Mondialement connu pour ses maisons à l’architecture décalée, aux façades traditionnelles et aux motifs ethniques peints sur les briques de boue, Tiébélé est un village situé au Centre-Sud du Burkina-Faso, à proximité de la frontière nord du Ghana. Il a accueilli au 16e siècle le peuple de Kassena ainsi que celui de Gourounsi. Aux cotés d’autres populations, ils décident de s’installer dans plusieurs régions du secteur. Un paradis sur terre, actuellement synonyme de désert.
Remarquable par son architecture, réalisée et restaurée chaque année dans un moment d’échange et de transmissions par toutes les femmes du village des plus jeunes aux plus âgées, Tiébélé est un brassage de peuples.
Divisé en plusieurs zones, les plus emblématiques sont le domaine princier, là où les princes héritiers résidaient avec leur famille, ou encore le domaine du gardien.
Chaque case possède une architecture différente qui correspond à un moment de la vie de l’être humain.
La case Draa, qui est plutôt ronde, correspond aux hommes célibataires de tout âge. La case Dinian est réservée aux couples âgés et leurs petits-enfants. En forme de huit, elle est également appelée la « Maison Mère » et abriterait l’esprit des ancêtres. Enfin, la dernière habitation du nom de Mangolo est, quant à elle, dédiée aux jeunes mariés.
Regorgeant d’histoires, elles exposent de multiples motifs correspondant à des pratiques anciennes , mais aussi à d’autres plus récentes. Les lignes en forme de croix représentent le filet qui permet de ranger et de suspendre les calebasses. La flèche qui pointe vers le haut correspond à la chasse et à la défense. La canne est synonyme de respect et d’autorité. Le serpent qui est un totem est associé à la visite d’une grand-mère à sa famille. Le lézard, qui est également un totem, est signe de vie. Pour finir, le triangle avec la pointe vers le bas représente un morceau de calebasse, utilisé lors du décès d’une femme. Ces triangles recouvrent le chemin qui mène chez ses parents, afin d’accompagner la défunte vers la vie après la mort.
Les peintures et les couleurs viennent de la terre rouge, du kaolin ou encore du graphite. Le blanc représente la mort, le noir représente la terre et le rouge évoque la force et la puissance.
Ces maisons ont également une autre spécificité, celle de la taille de la porte d’entrée, d’environ 80 centimètres. Elle est suivie d’un muret qu’il faudra enjamber afin d’entrer dans la pièce. Le but est de voir qui entre dans la maison et de définir s’il s’agit d’un ami ou d’un ennemi.
Propre à la culture Kassena, les caractéristiques du village ont su s’inscrire dans le temps et marquer les esprits, à tel point que Tiébélé est rapidement devenu un paradis touristique. Mais ça, c’était avant…
« Nous sommes les seuls à avoir une architecture différente des autres, avec des cases peintes traditionnellement. Il y avait beaucoup de touristes dans cet endroit du Burkina Faso, il y avait aussi une buvette, un petit commerce et chaque habitant gagnait son pain. Il y avait également des guides touristiques, ou encore des restaurants. J’en ai les larmes aux yeux, pour toute la population qui vivait du tourisme. Nous avons été détruits par le djihadisme. » Bob, documentaire de la LCP sur le Tiébélé.
Dès les premières attaques terroristes dans les régions du Sahel qui ont peu à peu commencé à toucher le Burkina Faso, en 2015, le tourisme de semi masse que connaissait le Tiébélé a disparu. Les commerces ont fermé et de plus en plus d’hommes vivant dans le village se sont convertis au métier de miniers.
Aujourd’hui, le village est quasi désert et espère voir le retour prochain d’une économique touristique, loin des turpitudes géopolitiques dans laquelle semble engluée la région.
Par Luann Pinceau
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