LEFA is back

“Le Sénégal […] j’aimerais y développer une vraie fan base, y faire des concerts ou des collaborations avec des artistes locaux.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Karim Fall, 33 ans, de père Sénégalais et de mère Française. Connu sous le nom de Lefa, je suis artiste, auteur-compositeur, interprète et depuis peu producteur.

Revenons sur vos débuts dans la Sexion d’Assaut…

J’ai rencontré Barack Adama, dans le 18ème arrondissement, là où j’ai grandi. Barack et Masca venaient du 9ème arrondissement, nous étions donc issus de quartiers voisins. On a très vite découverts que nous avions cette passion en commun : le rap. Au départ, c’était un passe-temps entre nous 3. Puis, on a commencé à rencontrer d’autres rappeurs venus d’autres coins de Paris et la Sexion d’Assaut a pris forme. On faisait des freestyles dans la rue. Au début, on était une trentaine, et avec le temps, les plus déterminés ont formé un noyau dur.

Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Les tournées ! À cette époque, on ne partait pas en vacances, donc les tournées étaient comme des vacances entre potes, c’était la colonie (rires). Une bande de potes qui vit de sa passion, qui rencontre son public, qui tape des barres de rire du matin au soir. Les tournées en Afrique, plus particulièrement, ont été des moments inoubliables, l’accueil y a toujours été incroyable.

À la scission du groupe, lorsque Maître Gims est parti en solo, pourquoi avoir décidé de stopper votre carrière ?

De nature, je suis quelqu’un d’assez discret. C’est d’ailleurs pour cela que je porte des lunettes afin de garder l’anonymat et pouvoir mener une vie tranquille, loin des paillettes. À l’époque, on sortait de l’album L’Apogée et cela prenait des proportions hallucinantes. L’ambiance commençait à devenir lourde et j’avais besoin de prendre un break, passer plus de temps avec ma famille.

Quel élément déclencheur vous a poussé à revenir ?

Cela s’est fait naturellement, avec le temps. J’avais de l’inspiration, j’avais des bouts de phrase, des rimes qui me venaient à l’esprit, je ressentais cette envie d’écrire à nouveau. Petit à petit, j’ai commencé à retourner en studio et, à partir du moment où tu te remets dans le bain, les choses vont vite.

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Si je vous donne une baguette magique et que vous deviez faire un featuring avec n’importe quel artiste anglophone, qui choisiriez-vous ?

Je dirais Drake, Kendrick Lamar et J-Cole qui sont, selon moi, les 3 plus gros artistes américains du moment.

Ce numéro est un spécial Sénégal/Gambie, que représente le Sénégal pour vous ?

Je suis né en France, ma mère est Française et mon père du Sénégal. Je n’ai pas eu la chance de parler le wolof car, à la maison, mon père n’avait personne avec qui parler la langue. Mais cela reste mon pays d’origine et, avec mon père, nous sommes d’ailleurs en train de rénover la maison familiale à Dakar. À long terme, j’aimerais pouvoir m’y installer, acheter une maison au bord de la mer. Je pense que c’est le rêve de tous les ressortissants. Il m’est difficile d’expliquer ce que mon père m’a transmis du Sénégal. C’est un lien naturel, il m’a éduqué comme lui l’a été. Ce sont des valeurs de partage, d’humilité, de responsabilité de la famille, des principes de vie.

Quel bilan faites-vous de cette année 2018 et que pouvons-nous attendre pour 2019 ?

En 2018, j’ai sorti un album qui s’appelle 3 du Mat et qui a très bien été reçu. Cet album m’a permis de tourner un peu partout en France, j’ai enchaîné pas mal de dates donc c’était vraiment cool. Pour 2019, je pars sur le prochain album. Je suis actuellement en studio et j’ai déjà enregistré plusieurs titres. J’espère pouvoir faire une belle tournée, ici et en Afrique. Le Sénégal fait aussi partie de mes envies, j’aimerais pouvoir y développer une vraie fan base et y faire des concerts ou des collaborations avec des artistes locaux. J’ai d’ailleurs fait un featuring avec un artiste de Dakar, qui m’a invité sur son prochain album car lui aussi essaye de s’exporter. Je sais qu’il y a beaucoup de talents au Sénégal, des compositeurs, des beatmakers… Alors pourquoi ne pas en profiter ?

Si je vous dis « ROOTS », cela vous évoque quoi ?

Nos origines sont notre socle, notre stabilité. Tu avances dans la vie, tu fais des rencontres, mais le meilleur moyen de rester soi-même est de toujours regarder en arrière pour garder son identité.

Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof