Éponyme du prénom de sa mère, Dido Elizabeth Belle est née d’une union entre une esclave africaine vivant à Trinidad du nom de Maria Belle et de l’amiral Sir John Lindsay. Aux côtés de son père, elle quitte les Antilles et rejoint l’Angleterre.
Elle sera élevée par sa famille paternelle et logera dans leur domaine à Kenwood House. Elle rencontrera et vivra avec sa cousine Lady Elizabeth Murray, du même âge. En grandissant, Dido deviendra la dame de compagnie de sa cousine, puisque dans une position comme la sienne, fille d’une esclave, elle n’est pas considérée comme une femme totalement libre.
Elle vit telle une aristocrate mais, paradoxalement, ne participe pas à tous les dîners où se retrouvent des « personnalités » importantes. Une sorte de racisme semble se dissimuler au sein de la société anglaise qui côtoie sa famille.
Lors du mariage de sa cousine, Dido Elizabeth prend la responsabilité des chantiers laitiers et avicoles de la maisonneraie de Kenwood. Elle devient même la très proche conseillère et collaboratrice de son oncle Lord Mansfield. Elle est rémunérée à hauteur de 30 livres par an, trois fois plus que d’autres travailleurs, ce qui requalifie son statut. Elle n’est pas une domestique et encore moins une esclave.
À la mort de son père et de son grand-oncle, elle héritera d’une petite fortune et se mariera à son tour avec le Français John Davinier. Ils auront ensemble trois enfants.
Selon sa légende, Dido Elizabeth aurait agi de près – ou de loin – au début de l’abolition de l’esclavage. Si l’on en croit les coulisses de l’affaire Somerset*, sa condition de femme noire dans l’aristocratie blanche a permis que tout esclave fugitif soit libre sur le sol anglais. En effet, qu’une Noire vive aux côtés d’un membre de la cour et se fonde à merveille dans la société anglaise a donné davantage de poids aux argumentations des anti-esclavagistes du milieu du 18ème siècle.
Très discrète, mais remarquable, Dido Elizabeth Belle a su s’imposer dans les arcanes de l’aristocratie blanche de l’époque. En mettant en avant ses capacités intellectuelles et sa présence distinguée parmi eux.
À n’en pas douter, une figure iconique de son ère !
*Somerset v Stewart 98 ER 499 est un jugement de la Cour anglaise du Banc du Roi en 1772, relatif au droit d’une personne asservie sur le sol anglais de ne pas être expulsée de force du pays et envoyée en Jamaïque pour être vendue.
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