TASTY TACOS : 4 Grenoblois à la conquête de Paris !

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Namory : Namoury Diomande, 29 ans. Je viens de Côte d’Ivoire, mais nous sommes tous les 4 originaires de Grenoble. C’est une autre mentalité, une autre façon d’appréhender les choses. Le tacos est quelque chose d’ultra répandu chez nous et on débarque dans la capitale avec un mental de “conquérant” !
Loan : Loan Issoumaila, 28 ans. À l’origine, je suis l’un des co-fondateurs de la chaîne O’tacos. Suite à un différent avec mon précédent associé, j’ai proposé à mon cousin Namoury l’opportunité. Il a en- suite ramené Kalil et Freddy, et c’est ainsi que l’aventure a démarré. Freddy : Freddy Akligo, 26 ans, originaire du Togo. Comme les autres, je viens de Grenoble et suis installé à Paris depuis 3 ans.
Khalil : Khalil Akoun, 31 ans, originaire de l’Île de la réunion et je suis arrivé en France à l’âge de 13 ans. Je me suis associé au projet après une longue discussion avec Namoury.

Décrivez-nous le concept de TASTY TACOS…
Namory : C’est à dissocier de ce que vous connaissez du côté mexicain. Nous n’avons gardé que la tortilla. Le tacos, c’est une galette composée de viande, de frites et d’une sauce fromagère qui donne toute la saveur. Nous n’avons rien inventé, cela vient de Lyon et a plus de 20 ans. Nous venons de Grenoble, en quelque sorte la banlieue de Lyon et, chez nous, le tacos est également très populaire. Le premier venu sur Grenoble a ouvert la brèche à beaucoup d’autres. Ce sont les Grenoblois qui ont ensuite voyagé avec le con- cept, puisqu’on en connaît qui sont partis ouvrir à Bordeaux, Montpellier… Et maintenant nous à Paris, depuis le 1er août 2015.
Le concept a cartonné chez nous et on s’est dit que cela pourrait également fonctionner ailleurs.

Vous avez choisi d’ouvrir le premier Tasty Tacos dans le 19ème arrondissement, un choix qui n’est pas anodin… Namory : Nous cherchions un quartier populaire. Nous avions en tête le 11ème vers Oberkampf. Quand je suis arrivé sur Paris, je me suis installé rue d’Aubervilliers dans le 19ème chez mon cousin. C’est un quartier que j’ai trouvé dynamique, qui bouge bien et avec énormé- ment de jeunes qui entreprennent. J’y ai trouvé des gens qui nous ressemblent.

C’est le projet qui vous a fait vous installer sur Paris ?
Namory : J’étais déjà à Paris, mais Freddy s’est installé ici en perspective de l’ouverture.
Freddy : Au départ, j’ai bifurqué sur Lyon, puis ai embraillé sur Paris pour que l’on commence vraiment à se lancer dans l’étude de marché, la recherche de locaux, etc.
Généralement, lorsqu’un produit cartonne, cela commence par Paris avant de se propager. J’ai énormément de famille sur Paris et j’étais vraiment surpris de voir que l’engouement autour du tacos n’avait pas encore pris dans la capitale, alors qu’à Grenoble et Lyon tout le monde ne mange que cela !
Étant donné que Namoury et moi voulions monter un projet en commun, on a saisi l’opportunité d’ouvrir des tacos à Paris.
Khalil : Tout ceux qui ont lancé le tacos ont cartonné, que ce soit à Grenoble, Montpellier ou ailleurs. Démarrer dans le 19ème arron- dissement était comme une évidence. C’est véritablement une zone qui nous ressemble. Sans être péjoratif, c’est un peu « la street » et nous-même venons de zones très populaires. Ici, il y a à la fois ce côté populaire, mais tout le monde se tire vers le haut et l’arrondissement se développe à vitesse grand V. Il y a une énergie incroyable et on y a rencontré de nombreux jeunes entrepreneurs.
Freddy : On voulait un maximum de diversité et le 19ème était l’arrondissement parfait.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?
Namory : À chaque étape, nous avons rencontré des difficultés : trouver un local, trouver un financement. Mais il ne faut surtout pas se décourager. Le fait d’être plusieurs nous a donné de la force. Lorsque l’un est découragé, un autre prendra le relai.
Cette aventure va au delà d’une démarche purement pécuniaire. Pour ma part, j’ai fait des études jusqu’au BAC + 5 et travaillé au siège de SFR à la Plaine Saint Denis en tant que chef de projet. Mais j’avais l’impression d’être dans un déguisement et d’être dans la peau de quelqu’un qui ne me ressemblait pas. Ici, je suis chef d’entreprise, avec mes amis d’enfance, en casquette Nike et, malgré cela, je n’ai jamais autant travaillé de ma vie.
Khalil : Le principal problème était d’avoir des investisseurs qui te suivent. On a eu à subir des délits de faciès. Cela fait partie du charme de l’équipe, on l’accepte et on s’en accommode. Malgré le fait que notre projet ait été jugé très concluant, les banques étaient réticentes. À force d’acharnement, on a pu débloquer les choses et nous entourer des bonnes personnes : banquier, compt- able, Mathieu qui nous aide au niveau du marketing, John de chez Maridie’s qui nous donne des conseils sur la zone, etc.

Des projets de développement ?
Freddy : Nous souhaitons développer Tasty Tacos au maximum, en ouvrir plusieurs. Le but est d’en vivre et de très bien en vivre. Nous sommes 4, partageons tout et nous voulons aller le plus long possible.

Comment pousser nos lecteurs à venir vous découvrir ? En quoi faites-vous la différence ?
Freddy : Par notre carte, tout d’abord. Nous sommes spécialistes du tacos mais nous développons la carte avec notre propre trouvaille : le Tasty, qui est une pâte à pizza retournée avec à l’intérieur les mêmes ingrédients que ceux utilisés pour le tacos.
Khalil : Le tacos est une véritable alternative à la restauration rapide, tout ce qui est grec, chicken chica, etc. Tu manges proprement, avec un produit qui fond dans la bouche. C’est un sandwich quasiment addictif. J’ai vu des gens venir tous les jours en prendre. Cela paraît dingue, mais le plus simple est de venir tester pour y croire. Le gros plus est égale- ment que votre tacos est customisable à l’infini, tu peux faire jouer tous les suppléments, de la charcuterie, mettre 1,2 ou 3 viandes, avec ou sans sauce fromagère, etc. Ne pas oublier que nous sommes halal, avec de la viande certifiée par un fournisseur très sérieux. Enfin, nous livrons dans le 18ème et 19ème pour rester efficace, ainsi, le client est livré en moins de 30 minutes, avec un produit encore chaud.

Si vous aviez un conseil à donner à un jeune entrepreneur ?
Namory : S’armer de courage. Parfois ton entourage a tendance à te décourager lorsque tu entreprends. Il faut être sûr de sa force.
Freddy : Bien s’entourer.
Khalil : Réussir est une succession de bonnes rencontres. Il faut savoir s’entourer de bonnes personnes : pour la compta, la communication, les fournisseurs, les travaux… Tout ! Il faut aussi s’entraider au maximum entre commerçants. Le 19ème arrondissement est une grande famille et ROOTS est un bon vecteur pour nous lier les uns aux autres.

Si je vous dis ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Namory : Je pense à mes racines, à l’Afrique et à la famille que j’ai con- stitué, donc pas uniquement mon père, ma mère, mais également mes amis.
Khalil : Je viens de la Réunion, nous avons une culture très africaine. Nous sommes très mélangés avec les Comoriens et Mahorais et tout cela fait celui que je suis aujourd’hui.

Édition : ROOTS n°16