MALICK SIDIBÉ x SALIF KEÏTA : Portrait Croisé

Le Mali a vu débuter deux des plus grands photographes africains du XXè siècle : Seydou Keïta, né en 1921 à Bamako, et Malick Sidibé, né 15 ans plus tard en 1936, dans la région de Soloba.

seydou-keitas-stunning-portraits-of-malian-youth-were-almost-lost-forever-body-image-1459453083

Comment débute la photographie ?

Tous deux se démarquent comme des portraitistes. Seydou Keïta est un autodidacte qui rencontre la photographie à tout juste 14 ans. C’est à 19 ans que Malick Sidibé apprendra le métier de façon minutieuse et structurée auprès de Gérard Guillat-Guignard, dit « Gégé la pellicule ». Ces deux photographes seront « révélés » plus tard, en 1990, par André Magnin.

Malick-Sidibe-l-expo-qui-va-vous-rendre-joyeuses

Leur particularité en tant que photographes

Seydou Keïta utilise un appareil photo grand format et travaille  principalement à la lumière naturelle, tandis que Malick Sidibé a une préférence pour les photos réalisées en studio car elles sont pleines de malice.

seydou

malick_sidibe_assitan_sidibe_in_marni_and_christian_lacroix_

Quelle est leur personnalité ?

Vu comme un artiste des milieux populaires, Malick Sidibé est le type de photographe qui collectionnait soigneusement ses négatifs. Pour lui, la satisfaction du client est plus importante que l’argent. Il est le premier Africain a être récompensé par le Lion d’or de la Biennale de Venise et la plupart de ses travaux sont exposés dans les musées les plus prestigieux. Seydou Keïta, quant à lui, est considéré comme le photographe de la haute société malienne. C’est le premier photographe africain qui verra ses travaux exposés au Grand Palais de l’Elysée.

sk3

Comment voient-ils ce métier ?

Pour Seydou Keïta, la technique de la photo est un art. En effet, il estime qu’en trouvant la bonne position du corps ou des mains, on est capable d’embellir quelqu’un. Alors que pour Malick Sidibé, l’instant magique en photo commence lorsque les corps en équilibre sont soudain symétriques.

sk

Les difficultés du métier ?

D’une part, pour des raisons économiques, les photographes étaient contraints à réaliser un nombre limité de clichés ce qui, de facto, réduisait leur expression artistique. D’autre part, il leur a fallu attendre d’être « révélés » par des Occidentaux pour commencer à exister sur la scène internationale.

Par Marie-Pierre Boulé

Édition ROOTS n°21 – Spécial Mandé