HARRIET TUBMAN, “La Moïse noire”

Moïse avait conduit les Hébreux hors d’Egypte, Araminta «Minty» Ross, connue sous le nom d’Harriet Tubman, conduisit les descendants d’esclaves hors d‘une Amérique ensanglantée. Née au cours du XIXe siècle, Araminta « Minty Ross » a eu une enfance douloureuse comme de nombreux autres descendants d’esclaves à cette époque. Seulement, très jeune déjà, Harriet observa sa mère, Rit, s’en prendre à leurs maîtres lorsque ces derniers tentèrent de vendre son plus jeune frère. Bien qu’esclave et étant sous leurs ordres, elle n’hésita pas à les menacer « de leur ouvrir la tête » si l’un d’eux s’approchait de son fils. Selon les biographes, le caractère fort et résistant de Rit influença directement Harriet Tubman et alimenta son désir d’évasion.

La libératrice

Battue, fouettée et très souvent affamée, Harriet Tubman a, toute sa vie, été victime de mauvais traite- ments. En 1849, elle entreprend sa première évasion accompagnée de ses deux frères ; Forcée de rebrousser chemin, elle réitère son action seule, mais avec l’aide des Quakers, des sympathisants religieux. Ses « amis » lui permettent d’emprunter le Chemin de fer clandestin « Underground Railroad », une route secrète empruntée par de nombreux fugitifs. Arrivée en Pennsylvanie, elle se met en tête d’aider d’autres esclaves à s’évader en em- pruntant ce même chemin. Au final, plus de soixante-dix esclaves réussirent à fuir l’autorité de leur maîtres Blancs.

Parmi eux, sa nièce mais aussi ses frères Ben, Henry, Moïse et Robert. Originaires du Sud, ces nouveaux affranchis se dirigeaient vers le nord des Etats-Unis dans un premier temps puis jusqu’au Canada lorsque fut adopté le Fugitive Slave Act en 1850. Ces textes de loi contraignaient tous les Etats, esclavagistes ou non, à contribuer à la capture des esclaves fugitifs.

En 1856, la « tête » d’Harriet Tubman était mise à prix pour
40 000 dollars. Cette dernière continua jusqu’en 1860 ses
voyages pour faire évader d’autres esclaves, y compris
un au cours duquel elle fit évader ses parents qui avaient
dépassé les 70 ans. Harriet Tubman fut surnommée «
Moïse » par les esclaves qu’elle avait fait évader tant sa réputation de « libératrice » était impressionnante. Fréderick Douglass, le célèbre leader anti-abolitionniste noir déclara à son propos : « excepté John Brown, je ne connais personne qui ait volontairement connu plus de périls et de difficultés qu’elle pour venir en aide à notre peuple esclave » et « qu’elle était l’une des personnes les plus braves de tout le continent ». La fin de vie d’Harriet Tubman est décrite comme celle d’une activiste militant pour l’accord des droits civiques aux Afro-américains. Son grand combat : le droit de vote des femmes. Le XIXe amendement prônant l’accès au vote pour les femmes du pays est approuvé le 4 juin 1919. Décédée en 1913, Harriet Tubman n’assistera pas à cette révolution de son vivant mais contribua, une fois de plus, à bouleverser les codes.

Par Marie-France Makatungu / Diane Audrey Ngako

Édition : ROOTS n°12