Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Alain Hamada, 38 ans, je suis d’origine Comorienne. Je suis né à Dunkerque, j’ai fait mes études à Lille et j’habite à Paris depuis 18 ans. Je suis le fondateur de ONZE HOME, un concept store afropolitain.
Revenons sur votre parcours professionnel, et sur ce qui vous a poussé à ouvrir votre concept store parisien ONZE HOME ?
J’ai travaillé 14 ans dans l’aérien, ce qui n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. J’ai voyagé à travers le monde, j’ai “brassé de l’être humain”, ce qui m’a beaucoup plu parce que je suis resté 14 ans dans la même boîte. Je suis passionné par les imprimés africains et, pendant que je travaillais dans la compagnie aérienne, j’ai fait une sorte de “route du wax” : Ghana, Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina..
Après ce périple, je suis arrivé en Indonésie et, de là, mon imagination s’est emportée. Je ne me cantonnais plus seulement à l’idée du wax pour le vêtement, mais je voulais m’en imprégner dans tout ce qui entoure l’univers de la décoration: linge de table, linge de maison, mobilier…
J’ai eu la chance de pouvoir ouvrir une petite boutique, pour tester cet univers afropolitain. J’ai alors réalisé qu’il y avait de nombreuses connections avec la diaspora, mais qu’il n’y avait pas de lieu de vie où regrouper mode, art, déco, tout en échangeant et partageant. Et de là m’est venue l’idée d’ouvrir ce concept store.
ONZE HOME, pourquoi ce nom ?
Quand je suis parti à la découverte du wax, je me suis dit que j’allais réaliser 11 objets par collection et appeler ma marque “Onze”. Cela m’a porté chance et je l’ai finalement gardé le nom. J’ai alors ajouté “Home” pour le côté “Bienvenue à la maison”.
C’est un concept store, mais aussi un lieu de partage, où l’on peut déguster un café 100% africain…
Je travaille avec un partenaire : Les Cafés Coutume, qui nous fournissent les meilleurs grains d’Afrique (Ethiopie, Kenya, Burundi). L’ensemble du processus de fabrication me ressemble. Ils sont très pointus, contrôlent tout, de la plantation à la cueillette, jusqu’à la torréfaction à Paris. Je propose aussi du thé, du Rooibos d’Afrique du Sud, en partenariat avec la marque Cape & Cape. Voici encore l’une de mes touches afropolitaines ! Selon moi, l’Afrique à Paris ou Paris en Afrique, c’est du pareil au même.
Nous entrons dans la période du printemps africain à Paris. Comment expliquez-vous cet engouement pour l’Afrique et que de nombreux porteurs de projets s’orientent comme vous vers des initiatives dites “afropolitaines” ?
Je pense qu’il y a une vraie recherche d’identité, aujourd’hui. Finalement, on s’assume, on est fier de nos origines, fier d’où on vient. Nous sommes à l’heure de la mixité, du mélange et nous aurons
bientôt plein d’enfants métisses. Mon frère est marié à une marocaine et ma soeur est mariée à un français. Nous ne sommes pas que Français ou Africain, nous sommes les deux et il n’y a aucun problème à cela. Comme disait Aimé Césaire : “J’ai des origines, mais qu’est-ce que j’en fais ? ”. Voilà, tout simplement.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres concept stores afropolitains ?
ONZE HOME est le premier lieu qui réunit différents mondes, que ce soit la mode, l’art, le café, dans un même lieu, ouvert de 11h à 19h. On a l’habitude d’aller dans une galerie quand il s’agit de l’art, de ne pas mélanger mode et alimentaire, et surtout il est rare que l’on puisse rester dans un même lieu toute la journée à lire, découvrir, discuter, échanger, se relaxer, regarder la dernière exposition d’un photographe de talent, acheter un teddy de chez Beaurepaire, s’évader… C’est là où réside la différence d’ONZE HOME. Je fais des soirées, des vernissages, certes, mais je suis aussi un lieu de vie en après-midi, ce qui me différencie des autres. Finalement, c’est un espace qui ressemble à tout le monde, cosmopolite.
Quels sont vos projets pour 2017 ?
Je suis aussi créateur, donc je vais sortir ma collection Printemps/Été, ici-même. Je souhaite aussi développer toute la partie galerie. Je veux vraiment me placer comme l’univers afropolitain de référence à Paris. Il y a pas mal d’artistes qui viennent, je veux rester dans la durée et créer de fortes synergies !
Édition : ROOTS n°18
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