FOR AGES : 3 soeurs, créatrices de mode !

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Asha : Moi c’est Asha, 39 ans, je suis créatrice et associée pour la marque For Ages.
Kim : Je suis Kim la gérante de la société et associée, j’ai 37 ans et je suis d’origine Angolaise.
Sandra : Moi Sandra, la cadette de la fratrie, j’ai 35 ans et je suis associée, styliste, créatrice au sein de For Ages.

Revenons sur le parcours professionnel de chacune jusqu’à la concrétisation de votre société. Avez-vous un background dans la mode ? Pourquoi vous êtes-vous lancées dans ce projet ?
Asha : De formation, je suis formée dans les sciences du vivant. Mais, par désir de travailler avec mes acolytes et associées, on a décidé de mettre en place For Ages alors que nous n’avions pas de passé dans la mode. Cependant, nous étions déjà amoureuses de la mode, de la qualité et du design depuis toutes petites car ce sont nos parents qui nous ont inculqué cette passion pour celle-ci dès notre plus jeune âge.
Kim : Nous avons d’ailleurs une anecdote : lorsque nous étions petites, nous avons réalisé une collection de chapeaux en papier qui avait impressionné nos parents à cette époque. D’ailleurs, nous étions souvent complimentées sur la façon dont nous étions habillées et cela jusqu’à l’âge adulte. C’est donc une des raisons qui nous a conforté dans l’idée de nous lancer dans la mode. C’était un signe le fait de monter ce projet car toutes les trois, quasi au même moment, on s’était libérées de nos anciens postes et avions décidé de travailler ensemble parce qu’on avait cette passion commune : la mode. Et pour revenir sur ma profession, je suis ingénieure en informatique.
Sandra : Et moi, j’ai fait de la linguistique informatique.

Comment avez-vous appris à confectionner vos créations ?
Kim : Nous sommes complètement autodidactes. On a vraiment pris le temps d’acquérir de l’expérience, de s’adapter et de faire des choses réalistes car imaginer et concevoir un vêtement avec du matériel spécifique est une grande étape. Et cela nous a pris beaucoup de temps car on est parties de pas grand-chose.
Sandra : On s’est habituées au toucher, au tomber des matières pour savoir comment les utiliser. Nous avons été amenées à faire de la veille, raison pour laquelle nous avions déposé la marque et les logos en 2010, avant même de créer la société.
Asha : Ce n’est qu’en 2015 que nous avons commencé à nous faire voir, proposer du prêt-à-porter, et à faire des défilés parce qu’avant cela, nous ne proposions que du sur-mesure.

Shooting Scheena Donia avec une chemise FOR AGES pour ROOTS

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Comment travaillez-vous vos créations ?
Asha : Elles sont nées de l’amour et de la qualité. Tout descend de notre inspiration car on ne va pas suivre la tendance et calquer le travail des grands couturiers. Par exemple, une musique peut être une source d’inspiration, comme le flamenco l’a été pour certaines de nos créations, c’est une musique avec beaucoup de caractères et très rythmée.
Kim : Parfois, on va dessiner un croquis à deux ou trois, l’une va commencer et les autres vont apporter l’élément manquant avec leur touche personnelle d’inspiration.
Asha : Et on peut être amenées à créer un modèle avec le même patron, mais des matières différentes, comme le coton ou encore le jersey, ce qui donne des rendus différents.

Quel est l’ADN de la marque ?
Sandra : Nous utilisons principalement des chutes et reliquats couture : Hermès, Givenchy, LV, etc. On prend ce qu’il reste et on en fait nos petites collections, nos séries limitées. C’est pourquoi, on a souvent des pièces uniques car on retrouve rarement le même tissu deux fois. On aime bien travailler des matières nobles, bien faites et bien choisies. On a une mode particulière et très réfléchie parce que notre part scientifique influe sur notre travail d’artistes.

Quel est votre public cible ?
Asha : Depuis le début, nous avons fait le choix de faire de l’homme ET de la femme. En fait, nous avons le désir d’habiller les gens qui veulent mettre un peu d’audace dans leur quotidien. C’est d’ailleurs pour ça qu’on fait du prêt-à-porter et du sur-mesure. Nos vêtements n’ont pas pour vocation d’être portés pour des évènements mondains. On veut juste apporter une touche d’originalité et dans les tenues de tous les jours. Cette marque est spécialement dédiée aux femmes et aux hommes qui aiment la mode ou qui veulent se démarquer. Nos clients ne cherchent en rien à suivre la tendance, ils cherchent quelque chose de différent. En somme, ils veulent être eux-mêmes sans avoir l’air déguisés.

Au niveau de la vente, comment ça se passe ?
Asha : Durant près de trois ans, nous avons partagé une boutique avec d’autres créatrices dans le 13ème arrondissement de Paris. La boutique a fermé en décembre 2019, nous avons donc été contrainte de partir et de chercher un moyen d’être visibles. En ce moment, on se déplace à domicile, on prend les commandes par téléphone, etc. Mais avec les grèves, le confinement… ça a un peu ralenti les choses.
Sandra : Mais rassurez-vous, nous sommes présentes sur les réseaux sociaux et nous aurons très prochainement notre site internet.

Quels sont vos projets à court et long termes ?
Sandra : Dans un futur proche, on souhaiterait mettre en place
notre propre atelier, où on ferait nos fabrications, on recevrait nos clientes et exposerait quelques modèles. C’est même plutôt
urgent puisque notre portefeuille client attend de pouvoir nous retrouver dans un endroit physique. Le confinement nous a conforté dans notre choix de produire local, que ce soit ici, à Paris, ou en Angola qui est d’ailleurs l’un de nos projets à long terme. On souhaite faire du « Made in Angola » et avoir notre atelier sur place. Tout simplement pour être sûre de pouvoir travailler dans de bonnes conditions, faire tourner l’économie du pays et bien sûr parce que le travail est extrêmement valorisé par les locaux.

Quelle est votre gamme de prix ?
Kim : Les entrées de gammes sont des t-shirts en coton et coûtent environ 59€. La tranche supérieure du prix des robes est de 299€. On fait également du sur-mesure et, dans ces cas-là, les prix peuvent atteindre le millier d’euros environ.

Quel est votre rapport avec l’Angola ? Quelle est la touche angolaise que vous apportez dans vos créations ?
Kim : La femme angolaise est une femme qui ne néglige jamais son apparence et son élégance. Les Angolaises sont des femmes qui généralement aiment la mode et qui l’expriment au quotidien.
Sandra : Et je pense que la détermination, la force et l’indépendance de la femme angolaise sont ce que l’on apporte à notre travail.

Un message pour la diaspora angolaise et nos lecteurs ?
Asha : Toujours croire en ses rêves car ce n’est pas toujours évident. On a tendance à rencontrer beaucoup d’embuches quand on débute, surtout après une reconversion. Par exemple, l’entrepreneuriat féminin n’est pas quelque chose d’inscrit dans les mœurs en France, c’est un sujet tabou alors que chez nos voisins Allemands ou Anglo-Saxons, c’est déjà plus établi.
Sandra : Maintenir ses idées, ses projets et s’entourer des bonnes personnes.
Kim : Une bonne équipe est l’élément de base. Lorsqu’on n’a pas ça, on est souvent dans le doute et le travail est moins efficace parce qu’il faut toujours repasser dessus.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Asha : Mon enfance
Kim : La maison, le chez soi
Sandra : La force et les valeurs.

www.forages-collections.com