Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Mercédès, j’ai 35 ans, je suis Congolaise de Brazzaville et je suis créatrice de la marque Lydie Lendé.
Peux-tu nous raconter l’historique de la marque ?
Tout a débuté il y a 3 ans maintenant, en 2015, mais cela restait un rêve de petite fille. Depuis l’âge de 13 ans, déjà, je dessinais mes propres croquis, c’était comme une évidence. Puis, au lycée, alors que j’avais décidé de devenir styliste, les conseillères d’orientation, voire de désorientation (rires), ont tout fait pour dissuader ma mère en lui expliquant qu’il s’agissait d’un métier très difficile d’accès. J’ai donc dû choisir une carrière de « secrétariat », à l’instar de mes grandes soeurs. Après mon bac, je suis partie vivre en Angleterre pendant 1an. Je suis revenue à Paris où j’ai commencé des missions intérimaires dans le milieu de la banque. J’ai pensé que je m’y ferai avec le temps… Au bout de 10 ans, j’y étais encore, mais cela servait juste à payer les factures et subvenir à mes besoins. À 30 ans, je me suis dit : « Soit tu montes en grade, soit tu changes ». Un jour, en 2013, en marchant dans la rue, je tombe sur une grosse affiche du Labo International et j’y lis : « Conférence : Comment créer sa marque ? » et là, ce fut mon déclic ! J’y ai rencontré beaucoup d’intervenants qui m’ont encouragés et inspirés ! Et c’est ainsi qu’est née Lydie Lendé.
Pourquoi ce nom “Lydie Lendé” ?
C’est une combinaison du 2ème prénom de ma mère, Lydie, et le nom de ma tante, Lendé, qui est décédée il y a 30 ans. Il s’agissait de 2 femmes vraiment très coquettes ! Je les ai toujours
observées lorsqu’elles s’habillaient ou se coiffaient. Nous, les Congolais de Brazza, on n’est pas très wax, ma mère s’est toujours habillée de manière européenne, très chic, élégante… de belles robes, de belles coiffures, de belles chaussures à la Romy Schneider… J’ai voulu leur rendre hommage car, sans elles, je ne serai pas la Mercédès que je suis aujourd’hui.
Quelles ont été tes inspirations ?
J’ai été fortement inspirée par Gianni Versace, c’était l’un de mes créateurs coup de coeur. Quand Gianni est décédé, je me suis vraiment demandée qui allait le remplacer dans mon estime
artistique.
Si tu avais une baguette magique, qui serait l’égérie parfaite pour ta marque ?
Mary J. Blige. C’est l’une des chanteuses afro-américaines qui, dans notre jeunesse, nous a tous inspirées, nous les Africaines de Paris, de France même ! Dès qu’elle sortait un style, une nouvelle coiffure, on était toutes derrière elle à la suivre: c’était une référence ! Et même aujourd’hui, elle reste classe, élégante et pas du tout vulgaire.
Que représente le Congo dans la personne que tu es devenue ?
Le Congo, c’est mes racines ainsi que celles de mes parents. Je connais le Congo de par toutes les histoires que ma mère m’a racontées, ayant elle-même quittée ce pays à l’age de 27 ans. Elle m’a tout transmis de la culture congolaise : la sape, la musique, les danses, les histoires, la nourriture, la langue… De plus, elle organisait énormément de fêtes et j’ai toujours eu les tontons qui venaient avec leurs anecdotes du pays ! C’est à travers tout ce monde que j’ai appris à connaître d’où je viens et qui je suis, mais je dois encore me faire ma propre opinion.
Quelles sont les projets pour 2018 ?
Un défilé au Maroc, un défilé en Italie ; l’implantation de la marque sur des boutiques londoniennes ou parisiennes ; la finalisation d’un meilleur site internet ; le développement d’une ligne dédiée à la gente masculine, ainsi que la réalisation de mon propre show en septembre.
Édition ROOTS spéciale Kongo
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