TAMARA SALAWA : Fondatrice de Afro.Care

Le beau cheveu n’est pas lié à une ethnie ou un métissage particuliers. La seule façon de sublimer son cheveu est de le connaître.

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Tamara Salawa, 32 ans, je suis d’origine congolaise et j’habite en Belgique. Je suis la fondatrice de la marque de cosmétiques
capillaires Afro.Care.

Revenons sur votre parcours…
Je suis diplômée de gestion hôtelière, mais je n’ai jamais vraiment travaillé dans ce secteur. Je me suis dirigée vers une voie plus commerciale. Actuellement, je suis tender specialist pour une société médicale. Le tender specialist a un rôle clef dans le cycle de vente. Sa participation permet d’obtenir un trajet sans faille dans le processus d’offres.

Pourquoi avoir créé AfroCare ?
Cela a commencé en 2016, tout d’abord par un questionnement. À l’âge adulte, j’ai réalisé que je ne connaissais pas mes cheveux et ne savais pas comment les soigner. En partageant ce constat autour de moi, je me suis rendue compte que plusieurs personnes rencontraient cette même difficulté. De là, j’ai démarré mon travail de recherches, pour moi mais aussi pour les gens qui m’entourent. Apprendre à connaitre le cheveu crépu, savoir comment les soigner avec des produits naturels. Nous n’avons pas beaucoup de représentation de la beauté de la femme noire naturelle. Quand on voit une femme noire dans les médias, très souvent elle aura une perruque ou les cheveux lisses, défrisés ou, dans tous cas, dénaturés. Avec ce qu’il y a dans la nature, on doit pouvoir se soigner et en faire profiter notre communauté. J’ai commencé mon parcours capillaire en 2011. De 2011 à 2016, l’offre en Belgique était très faible, voire inexistante. Il fallait vraiment fouiller et, le plus souvent, c’était des produits qui venaient des États-Unis. De même, quand on allait chez des professionnels de la coiffure, on était confronté à de l’ignorance parce qu’on vient avec nos cheveux naturels et on nous explique qu’il faut défriser. On n’avait pas réellement d’alternatives.

À quel moment vous êtes-vous dit que vos recherches avaient suffisamment abouti pour proposer un produit ?
En 2016 justement, j’ai commencé à partager mon expérience, à faire des workshops. Et durant ces workshops, j’expliquais ce que faisais, ma routine capillaire et les produits que j’utilisais et qui étaient faits main, à la maison. J’ai amélioré mes compositions en suivant des cours en ligne de préparateur en cosmétiques naturelles. Certaines ont testé et j’ai eu des retours extrêmement positifs ! Je me suis alors dit que je pourrais aller plus loin en créant ma propre marque.

Décrivez-nous la gamme de produits proposée.
C’est une gamme qui se compose de 7 produits.
Il y a 2 shampoings, 2 crèmes, 1 lotion coiffante, 1 spray démêlant et 1 sérum actif plus. C’est une gamme qui peut s’utiliser quotidiennement et réalisée avec des produits à base d’ingrédients 100% naturels. On peut utiliser les produits individuellement ou en complémentarité pour avoir une routine capillaire qui permette de garder l’hydratation dans les cheveux, la nutrition et qui permette de faciliter le coiffage et l’entretien. C’est ce qui est la clé d’une belle chevelure. Il faut une routine qui tienne et qui soit simple à appliquer à long terme, car bien souvent c’est cette supposée rigueur qui freine les envies : « Le cheveu afro ça prend du temps et je n’en ai pas ». Afro.Care permet de soigner chaque jour les cheveux de façon simple et efficace.

Un message à adresser aux femmes qui seraient encore réticentes à arborer leur chevelure afro ?
Je leur dirais qu’elles sont nées comme cela. C’est une sorte de développement personnel. Quand on apprend à accepter ses cheveux, peu importe si on veut les lisser, les défriser ou mettre un tissage. L’important est de connaître son cheveu et d’avoir le choix. Mais pour être au plus proche de ce que la nature nous a donné, il me semble plus logique de chercher à valoriser notre cheveu au naturel. Il faut bien retenir que le beau cheveu n’est pas lié à une ethnie ou un métissage particuliers. La seule façon de sublimer son cheveu est de le connaître.

Continuez-vous les coachings auprès de vos proches ?
En effet, Afro.Care, ce n’est pas seulement une marque de cosmétiques. C’est aussi de l’accompagnement qui consiste à aider les personnes à faire leur transition capillaire. Les aider à se connaître, pas à pas. Il peut s’agir d’un premier big shop ou alors de personnes qui ont fait le pas du naturel parce que c’est la tendance mais qui n’ont pas encore accepté ou bien assimilé ce
retour au naturel. Il y a deux formules : des coachings individuels ou alors des workshops d’une dizaine de personnes. J’en ai fait pour enfants & parents, pour femmes, pour pères et filles. C’était d’ailleurs très intéressant de voir les pères se soucier de la santé capillaire de leur enfant. Avant la crise du corona virus, j’essayais d’en faire un par mois. Mais, désormais, j’aimerais pouvoir également proposer des coachings lives sur internet pour aider les consommatrices à obtenir des résultats et tenir leur routine
capillaire.

Quels sont vos objectifs de développement ?
Expansion vers la France et l’Afrique. À long terme, construction d’une communauté forte qui établit la femme noire dans tout ce qui est l’art d’accepter ses cheveux, de connaître ses cheveux et qu’elle est belle comme elle est. Je lisais encore récemment que ça pouvait être un obstacle dans le monde du travail. Quand on aura posé cette communauté de femmes qui s’affirment et s’assument alors le cheveu afro deviendra une normalité, même sur n’importe quel lieu de travail.

Que représente le Congo pour vous ?
C’est tout d’abord une attache familiale car je suis née au Congo et une partie de ma famille y réside encore. Avec Afro.Care, je suis dans une démarche de transmission de valeurs. La population du Congo est jeune et cela résonne forcément pour moi. J’ai cette envie de transmettre cette connaissance du cheveu à la jeunesse du Congo. Ils sont l’avenir de demain. Plus ils seront renseignés sur eux-mêmes, plus ils auront la possibilité de faire les propres choix.

Où trouver Afro.Care ?
On peut nous retrouver sur sur le site internet www.afrocare.be et sur les réseaux sociaux, Instagram et Facebook. Nous avons également 2 points de vente sur Bruxelles, et nous espérons en compter de nouveaux en France et en Afrique. Nous étudions actuellement quelques pistes du côté de Lumumbashi.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?
Je dis « ancêtres » et « attaches ».

Édition ROOTS spéciale Afrique Centrale