Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Coudou Marcel, je suis né le 16 janvier 1978 en Côte d’Ivoire. Originaire du 91, j’y ai réalisé tous mes arts. Je suis connu par le grand public sous le nom de Tonton Marcel, mais on m’appelait comme ça bien avant que je ne sois connu.
Avant de passer à la face cachée de Tonton Marcel, peux-tu nous parler de ton arrivée dans le milieu du Rap ? Comment l’aventure a t-elle commencé ?
L’aventure a débuté après mon retour des États-Unis. J’avais trouvé du travail chez un grand chef parisien en tant que chef de partie à Paris. Un jour, des petits sont venus chez moi me demander si je connaissais un site de rap qui s’appelle Booska-P et m’ont expliqué le con- cept “Filmer des rappeurs des quartiers”.
Ça a été une inspiration. Étant donné que je ne travail- lais pas les soirs, il fallait que je trouve une occupation. Je suis allé à Darty de l’Agora à Evry et j’ai volé une caméra (rires). J’ai commencé à filmer tous les premiers rappeurs et c’est ainsi que NDaHood a été créé.
Donc c’est à partir de ce moment là que ton activité a débuté ? Sur quelle plateforme publiais-tu tes vidéos ?
Je suivais les rappeurs mais je faisais à peine 1 à 10 vues sur mon site. Je ne mettais pas sur YouTube, j’avais mon propre serveur avant que You- Tube ne se développe. D’ailleurs, je le payais assez cher ce serveur mais je commence à récupérer mon argent (rire). J’ai ouvert mon site en 2007- 2008, les rappeurs étaient réticents, c’était nouveau, il n’y avait pas de publicité autour et personne n’entendait parler de ce site. C’était un peu difficile pour moi mais grâce à Dieu, j’ai pu grimper avec les rappeurs de mon coin tels que Sinik, Ol Kainry, Diam’s, OGC… Puis, il y a eu une grosse embrouille entre Rohff et Jo Dalton et Jo Dalton n’avait pas en- core donné une interview contrairement à Rohff.
À ce moment là, je me suis dit que c’était avec cela que j’allais faire car- tonner mon site. Mon grand frère était très connu dans le milieu du Rap et un très bon ami de Jo Dalton et Jean Gabin. À l’époque, il faisait parti des « Black Dragon » donc il côtoyait beaucoup Joey Starr, Kool Shen…
Il m’a dit : « vas voir Jo Dalton, il va te parler de son histoire avec Rohff et après tu le balances sur ton site ».
Je me suis dis : « si je mets l’interview sur mon site, comment vais-je le faire exploser et avoir plus de visites ? ». J’ai mis 2 à 3 minutes d’interview sur Dailymotion et j’ai dis : « la suite en exclusivité sur NDaHood » et de là, tout le monde a commencé à m’appeler pour que je filme untel ou untel…
Tu as vu la scène Hip-Hop évoluer, l’apparition des différents mouvements musicaux. Quelle est pour toi la période la plus forte de l’histoire du Hip-Hop ?
Je ne peux pas dire qu’il y a une période forte du hip-hop mais qu’on s’adapte parce que nous qui avons la trentaine, avons aimé les rappeurs tels que Passi, Dog Gyneco, Arsenic mais il ne faut pas ou- blier qu’il y a aujourd’hui des rappeurs qui nous enjaillent comme les anciens tels que Gradur, MHD, PNL. Les rappeurs d’aujourd’hui font plus d’argent que ceux d’avant pourtant les anciens rappeurs ont vendu plus de disques que ceux d’aujourd’hui.
Quel artiste a été ton coup de coeur ?
Gradur, dès que je l’ai filmé, j’ai directement ressenti le potentiel. J’ai été le premier à filmer plusieurs rappeurs notamment grâce à Bartley tels que Niska, Sexion D’assaut, Maitre Gims, MZ ou encore Black M.
Il y a le Tonton Marcel NDaHood et le chef cuisinier. Peux-tu nous raconter ton cursus dans la gastronomie ? J’ai atterri par hasard dans la cuisine française, un monsieur qui me voyait traîner m’a proposé d’avoir un apprentissage dans la restaura- tion. Il m’a aidé à trouver une école de cuisine (CFA) et un patron, je lui en serai toujours reconnaissant.
Par la suite, j’ai vécu chez Anne-Marie Degène, une dame extraordi- naire qui est devenu comme ma grand-mère et grâce à elle, j’ai vrai- ment la tête sur les épaules et je suis devenu un homme. Elle tenait un grand restaurant de gastronomie française là où j’ai notamment effectué mon stage d’apprentissage. Je cuisinais pour de grandes per- sonnalités comme Jacques Chirac et son gouvernement , Jack Toulon ou encore Liliane Bettencourt qui voulait d’ailleurs me prendre chez elle en tant que cuisinier particulier. J’ai été plus élevé aux coquilles saint Jacques, magret de canard et foie gras qu’au mafé, au thieb, etc. D’ailleurs j’ai une anecdote concernant Jacques Chirac qui un jour avait laissé 22 000 francs de pourboire et je n’oublierai jamais que c’est avec cette somme que je me suis acheté mes premiers survêtements Lacoste. A cause d’un chagrin d’amour, je suis allé travailler aux États- Unis à Denvers dans le Colorado.
Donc si je comprends bien ton parcours, tu t’es spécialisé en gastronomie française ?
Oui et dès mon retour en France, j’ai travaillé dans deux grands res- taurants du 5ème arr et du 92. Dans ce milieu, la concurrence est rude,
un grand jeune black qui parle bien anglais, il y avait de quoi me faire du tort. J’ai fini par travailler 10 ans dans le restaurant Le Pré Verre des frères Pourcel, pour finir dans le restaurant halal d’un ami. Actuellement, je me repose avant de reprendre parce que j’attends un enfant avec ma nouvelle petite amie.
As-tu l’envie d’ouvrir ton propre restaurant ?
Récemment, lors du Hip-Hop Live à la Cigale, Mac Tyer me disait: “Mais Tonton, tu es connu, ouvre ton propre restaurant, tu vas car- burer” (rire). Là, je cogite, je réfléchis de plus en plus à faire un bon business plan pour lancer mon activité.
Quel serait pour toi le restaurant parfait? Une cui- sine fusion, africaine ou française ?
Pour un début je commencerais avec de la gastronomie française puis au fur et à mesure j’introduirais ma culture avec de la gas- tronomie africaine.
Ouvrir un restaurant et revisiter les plats africains est une bonne idée mais pas tout de suite, il faut savoir la ramener doucement.
Ton astuce culinaire ?
Je suis un mec qui aime bien toucher à tout, mais j’adore le cumin comme épice, ça se marie avec tout.
Qui est, selon toi, le chef réference ?
Ma grand-mère Ange-Marie Degène, elle m’a toujours épaté et surpris par sa cuisine, elle est connue et respectée dans le milieu car elle a du talent.
Si je te dis ROOTS, cela t’évoque quoi ?
Quand j’entends ROOTS, je pense au magazine, à la communauté black, africaine et surtout à la générosité.
Édition : ROOTS n°16
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