donner la chance de faire notre propre cinéma, nos propres produits. Mais, ce n’est pas un cercle fermé parce qu’à chaque fois d’autres personnes se rajoutent et trouvent l’idée sympa. Le projet était de pouvoir présenter ces dossiers à différentes plateformes. Avec la crise, chacun essaie de se débrouiller. Mais c’est un dossier qui ne dormira jamais, il nous tient vraiment à coeur. Sinon, je suis toujours actif sur les réseaux sociaux et au sein de Mouv’ dans mon émission le mardi et le jeudi qui est sur Twitch, une plateforme de jeux vidéos et d’entertainment.

Des projets prévus en Côte d’Ivoire ?
Depuis longtemps, j’ai le projet d’intégrer, de près ou de loin, un média local pour proposer une série en mélangeant la culture afro-occidentale et africaine. Lindsay Sibay, une amie ivoirienne avec qui je travaillais sur Mouv’, s’est installée en Côte d’Ivoire. Elle a travaillé avec le producteur Erico Seri, créateur de séries et d’émissions. Il avait ce projet de faire un sitcom et m’a demandé de gérer le casting. J’en ai fait un avec Tokou dedans, Yunes Depardieu et j’ai kiffé faire ça. C’était bien ficelé et tout, mais malheureusement le projet est en attente depuis.

La culture ivoirienne est-elle prégnante dans ta vie ?
Pendant le confinement, j’ai appris à faire toutes les sauces que je pouvais. Ma mère n’était pas là. Il fallait bien que je mange mon foutou, ma sauce gombo… J’ai donc regardé sur internet et j’ai appelé ma mère, en FaceTime, pour lui montrer. Sinon, je suis toujours au courant de l’actualité musicale. Niveau politique, je suis un peu réservé parce qu’elle fait mal au pays. J’ai l’impression que les hommes politiques sont plus influents que les footballeurs, chez nous. C’est bien dommage que la culture ne prenne pas le dessus.

Si je te dis le mot « Roots », cela t’évoque quoi ?
C’est mon village. Le village de mes parents. C’est la terre. Là où tout commence.

Édition Afrique de l’Ouest