MAÏKA LABINSKY : Success story d’une nappy engagée

Contrôle d’identité s’il vous plait ? 

Maïka Labinsky, 42 ans, originaire de la Martinique, chef d’entreprise, passionnée du cheveu et fondatrice du CurlShop.

Quels ont été les étapes de la création de votre société ?

Il m’a été très difficile d’arriver jusque là… J’ai déposé un grand nombre de dossiers auprès des banques pour bénéficier du dispositif « NACRE », mais ils ont tous été rejetés… Jusqu’à ce que ma famille m’épaule pour me donner l’aide dont j’avais besoin.

Quelle est la philosophie du CurlShop ?

Au CurlShop, nous ne sommes pas que des commerçants, nous sommes aussi des conseillers. Au sein de la boutique, vous ne verrez aucun produit chimique, et la majeure partie des marques de cosmétiques que nous avons sont créées par des femmes de notre communauté noire, originaires des États-Unis, d’Europe, des Caraïbes et d’Afrique. Nous cherchons à mettre en avant les talents présents chez nous, et c’est également pour cela que nous commercialisons des marques à notoriété moins importante telles que Shea Butter Cottage, mais surtout des gammes de produits qui ne sont pas testés sur des animaux.

D’où vous est venue cette envie d’œuvrer pour le cheveu afro ?

Disons que c’est surtout le fruit d’une détresse personnelle liée à toutes les difficultés que j’avais à entretenir mes propres cheveux ainsi qu’à trouver des produits naturels pour en prendre soin quotidiennement. On en a cruellement besoin ! Nous avons trop longtemps vécu une pénurie de boutiques nous proposant réellement de BONS produits pour nos cheveux.

Faites-vous partie de ces fervents supporters du mouvement nappy ? Considérez-vous que les femmes noires ou métissées « se doivent » d’être au naturel ?

Pour moi, il n’y a rien de plus magnifique que d’accepter sa vraie nature capillaire. Cette question est épineuse, car quand on dit naturel, on exclut donc – par exemple – les cheveux colorés, alors qu’une femme qui porte un bel afro blond, comme roux, peut tout autant représenter la beauté africaine. Je n’ai absolument rien contre les tresses ou autres crochets braids utilisant des mèches car ce sont des coiffures protectrices, mais pour ma part, je ne vends aucun produit défrisant, car je ne pense pas que ce soit la meilleure alternative pour un adulte, comme un enfant. Je tiens à souligner le mot ENFANT, car il faut préparer la prochaine génération en arrêtant d’employer des mots négatifs lorsque l’on parle des chevelures crépues et frisées à nos petits.

Quel est votre regard sur cette vague de retour au naturel ? Pensez-vous qu’il s’agit d’un phénomène de mode ou d’une réelle prise de conscience ?

J’aime cette vague car nous sommes enfin face à une véritable acceptation de notre beauté originelle ! Les standards changent, en majeure partie grâce à des stars comme Lupita Nyong’o, donc nos références de beauté aussi.

Que doit-on vous souhaiter pour la fin de l’année 2016 ?

Que du bonheur et que mes projets se réalisent !

Si je vous dis “Roots”, cela vous évoque quoi ?

Racines, le livre d’Alex Haley, dans un premier temps. Après, bien sûr, le magazine que j’ai énormément apprécié dès la première lecture, car je me sens vraiment en phase avec lui. C’est le premier magazine où vraiment toutes les communautés peuvent se retrouver et qui encense la femme noire, ce qui est très important à mes yeux.