KOFFI & DIDI STONE La dynastie Olomidé

Si je n’étais pas Koffi, je serais peut-être jaloux de Koffi. Que les gens ne perdent pas patience, rien sur Terre n’est éternel, je cèderai un jour la place…

Capture d’écran 2021-01-13 à 15.37.43

Être de retour en concert, en France, après plusieurs années… Est-ce une étape importante dans la carrière du « nouveau » Koffi ?
J’ai souffert 10 ans pour moi et pour les gens qui m’aiment. Ce concert sera le concert de ma vie, probablement l’un des derniers grands concerts majeurs que je ferai. Quand je vais annoncer l’ouverture de la billetterie, J’invite tous ceux qui me suivent et m’encouragent, depuis toujours, à ne pas hésiter à prendre leur place, car ce sera un show grandiose ! Ce sera le concert de ma vie. C’est un moment unique que j’étais désespéré de retrouver et que je demanderai à Dieu de bénir.

Ce show magistral à l’U Arena sera une revue de toute votre carrière. Y a-t-il des guests attendus ?
Bien sûr, j’espère avoir Davido, Charlotte Dipanda, Ninho, et bien d’autres… Et j’inviterai tout le Quartier Latin !

kd3

Vous êtes considéré comme l’une des icônes all time de la musique africaine. Depuis 5 ans, en France, la musique urbaine est dominée par des artistes originaires du Kongo (Gims, Youssoupha, Dadju, Ninho, Niska, Naza, Hiro, Kalash Criminel…). Les considérez-vous comme vos héritiers, comme un prolongement de ce à quoi vous avez œuvré ?
En quelque sorte oui. C’est la confirmation de la suprématie de la musique congolaise. Je l’ai toujours dit : « le Congo est la maternité de la musique africaine ». Il n’y a pas un artiste africain qui ait fait de la musique sans jeter un œil, à un moment donné, sur la musique des Congolais. Je le dis sans ironie, sans méchanceté, c’est simplement la vérité. Notre papa Manu Dibango, originaire du Cameroun, aurait pu le confirmer. Lui-même était passé par le Congo à un moment de sa vie. Notre musique est incontournable.

Vous êtes de retour sur scène, après des années de tentatives de boycott de concerts congolais en Europe. Un mot sur Les Combattants ?
Avec l’affaire des Combattants, nous avons connu 15 ans d’impasse, nous étions en off. Cela commence à revenir. Tout le monde a demandé aux Combattants d’être réalistes. Admettons qu’on supprime la musique congolaise et donc les musiciens congolais, vous pensez réellement que les problèmes du Congo seront réglés ? Je ne crois pas. Ce sont les politiciens qui ont fait des actions qui ont desservi le Congo, en signant des contrats nous contraignant, qui ont la responsabilité du sort de notre pays. J’aime profondément le Congo et nous méritons un meilleur sort. Nous sommes potentiellement l’un des pays les plus riches au monde : le cobalt, l’uranium, les diamants, l’or, tout. Pourtant, nous sommes parmi les derniers pays au monde dans tous les classements. C’est incompréhensible. Dès lors que les Combattants auront compris que nous, chanteurs, n’y sommes pour rien, tout ira mieux. Je pense qu’il n’y a pas de pluie sans fin, ce mouvement ne pourra pas durer éternellement car l’activité culturelle des artistes du Congo doit reprendre. Et puis, pour conclure, je tiens à rappeler qu’il n’y a pas un seul pays en Afrique où il n’y a pas de problèmes. Jamais les artistes des ces autres pays n’ont été menacés ou boycottés. Par conséquent, ne soyons pas trop durs avec nous-mêmes.

kd4

Le temps semble ne pas avoir d’emprise sur vous. Quel est votre secret de longévité ?
C’est le cœur. Je ne fais rien sans amour, je ne fais rien sans aimer. Chanter, c’est laisser parler mon cœur. En plus de cela, j’ai un immense respect pour mon public, ceux qui m’ont soutenu partout. Certains font de la musique parce qu’ils veulent devenir quelqu’un d’autre, copier celui qui a du succès. Dieu sait si moi, son fils Koffi, je suis correct et sincère. Je suis souvent mal jugé. Je suis depuis longtemps en haut de l’affiche et je comprends que cela puisse en irriter plus d’un, nourrir des rancoeurs. Parfois, je me dis que si je n’étais pas Koffi, je serais peut-être jaloux de Koffi. Que les gens ne perdent pas patience, rien sur Terre n’est éternel, je cèderai un jour la place…

Un son a particulièrement « chauffé » durant l’année 2019 : votre featuring avec Singuila, “La femme de quelqu’un”. Racontez-nous cette collaboration…
Un jour, Singuila m’a envoyé une musique. J’ai aimé la mélodie. Comme je vous le disais tout à l’heure : chanter, c’est laisser parler mon cœur. Ce que vous avez écouté sur YouTube représente un peu moins de la moitié de ce que j’avais chanté, du début à la fin, pendant 4 minutes. Ceux qui ont entendu l’intégralité de ma partie regrettent que cela ne soit pas sorti. Singuila a écouté et semblait embarrasser de devoir choisir car il trouvait aussi que tout était bon, mais je lui ai laissé le mot final. C’était lui l’initiateur de l’affaire alors il fallait qu’il choisisse. Singuila m’a expliqué le thème de la chanson et je me suis mis à chanter avec une facilité déconcertante. J’étais comme un surfeur dans l’eau, sur les plages d’Australie, les vagues m’emmenaient. C’est un morceau qui restera dans l’histoire, certains appellent cela un « collector ».

Un numéro spécial Afrique Centrale, où vous partagez la cover avec votre fille Didi Stone.
Il y a moi, deux fois (rires).

Dans tous les pays où je vais avec elle, quand on circule dans la rue, je suis toujours surpris et ému de voir l’émerveillement que Didi Stone peut susciter.

Comment décririez-vous ce lien très spécial qui vous unit ?
Quand j’étais jeune étudiant, je rêvais de n’avoir qu’un seul enfant : une fille. Et Didi Stone est née. Didi, c’est le prénom de mon frère qui est décédé, à peu près à la même période. Je m’étais juré que si un jour j’avais un enfant, je lui ferais porter le prénom de mon frère. C’était également l’époque de Sharon Stone, qui était au sommet, notamment avec le film Basic Instinct. D’où le prénom composé Didi Stone. C’est moi en mieux, c’est ma fierté. C’est une gentille et belle fille. Je comprends les gens qui essayent de souiller son nom, son image, mais ils la rendent encore plus forte. Ma fille est comme moi, elle ne désarme jamais. Jusqu’à présent, elle n’a encore rien fait, c’est juste une étudiante et, pourtant, elle est suivie par des centaines de milliers de jeunes femmes sur Instagram. Des jeunes femmes qui s’identifient à elle. Dans tous les pays où je vais avec elle, quand on circule dans la rue, je suis toujours surpris et ému de voir l’émerveillement que Didi Stone peut susciter. Ceux qui essayent de souiller son image en faisant des montages vidéo : honte à eux. Quand on n’arrive pas à atteindre le papa, on tente de s’en prendre à la progéniture. Je prie simplement pour qu’ils nous laissent tranquilles et je reste serein.
Aujourd’hui, elle est étudiante dans une prestigieuse école de mode et du luxe. Je ne suis pas du style à obliger mes enfants à suivre telle ou telle direction. Je peux seulement conseiller, selon leurs propres choix. Elle fera ce qu’elle a décidé de choisir et, comme tous les papas, je ne pourrai que la soutenir.

kd2

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora congolaise ?
Sachons nous aimer. Sachons être moins méchants les uns vis-à-vis des autres. Sachons moins jalouser la réussite des autres. Le problème du Congo ? Le Congolais n’aime pas le Congolais. Pourtant, nous avons le lingala, la plus belle langue du monde, la langue de l’amour. Nous ne sommes pas sincères, pas loyaux. On peut nous donner tous les milliards du monde, on ne s’en sortira pas à cause de cette mentalité.

Êtes-vous, tout de même, optimiste pour les générations futures ?
Oui, oui, les générations qui viennent… Pour l’An 3050.
Il y a du taf… (Soupir).
Je vais vous raconter une anecdote. Récemment, j’étais à Londres avec mes enfants. À un moment donné, on me dit que sur internet une vidéo circule affirmant que Koffi s’en prend aux Ivoiriens. Les bras m’en tombent. Jusqu’ aujourd’hui, qui a vu une interview, écouté un audio, lu un écrit, où que ce soit, où Koffi Olomidé parlerait mal de la Côte d’ivoire ? Je dois la moitié de ce que je suis à la Côte d’ivoire. C’est le premier pays africain à avoir cru en moi, je n’y ai que des amis. Il ne me viendrait même pas à l’esprit de dire un mot négatif sur ce pays, alors pourquoi des gens vont créer des cabales si ce n’est pour nuire à ma carrière ou à ma vie ? Que les Ivoiriens qui me liront sachent que mon amour, mon respect et ma considération pour eux sont totaux. Il y a des gens qui souffrent que Koffi soit encore un volcan en activité… Pourtant, si on revisite les textes de Koffi, on ne trouve que du bonheur. Je diffuse de l’amour alors pourquoi tant de haine ? Michael disait : « My problem is that I am Michael ». Mon problème est que je suis Koffi.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
On ne réussit qu’en étant fidèle à ce qu’on est. Il faut toujours se rappeler d’où l’on vient. Mais il ne faut pas être aveugle de ses racines, il faut savoir s’épanouir, car nul ne se suffit à lui-même.