Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Sindanu Kasongo, 47 ans, Congo RDC, Responsable Programmes et Antennes de BET France / Journaliste.
Revenons rapidement sur votre background et comment vous vous êtes retrouvé à la direction de BET France ?
Après mes études de journalisme à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique, je suis venu à Paris. J’ai écrit pour la presse papier
(RER, R&B Mag et RAP MAG), le web (Booska-P, la rubrique hebdomadaire dédiée au Hip-Hop aux Inrockuptibles.) de la radio
(Générations 88.2, Mouv’) et depuis 2006 je tiens un blog : LeBlackEtLaPlume.com.
Si vous deviez vous définir en 3 mots ? Avez-vous un mantra particulier ?
Passionné, bienveillant, curieux.
C’est une phrase d’un executive du rap américain Kevin Liles :
“Embrace your struggle because at least you own them”
Quel a été votre ordre de mission à la tête de BET France ?
Il y avait plusieurs ordres. D’abord, le basique pour mon métier :
identifier les programmes forts et organiser une grille des programmes efficaces. Ensuite, créer un lien avec le potentiel public français et l’Afrique francophone. Enfin, développer la chaîne en audience et en popularité.
Avez-vous un agenda ou une envie de développement précise sur le territoire français ?
Bien sûr. La chaîne est déjà disponible gratuitement sur toutes les boxes françaises. L’objectif est que tout le monde sache cette info. J’aimerai à terme produire et diffuser une fiction française BET avec un cast afro descendant. En attendant, on passera je pense par la case documentaire….
On sait la diaspora très influencée par le lifestyle américain. Quels ponts existent-ils ou comptez-vous créer entre l’entité américaine et la française que vous dirigez ?
Au delà de la diaspora, la France, le monde est influencé par la culture et le lifestyle américain. Ce que j’ai découvert en travaillant chez BET c’est que cette influence n’est pas si grande que ça en France.
Il y a une vraie barrière de la langue : la France est un des pays les plus « réfractaires » à l’anglais. Dans notre cas, la culture noire américaine, la masse connaît les grands noms (50 Cent, Will Smith, Beyoncé etc) mais pas plus. Or BET propose plus que cela : du gospel, des séries de Tyler Perry, des documentaires sur des labels de musique, etc. Mon objectif est d’amener « la masse » à s’intéresser en profondeur à cette culture.
BET est une success story d’un noir américain. Nous sommes dans une édition spéciale Black excellence. Que signifie cette expression pour vous ? Mythe ou réalité en France ?
Aux Etats-Unis, c’est une « idéologie » (le capitalisme noir qui si je grossis le trait considère qu’en accédant aux privilèges les Noirs sortiront de l’oppression) qui ne me convainc pas complètement mais c’est un autre débat… C’est évidemment un mythe en France. Nous, la diaspora possédons un avantage que n’ont pas nos frères Noirs Américains : nous avons encore un lien direct avec le continent. Si ce lien n’est pas entretenu et cultivé, nous courrons à notre perte.
Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ?
Parlez à vos parents qui ont grandi et vécu en Afrique et ou dans les Caraïbes. Parlez à vos tantes, oncles et grands-parents : ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Relisez ou lisez les écrits d’intellectuels africains et caraïbéens. Connaître et maîtriser son histoire est le meilleur moyen d’affronter le présent et d’aborder le futur.
Originaire du Congo, cela représente quoi ?
Cela représente beaucoup de choses. Evidemment ma famille, mon grand-père, Joseph Kasongo était un compagnon de Patrice Lumumba et premier Président de la Chambre des représentant. C’est aussi le souvenir de vacances à Kinshasa avec mes cousines et cousins et dans le futur le besoin d’ apprendre la langue de mon père le swahili, pour l’ enseigner à ma fille.
Si je te dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Le générique de la série culte Racines : la saga d’une famille africaine, de la déportation depuis la Gambie aux plantations du Sud esclavagiste.
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