STELLA DJORBAYE : Juriste en droit notarial

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je me nomme Stella DJORBAYE, de nationalité franco-tchadienne et je suis juriste en droit notarial. Après avoir passé 20 ans dans l’univers du Notariat et avoir travaillé dans les plus belles études de Paris, je décide cette année de créer un cabinet conseil qui a pour mission d’accompagner les personnes, notamment les non-résidents, dans leurs investissements en France et en Afrique.

Décrivez-nous le champ d’actions de vos compétences.
En tant que juriste en droit notarial, mes compétences et mon champ d’action sont centrés sur les aspects juridiques entourant les actes liés aux divers investissements.
Concernant les transactions immobilières, par exemple : j’accompagne le client dans la recherche d’un bien immobilier, je l’assiste lors de l’achat, de la vente ou de la location de biens immobiliers. Cela comprend la rédaction et la vérification des avant-contrats de vente, la mise en place des procurations, la gestion des aspects juridiques liés au financement (hypothèques, prêts, transferts des flux, etc…) ainsi que la garantie de la conformité avec les lois et réglementations locales. Pour les biens immobiliers nécessitant des travaux, il y a un suivi et une gestion du chantier, un service de gestion locative.
Pour ce qui est du devoir de conseil : je fournis des conseils juridiques aux clients sur des questions liées au droit de la propriété, aux droits de succession, à la rédaction de testaments, aux lois fiscales et aux règlements locaux. Je les aide à comprendre leurs droits et obligations en matière de biens immobiliers et de planification successorale, notamment les incidences que peuvent avoir les divers investissement lors de la transmission du patrimoine en fonction de la configuration familiale de chacun, etc.
Je fais également de l’assistance administrative en France pour les non-résidents.
Enfin, il y a un volet création d’entreprise où on accompagne le client dans la rédaction des statuts, le choix de la forme juridique adéquate, dépôt de capital, domiciliation des entreprises, etc.

Votre objectif est de vous positionner comme la juriste en droit notarial de référence au sein de la diaspora. Quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs ?
En effet, mes expériences professionnelles et personnelles m’ont permis de constater le besoin de la diaspora en termes d’accompagnement dans leur projet d’investissement et de gestion de patrimoine, en général, tant en France que dans les différents pays d’origine. Non pas parce qu’il manque de professionnels dans les divers domaines mais parce que très peu se spécialisent dans les problématiques liées à la diaspora. C’est à force de répondre aux sollicitations dans ce sens qu’aujourd’hui je décide de mettre sur pied un cabinet conseil pour répondre à ce besoin.
La mondialisation a pour principal effet de faire tomber les frontières. Mon cabinet conseil a pour objectif de permettre aux personnes de la diaspora de trouver des réponses liées à leurs problématiques vis à vis de la législation française mais également des législations transfrontalières et d’investir en toute quiétude dans un sens comme dans l’autre.

Comment entrer en contact avec vous ? Et, surtout, à quel moment du processus d’achat ou de rédaction d’un document notarié ?
Je suis joignable via différents canaux. Dans un premier temps par mail surtout pour les premiers contacts : ds.clerc2@gmail.com. Ensuite, on définira ensemble les modalités de contact et la fréquence en fonction de la problématique de chacun.
Je suis également très active sur les réseaux sociaux ; notamment LinkedIn, Instagram, Facebook dont les pages portent mon nom : Stella DJORBAYE.
Je recommande fortement de me contacter dès la réflexion et la formulation du projet d’acquisition ou d’investissement dans son esprit afin que l’accompagnement soit le plus complet et le plus efficace possible. J’ai un panel de partenaires fiables avec qui je travaille (agent immobilier, courtier,
notaires, avocats…) et qui me permettent de garantir une
efficacité et une rapidité d’exécution dans la prise en charge d’un projet d’investissement de A à Z, surtout que les non-résidents, par définition, ne sont pas en France pour gérer tous ses prestataires.

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Revenons sur votre parcours. Comment vous êtes-vous retrouvée dans l’univers du notariat ?
Tout commence par la passion du droit. Très jeune, j’ai été inspirée par les séries télévisées qui parlaient de droit, d’enquêtes policières, etc. Sous cette impulsion, dès la classe de seconde, j’avais alors décidé qu’après l’obtention de mon baccalauréat, je ferai des études de droit. Mon rêve était de devenir juriste à la banque mondiale. Mais j’avais une deuxième préoccupation. Je craignais de ne pas trouver du travail à la fin de mes études si je choisissais un domaine trop accessible. C’est ainsi que j’ai décidé de pousser les investigations plus loin pour chercher le nom des métiers rares (même si ce n’était pas du droit) et suivre le cursus qui va avec. Sur internet, je suis tombée sur 2 noms de métiers dont je n’avais jamais entendu parler. Il s’agissait de l’actuariat et du notariat. Mon premier choix fût l’actuariat. J’ai contacté une école d’actuaire pour les inscriptions. Mais après avoir passé mon profil au peigne fin, le responsable académique de l’école m’a fortement déconseillé ce parcours compte tenu de mon baccalauréat littéraire. Il m’a expliqué que c’était une filiale plutôt scientifique. Alors j’ai contacté une Ecole de notariat. Grand fut mon bonheur quand j’ai constaté que le notariat était un métier juridique. J’allais pouvoir étudier le droit comme je l’ai toujours voulu. C’est comme ça que l’aventure a commencé. C’est un choix que je ne regrette pas du tout jusqu’à présent.

Vous exercez dans un milieu qui se veut très conservateur et où il semble difficile de se faire une place au soleil. Quel état des lieux faites-vous de la profession ?
Il est vrai que, historiquement, quand on parle du notariat, ce qui vient à l’esprit c’est l’image archaïque du vieux notaire, conservateur… (Rires). A mes débuts, il y a une vingtaine d’années de cela, il y avait encore un peu de ça, je l’avoue. Mais fort heureusement, tout ceci a bien évolué depuis. Le notariat, comme bien d’autres professions, s’adapte, innove et s’efforce de s’aligner pour faire face aux défis qui naissent suite à l’évolution fulgurante de la société dans tous les domaines tant dans la gestion des ressources humaines, que dans les évolutions technologiques (les intelligences artificielles, le télétravail, etc) et surtout dans les solutions juridiques adéquates aux nouvelles problématiques de la société. C’est un corps de métiers qui se renouvelle tous les jours. Après l’obtention de mon baccalauréat, quand j’ai annoncé à mon entourage que je me lançais dans des études de notaire, à part mes parents, tout le monde était unanime sur le fait que le notariat est une chasse gardée et qu’il valait mieux choisir une autre filière.
Mais se frayer un chemin dans le monde du notariat français est un challenge que j’ai embrassé sans appréhension dès le départ. Car mon histoire m’a appris à croire en l’être
humain. J’ai quasiment vécu toute ma vie « à l’étranger », c’est-à-dire dans des milieux qui sont définis comme initialement n’étant pas les miens… mon enfance au Cameroun puis un court passage au Tchad, enfin la majeure partie de ma vie vécue en France. Malgré les considérations sociales qui sont de réels défis, croire en l’humain m’a permis d’avancer et de m’intégrer parfaitement dans chaque milieu. L’adversité qu’on rencontre est souvent causée par l’appréhension et l’ignorance des gens et également par l’instinct de protection des acquis de chacun. Lorsque l’humain se rend compte que la personne en face de lui ou la situation dans laquelle il se trouve, ne lui crée pas de torts et/ou au contraire lui apporte un plus ou quelque chose de positif, il vous fait une place, il vous ouvre une porte, il vous respecte. Comme m’a toujours répété mon paternel, dans la vie il existe trois sortes de savoir et si l’on a 2/3 on réussit sa vie : il y a le savoir- l’instruction, le savoir-faire, et le savoir-être. C’est la combinaison de ces 3 savoirs qui m’ont permis d’avancer dans ce milieu et dans la vie en général.
Pour ce qui est de se faire une place au soleil, hormis les difficultés liées à l’organisation de la profession elle-même, c’est-à-dire : le nombre limité de notaires, une formation longue et exigeante, un investissement financier important, des exigences éthiques et professionnelles strictes, une clientèle exigeante… ; l’une des difficultés sous-jacentes, notamment pour les personnes afro-descendantes comme moi, est qu’on se retrouve dans un corps de métier qui historiquement était un pré-carré réservé à une poignée de personnes issues d’une certaine classe sociale, par conséquent difficile d’accès.
Toutefois, cela fait un long moment que théoriquement la profession est accessible à tous. Car les études pour devenir notaire sont ouvertes à tous ceux qui remplissent les conditions ; qui sont pour l’essentiel, d’avoir le niveau académique requis et les finances pour payer son cursus. Au début, on avait encore du mal à constater la mise en pratique de cette accessibilité. Cependant, le monde change et la profession est de plus en plus orientée vers la productivité, la compétitivité et se débarrasse de plus en plus de ses freins liés à l’origine ou la couleur de peau des professionnels du notariat. Si vous êtes un bon juriste, que vous respectez les règles déontologiques, que vous vous inscrivez et œuvrez pour les valeurs que promeuvent le notariat, il n’y a pas de raisons que vous ne réussissez pas à vous faire une place au soleil dans la profession. Cela nécessitera une forte dose de sacrifices tant sur le plan personnel que social et financier mais c’est tout à fait possible. Alors pour tous ceux qui veulent se diriger vers le notariat, foncez et faites les choses bien, vous y arriverez.

Un numéro sous le signe de la Black Excellence, que vous évoque cette expression ?
L’expression “Black Excellence” évoque pour moi un sentiment d’inspiration et de détermination. Elle met en lumière les réalisations exceptionnelles de personnes noires dans divers domaines, mettant ainsi en avant leur talent, leur persévérance et leur capacité à surmonter les obstacles pour atteindre l’excellence. Cela rappelle également l’importance de la diversité et de l’inclusion, en montrant au monde entier que les personnes noires ont des contributions précieuses à apporter à la société.
L’expression “Black Excellence” rappelle également l’importance de donner l’exemple et de servir de modèle pour les générations futures, tout en travaillant dur pour atteindre l’excellence dans mes propres activités. C’est un rappel constant de la richesse de la diversité et de la force de la communauté noire.
Notre histoire nous a longtemps relayé au dernier rang de tout et dans tout, même quand nous étions méritants. Faire partie d’une génération qui a décidé de ne pas se laisser définir par son histoire, qui ose, qui revendique sa place dans l’écosystème et qui assume ses mérites sans avoir à s’excuser, m’inspire et me procure une immense fierté. L’histoire appartient au passé. Débarrassons-nous de ces étiquettes qui ne correspondent plus à la réalité contemporaine et assumons qui nous sommes. Déconstruisons le narratif négatif que l’histoire a toujours servi au monde concernant les noirs, en laissant éclore dans la bienveillance la black excellence qui sommeille en chacun de nous.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ?
(Rires) Je suis originaire du Tchad… mais j’avoue l’être aussi du Cameroun car j’y ai passé ma tendre et heureuse enfance (de 0 à 11 ans) et j’y retournais quasiment chaque été. On dit que la personnalité se construit entre 0 et 7 ans. C’est pourquoi mes racines camerounaises sont tellement bien ancrées que je passe pour une camerounaise à chaque fois. Quoiqu’il en soit, originaire du Tchad ou du Cameroun, cela m’inspire la même chose ; à savoir beaucoup de fierté. Cela représente le parcours pour relever le défi qui est en train d’être brillamment parcouru par les uns et les autres. C’est un symbole de victoire.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Je réponds « Authentique » ! Je réponds « Pur » ! Je réponds « Original » ! Tout ce qui est authentique et pur est forcément puissant. Alors un grand merci à ROOTS magazine de montrer au monde l’authenticité et la puissance de la « black excellence ». « The sky is not the limit, it is just the beginning ».