PASSAGE À L’ÂGE ADULTE : Rites en Tanzanie, Éthiopie et Kenya

Le passage de l’âge enfant vers l’âge adulte est un moment important dans la vie de chacun. Voir un jeune homme ou une jeune femme devenir Homme ou Femme est un moment marquant voire crucial dans certains pays. Que ce soit autour de l’ambiance festive d’une Bat Mitzvah, ou celle d’une Quinceañera de jeunes filles mexicaines, la manière dont cela se déroule et l’âge auquel est impliqué l’enfant diffère selon les cultures. Focus dans cet article sur les Massaï et les Hamar :

Les Massaï sont des semi-nomades, éleveurs et guerriers qui vivent principalement dans le Centre et le Sud-Ouest du Kenya et de la Tanzanie. Les Massaï représentent l’un des groupes les plus connus du public occidental. Ce sont traditionnellement des éleveurs menant leurs troupeaux librement à travers les hauteurs du Kenya et de l’Ouganda actuels. Ils se nourrissent surtout de laitages et, pour les fêtes, du sang de leurs bovins qu’ils prélèvent sans tuer, en pratiquant une incision dans la veine jugulaire.
Les Massaï du Kenya et de la Tanzanie ont plusieurs rites, signe de passage des garçons à l’âge adulte. Seuls les garçons âgés de 10 à 20 ans sont réunis pour être initiés comme nouveaux «guerriers» de la tribu.

LES “NOUVEAUX GUERRIERS”

Les initiés sont placés dans des dizaines de maisons construites spécialement pour l’occasion. La nuit qui suit la cérémonie, les garçons dorment dehors, dans la forêt, livrés à eux-mêmes. Puis dès l’aube, ils reviennent pour une journée de célébration autour de chants et de danses propres à leur culture. Lors de cette cérémonie, tous se retrouvent et boivent un mélange d’alcool, de sang de vache et de lait, tout en consommant de grandes portions de viande.

Après ces festivités, chaque homme est circoncis et officialise sa transformation en homme, guerrier et protecteur. Comme dans d’autres rites de passage, les garçons ne peuvent pas flancher, car cela serait signe de honte et de déshonneur pour leur famille.

Durant les 10 prochaines années, les garçons vont rester au camp des guerriers où ils apprendront diverses compétences. Après la cérémonie marquant leur passage de guerrier à guerrier supérieur, ils ont le droit d’épouser la femme de leur choix, dans des mariages souvent arrangés par leur famille. La société massaï est polygame et les hommes ont souvent plusieurs épouses qui cohabitent dans le même village, mais qui ont chacune leur maison. Les femmes elles, ont le droit d’avoir des amants qu’elles choisissent elles-mêmes.

En Ethiopie, les futurs mariés ont leur propre « enterrement de vie de garçon » – un rite de passage qu’ils doivent effectuer avant de pouvoir se marier.

Tout comme les Massaï, les Hamar sont des semi-nomades qui eux aussi ont un rite initiatique pour les garçons, une cérémonie qui est réservée uniquement aux futurs mariés.

C’est au Sud de l’Ethiopie, à proximité du Soudan et du Kenya qu’on localise les Hamar. Situé dans une zone fertile de la vallée d’Omo, le peuple Hamar, constitué de 40 000 individus, vit grâce à son bétail, un élément clé de sa richesse. Il vit dans des huttes précaires et s’intéresse à l’agriculture, plus précisément à la culture du sorgho, une plante très appréciée des habitants, mais aussi à celle du coton, du tabac et du millet.

LE RITE INITIATIQUE DE L’UKILI

L’Ukili est un rite traditionnel qui structure l’existence des Hamar. Lors d’une cérémonie festive, le chef de clan désigne un jeune marié -appelé uliki- qui doit effectuer 4 aller-retour sans chuter, tout nu, par dessus un bœuf castré. C’est une manière pour eux de faire leurs preuves devant leurs aînés et d’acquérir le statut d’adulte en laissant derrière eux une enfance symbolisée par les bœufs.

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Ces festivités durent sur plusieurs jours et s’articulent autour de chants et danses traditionnelles durant lesquels les femmes ramènent la fameuse “bière de sorgho” à base de plantes, très populaire dans le pays.

Après cette cérémonie, et en cas de succès, les hommes ont la possibilité de se marier et de détenir un troupeau. Le jeune marié fait son entrée dans le monde en tant que nouvel homme, un Donga, et intègre ensuite un nouveau cercle. Il est dès lors, considéré comme l’un des Maz, qui diffère des Hamar, car les Maz bénéficient de leurs propres langage, rites initiatiques et alimentation.

Ceux qui ont déjà passé le test passeront les prochains mois à superviser ces événements dans les villages du territoire Hamar.
Durant cette cérémonie, les femmes, elles aussi ont leur place. Elles participent également à un rituel signe de courage et d’amour pour un ukili, dans la continuité de la cérémonie.

En outre, lorsque le futur uliki s’apprête à passer cette fameuse cérémonie, les femmes arpentent les rues en chantant et dansant. Lors de leur marche dansante, elles sont amenées à rencontrer des Maz (les “fouetteurs”). Dès lors, elles ont le droit de provoquer autant de Maz qu’elles le désirent, qui acceptent de leur donner un seul coup. Les traces et cicatrices laissées sur leur corps font ainsi preuve de fierté.

Le passage vers l’âge adulte est une étape précieuse et fondamentale dans la vie. La façon de régler et de réguler les difficultés de passage d’un statut à un autre dépend entièrement de l’endroit où l’on vit. Cependant, quelque soit l’endroit d’où l’on vient, ce sont des souvenirs mémorables qui nous apprennent beaucoup en tant qu’humain, et forgent celui qu’on sera demain.

Édition ROOTS n°18
Par Bérénice Essoungou