MURIELLE KABILE, quand le cheveu devient couture

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Un contrôle d’identité, oh la la je ne suis pas française, je n’ai pas de papier, ça se passe comment (rires) ? Je m’appelle Murielle Kabile et suis d’origine martiniquaise et kabyle. J’exerce depuis un an et demi ma fonction de hair designer. Avant cela, j’étais spécialisée dans la couture cuir, puis je me suis reconvertie dans la coiffure en tant que styliste visagiste. Après avoir obtenu mon diplôme ainsi que mon brevet professionnel, j’ai décidé, depuis peu, de combiner mes deux corps de métier pour n’en lâcher aucun des deux.

Comment a jailli cette idée de faire des vêtements à partir du cheveu ?
Tout simplement parce que je suis passionnée du cheveu, mais avec une vision complètement différente de celle d’un coiffeur en salon.
Ça ne m’intéressait plus du tout de coiffer la clientèle, j’avais besoin de pousser plus loin. Je suis avant tout artiste, j’ai besoin de créer, de faire des choses. Connaissant le cheveu et ses particularités et ayant des notions dans la couture, je me suis dit « autant créer des choses à partir de tout ce que je maîtrise ».

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Comment définiriez-vous vos créations ?
Comme de l’art, tout simplement. C’est vrai que l’on a du mal à me définir, car ce sont des cheveux, mais en même temps, j’habille les personnes. On me demande souvent si ce sont des coiffures ou des vêtements, mais ce n’est ni l’un ni l’autre. Pour moi, ce sont des sculptures ou des objets d’art, au choix.

Y a-t-il quelqu’un ou quelque chose en particulier qui vous inspire ?
Personne en particulier. Je m’inspire de tout et de rien, de tout ce qui m’entoure. J’ai un coup de cœur pour Alexander McQueen, j’adore son travail. En dehors de lui, lorsque j’ai commencé à croi-ser le cheveu et la mode, j’ai regardé s’il y avait d’autres créateurs dans mon domaine et je suis tombée sur Charlie Le Mindu, un Français parti à Londres et qui a pu habiller Lady Gaga à plusieurs reprises.

Comment procédez-vous pour réaliser vos créations ?
Il faut savoir que je ne dessine pas mes créations, car je n’aime pas cela. Ce sont vraiment des flashs ou coups de cœur, à l’instant présent.

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Si vous voulez, je confectionne d’abord la base, puis je la moule sur un buste. Je n’imagine rien de spécial au début et je laisse la transformation s’opérer au fur et à mesure que mes idées se construisent.

Quels sont vos projets pour 2017 ?
Je ne sais pas si je dois les donner (rires), je pense qu’il faudra patienter pour avoir des informations supplémentaires. Dans l’immédiat, je savoure ma toute première exposition dans une galerie d’art à Paris en janvier 2017. J’ai déjà exposé à Milan, fait des fashion weeks à New York et Milan également. J’aimerais continuer dans ce milieu car j’estime que mon travail a plus vocation à être exposé en galerie qu’à être simplement disposé dans des showrooms ou lieux plus basiques. Mon but serait donc de continuer dans cette voie et de continuer à faire des expositions. Et pour le reste, il faudra me suivre.

Sonia Rolland était d’ailleurs la marraine de votre exposition. Comment s’est déroulée la collaboration ?
Sonia connaissait déjà mon travail et a été charmée par l’idée du vernissage dans la galerie Dulon, sachant qu’ils sont amis. Elle a eu un coup de coeur pour mon travail et a accepté d’être là marraine.

Un message pour les jeunes créateurs qui veulent se lancer ?
Je leur dirais de croire en soi, de ne rien lâcher. Surtout, ne pas trop écouter l’avis des autres qui n’auront pas forcément le même regard que nous. Généralement, on est mal jugé par ceux qui ne sont pas artistes car les gens ne vont jamais chercher à comprendre. Ils ne comprendront que lorsqu’il y aura la réussite et là, ils admettront le succès. Mon conseil est donc de ne vraiment rien lâcher et d’y croire jusqu’au jour où vous atteindrez votre but !

Si je vous dis le mot “Roots”, cela vous évoque quoi ?
Tout d’abord, la femme noire, ethnique et tout ce qui entoure l’Afrique évidemment. C’est aussi la mise en avant de nos valeurs et de nos talents, voilà ce que m’inspire “Roots”.

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Édition : ROOTS n°18