Corinne Amori Brunet : MADAME L’AMBASSADEUR !

« Notre vision est claire : un Bénin innovant, économiquement dynamique et culturellement puissant. »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Corinne Amori Brunet, Ambassadrice de la République du Bénin en France depuis août 2023. Née à Abidjan en 1984, j’ai l’honneur d’être la première femme et la plus jeune à occuper ce poste. Cette fonction est une véritable mission – celle de servir mon pays dans toute sa diversité et son ambition. Etre diplomate demande de faire preuve d’abnégation, de dévouement et surtout de valoriser tout ce qui contribue au rayonnement de notre cher Bénin à l’international – économie, industries culturelles et créatives, innovations et technologie etc.

Dans un monde où l’Afrique émerge et s’affirme de plus en plus, quelle est la place que souhaite occuper le Bénin ?
Comme le dit le Président Patrice Talon :« Nous devons construire un Bénin résolument tourné vers l’avenir et fier de son patrimoine ».
Le Bénin n’est pas en émergence, mais se révèle être un véritable laboratoire de la transformation du continent.
Notre vision est claire : un Bénin innovant, économiquement dynamique et culturellement puissant. Nous œuvrons pour que le pays devienne un hub d’investissements dans des secteurs stratégiques comme la transformation des productions agricoles, le textile, le numérique, la santé et la culture…
Ce rayonnement passe par l’articulation de partenariats robustes et équilibrés avec des acteurs internationaux car le Bénin veut non seulement être un contributeur, mais également un modèle de développement durable pour l’ensemble du continent.

Quelle est votre lettre de mission à destination de la diaspora ?
La diaspora béninoise est un formidable vecteur de rayonnement. Chaque Béninois vivant à l’étranger est un ambassadeur de notre culture et du potentiel de notre nation, porteur d’un pouvoir de transformation. Mon objectif est de créer une dynamique de réengagement avec nos talents à l’étranger, de renforcer les liens culturels et sociaux et de favoriser des investissements économiques. J’ai à cœur d’ouvrir les portes de notre ambassade à tous ceux qui œuvrent en ce sens.
Ma mission vis-à-vis de notre diaspora, c’est convenir d’un meilleur accueil en améliorant les services consulaires. C’est la valorisation de nos talents, nous les avons vu à l’œuvre lors des Jeux Olympiques de Paris, et nous le verrons à nouveau lors du sommet de la francophonie.
Le potentiel de notre diaspora est immense, et ensemble, nous avons les moyens de bâtir un Bénin plus prospère, inclusif et résolument tourné vers l’avenir.

« En tant que femmes africaines, nous portons en nous une puissance immense, celle de la résilience, de la créativité et du leadership. »

Comment se manifeste la volonté de rayonnement du Bénin, notamment à travers les arts et la culture ?
Le Bénin, berceau de trésors culturels, reprend sa place sur la scène internationale en valorisant son patrimoine. Avec des projets phares comme le Musée des arts contemporains de Cotonou, le Musée international du Vodun à Porto-Novo ou encore le Musée international de la mémoire et de l’esclavage, nous réaffirmons notre héritage culturel et artistique. Notre pays a résolument misé sur les industries culturelles et créatives. L’inauguration de notre premier pavillon à la Biennale de Venise et l’exposition itinérante « Révélation ! Art Contemporain du Bénin » qui ouvre à la Conciergerie de Paris le 4 octobre prochain, illustrent notre volonté de conjuguer notre histoire avec une scène artistique contemporaine en plein essor. Aujourd’hui, nous reprenons la place qui nous revient sur la scène internationale.
Ce rayonnement culturel est aussi un levier économique important, avec la promotion du “Made in Benin” et du tourisme, un tourisme qui se veut aussi mémoriel.
La culture produit non seulement des richesses et des opportunités d’emploi, mais elle joue également un rôle central dans la construction de l’identité et de la citoyenneté.

Le Bénin s’est engagé dans la voie de la restitution de son patrimoine culturel présent à l’étranger, notamment en France. Jouez-vous un rôle dans ce processus et quelles sont les avancées ?
Absolument. La restitution de notre patrimoine est au cœur de notre diplomatie culturelle. Nous ne souhaitons pas simplement récupérer des objets, mais inscrire ces trésors dans une dynamique de développement économique et éducatif. Des restitutions ont déjà eu lieu, et nous continuons à travailler pour que l’histoire du Bénin soit reconnue et partagée. Parallèlement, il faut que toute l’industrie culturelle africaine et afrodescendente se développe. Dans le cinéma par exemple, qu’il y ait des dizaines de films comme Ni Chaîne, ni Maître en salle actuellement et réalisé par le Franco-béninois Simon Moutaïrou avec Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, ou le documentaire Dahomey de Matti Diop. Nous avons besoin d’un cinéma africain et plus largement d’une création audiovisuelle qui racontent nos histoires et mettent en image notre présent.

« La restitution de notre patrimoine est au cœur de notre diplomatie culturelle. »

Corinne Amori Brunet-HD

Le mantra de ROOTS est “Black Excellence”. Que cela représente-t-il pour vous et en quoi cela peut-il s’appliquer à l’échelle du Bénin ?
Cela incarne l’audace de dépasser les limites, de réinventer l’avenir, et de faire preuve de résilience face aux défis. C’est un état d’esprit, celui de l’innovation et du leadership éclairé incarné par le Président Patrice Talon.
Pour notre pays, cela signifie de continuer à se hisser parmi les leaders africains à travers la valorisation de nos ressources humaines et culturelles, tout en inspirant les générations futures. Nous avons tout ce qu’il faut pour briller, et la “Black Excellence” est une boussole qui nous guide dans la quête de cet objectif.

Vous êtes une incarnation de l’empowerment afro féminin. Quel est votre message à destination des femmes ?
Mon message aux femmes est simple : osez ! Osez prendre des risques, et surtout, osez croire en votre potentiel. En tant que femmes africaines, nous portons en nous une puissance immense, celle de la résilience, de la créativité et du leadership. Nous avons notre place dans chaque secteur, chaque projet, et chaque poste de responsabilité. Avec du travail, de la détermination et une vision claire, nous pouvons atteindre des sommets. J’invite toutes les femmes à se soutenir, à s’inspirer les unes des autres et à ne jamais douter de leur capacité à impacter le monde.

Si je vous dis le mot “Roots”, quelle est la 1ère image qui vous vient à l’esprit ?
Je pense à la mangrove et ses racines, qui sont capables de constamment se réadapter. Je pense au Tillandsia, une plante qu’on appelle “fille de l’air”, car elle peut pousser dans les arbres, parmi les rochers, dans les forêts vierges, les parois de rocheuses ou même sur les cactus. Toutes deux possèdent une multiplicité de racines à l’image de la richesse de nos cultures africaines – capables de se développer partout dans le monde.
Nos racines nous rappellent notre héritage, que nous devons célébrer et promouvoir, que ce soit au Bénin ou ailleurs. C’est une source de fierté qui nourrit ma vision et mon engagement quotidien pour le Bénin et le continent africain.