STEEVEN KODJIA : Le tayloring urbain

Contrôle d’identité s’il vous plait ?
Je m’appelle Steeven Kodjia , j’ai 36 ans, je suis d’origine Ivoirienne et je suis le co-fondateur de la marque French Deal.

Quel est la génèse de la marque ?
French Deal est né il y a maintenant une dizaine d’années. C’était un projet que j’avais en tête, mais que je n’avais pas mis en action. Au début, j’ai sorti mes premières esquisses de t-shirts, mais ce n’était vraiment pas quelque chose de sérieux. C’est réellement devenu professionnel il y a 5 ans. 5 premières années à tâter le terrain, à tenter des choses et à réfléchir au projet, suivies de 5 années de mise sur le marché de la marque.

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Quel est l’A.D.N de la marque ?
C’est du tayloring urbain. Tayloring car nous avons une partie costume qui commence à émerger, avec du “sur-mesure”. Urbain, car le hip-hop est l’A.D.N de la marque. Nous sommes sur des produits haut de gamme qui promeuvent une image sportive et entrepreneuriale.

Ta gamme de prix s’inscrit dans une démarche ultra premium. Quel est ton public cible ? Les sportifs de haut niveau ?
Les gens peuvent parfois s’inquiéter par rapport à ma cible, mais c’est une marque haut de gamme comme toute autre. Je pense qu’il n’y a pas que les sportifs de haut niveau qui consomment du luxe, même s’il est vrai que l’on peut voir sur notre site internet qu’on habille énormément de champions. Plus la marque grandit, plus son réseau grossit et nous attirons d’autres catégories socio-professionnelles : des chefs d’entreprise, des professions libérales… Mais globalement, notre clientèle cible est l’homme de 30-40 ans, actif et qui tend vers l’excellence.

Tu déclines tes collections sous forme de volumes, comme des albums musicaux… Peux-tu nous présenter ton dernier volume ?
Il s’agit du volume 3. Je pense que c’est la concrétisation d’un long processus créatif, c’est la continuité du volume 1 et du volume 2.
Dans ce volume 3, je m’exprime beaucoup plus librement artistiquement. Je suis vraiment allé au bout de mes idées. Quand on commence le développement d’une marque, on ne peut pas tout faire en même temps, on y va étape par étape. Avec ce volume 3, ma personnalité ressort beaucoup plus et ma fibre artistique est plus complète. On y retrouve les 3 parties qui retranscrivent l’univers French Deal : l’urbain streetwear haut de gamme, le sportswear et le tayloring.

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Quels ont été tes inspirations pour la création de ce nouveau volume ?
Je puise mon inspiration dans la culture hip-hop, mais aussi dans ma culture africaine. Sur la collection du volume 3, cela me tenait vraiment à cœur de puiser dans ma culture et mettre en lumière le savoir-faire africain. On peut donc y retrouver du made in Africa avec une superposition et un assemblage de broderies que j’ai fait sur une chemise et j’en suis très fier ! J’ai appelé cette chemise “Héritage” et ce sera l’une de mes pièces phares.

Tu as inauguré un tout nouveau showroom parisien…
Avec ce showroom, on pose les fondations de la marque. Elle devient plus “palpable” aux yeux du public, c’est le lieu parfait pour recevoir notre clientèle car nous fonctionnions, auparavant, majoritairement sur le système de ventes privées. Cela marque un tournant dans l’histoire de French Deal.

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Tu reviens récemment d’une tournée promotionnelle à Abidjan…
Je suis très attaché à l’Afrique et, aujourd’hui, je développe un produit qui peut s’exporter partout dans le monde. Pour moi, c’était non seulement une vision, mais aussi un rêve, de présenter mon travail dans mon pays. Je pense qu’on le sait tous : les Africains aiment la mode, les Africains consomment du luxe et je vais même dire mieux : les Africains sont les premiers ambassadeurs de beaucoup de marques de luxe. Je n’ai pas voulu attendre que les Africains voyagent à Paris pour accéder au luxe, mais j’ai préféré partir à leur rencontre directement.
L’objectif, à terme, serait d’ouvrir un showroom à Abidjan ou même une boutique en propre, développer des opportunités, faire des ventes privées…
En somme, reproduire en Afrique ce qu’on fait régulièrement aux États-Unis et en Europe.

Si je te dis “ROOTS”, cela t’évoque quoi ?
Courage et persévérance !

Par Michael Kamdem
Édition : ROOTS n°19