SEYBA MACALOU : Fondateur de Mama Africa

« C’est un voyage culinaire entre le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso et un atterrissage au Cameroun avec le ndolé. »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Je m’appelle Seyba Macalou, je suis d’origine malienne, né à Kayes. Depuis 17 ans, je dirige un restaurant à Paris : Mama Africa.

Racontez-nous la genèse de Mama Africa…

J’ai toujours baigné dans le milieu de la restauration. Quand j’étais étudiant en BTS gestion, je travaillais en tant que serveur. Puis, j’ai fait un break, j’ai voyagé,  et je suis revenu travailler dans la restauration. J’ai évolué chez Tex Mex, une chaine de restaurants américains. Vers 2002, j’étais manager et je dirigeais 25 employés chez El Rancho, à Rosny-Sous-Bois. Je suis alors dit que si j’arrivais à gérer 25 personnes pour un patron, pourquoi ne pas me mettre à mon compte ? Le restaurant Mama Africa existait déjà. J’ai contacté le propriétaire et j’ai négocié une location gérance, pour finir par racheter le fond de commerce. C’était à l’époque sur l’avenue Jean Jaurès dans le 19ème. Le hasard a fait que je délocalise par la suite le restaurant rue de Crimée, toujours dans le 19ème, avant d’atterrir ici, à Porte de la Villette, dans un emplacement rêvé !

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Vous êtes l’un des vétérans de la gastronomie africaine à Paris, toujours présent depuis 2002. Quelle a été la clé de la longévité de Mama Africa ?

Quand on fait un métier, il faut aimer ce que l’on fait. Pour moi, gérer Mama Africa, ce n’est pas réellement un boulot car je travaille en m’amusant. C’est un jeu, j’aime rencontrer de nouvelles personnes, discuter, mettre à l’aise la clientèle. Par ailleurs, je suis très exigent à l’encontre de mon personnel. Je pense que c’est ce qui a fait Mama Africa une institution.

Décrivez-nous la carte…

C’est une carte très variée qui va de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique Centrale. Nous proposons une vingtaine de plats ! Une dizaine de plats avec sauce et une dizaine de grillades. C’est un voyage culinaire entre le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso et un atterrissage au Cameroun avec le ndolé.

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Quel est votre plat préféré ?

Tout est bon, j’ai tout testé (rires) ! Mais en général, j’ai une préférence pour les plats avec sauce comme le kedjenou de pintade ou le bouillon queue de bœuf.

Au-delà du restaurant, vous proposez également un service traiteur…

Nous sommes régulièrement sollicités par des associations, des institutions ou tout simplement pour des mariages ou baptêmes. Je travaille beaucoup avec l’UNESCO, des couverts de plus de 200 personnes, mais aussi pour les réceptions de l’ambassade du Mali à Paris ou encore durant les élections présidentiels maliennes en assurant la livraison des différents bureaux de vote.

En 17 ans d’activité, vous avez reçu du très beau monde et réalisé des évènements marquants. Si vous deviez citer vos 3 souvenirs les plus mémorables ?

Je citerais essentiellement les soirées du 31 décembre. Surtout cette année, ce fut grandiose ! Sinon, j’ai pu réaliser de très belles soirées avec des artistes maliens. J’ai eu la chance d’accueillir des stars telles que Babani Koné ou Salif Keïta du Mali. J’ai mon petit frère Robert Brazza qui me suit depuis le début et m’a amené beaucoup de célébrités du football ou de la musique. Nous avons eu la visite de Myriam Makeba, qui était d’ailleurs surnommée « Mama Africa », Meiway qui est un ami, Koffi Olomidé à l’époque où il était régulièrement à Paris… La liste de souvenirs est longue ! Actuellement, nous organisons des soirées de rumba congolaise avec des jeunes du collectif Quartier Latin et je vous invite à venir les découvrir !

Cette édition sera une spéciale Mali/Guinée. Que représente le Mali pour vous et y projetez-vous des initiatives ?

Le Mali, c’est mon pays, c’est mon âme, c’est mon tout. Je suis très blessé par la situation qui se passe actuellement au Mali. On n’arrive pas à gérer ce conflit depuis 2012 et, tous les soirs avant de dormir, je pense à cette situation chaotique. J’avais entamé des projets depuis 2012, mais j’ai tout stoppé. On ne peut pas investir dans un pays où ne règne pas la sécurité. J’attends. Je suis prêt à investir s’il le faut, mais je préfère que le calme revienne.

Si je vous dis ROOTS, cela vous évoque quoi ?

Je connais le magazine depuis longtemps et c’est la première fois que j’apparais dedans. Vouloir valoriser nos pays à travers les anciens royaumes Mandingue, Djolof, Kongo… C’est une très belle initiative et je vous encourage vivement !

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Édition ROOTS n°21 – Spécial Mandé

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#mali #mandé