« J’y suis arrivée avec énormément de travail, mais il y a de la place pour tout le monde. »
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je me nomme Mariame Touré, j’ai 34 ans et suis originaire de la Gambie. Je suis avocat au Barreau de Paris.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours jusqu’aujourd’hui ?
Mon parcours est assez atypique. En effet, j’ai obtenu mon baccalauréat technologique au Lycée Henry Bergson situé dans le 19ème arrondissement. Ensuite, j’ai voulu m’inscrire à la fac de droit mais le choix des facs était assez compliqué étant donné que mes professeurs me disaient que ce n’était pas fait pour les élèves ayant fait un parcours technologique. J’ai tout de même persisté et je me suis inscrite à la faculté de Paris VIII où j’ai étudié durant quatre années. Une fois mon Master en droit des affaires en poche, je me suis inscrite à l’IEJ (Institut d’Études Judiciaires) de Paris XIII afin d’y passer l’examen sélectif d’entrée à la profession d’avocat. Cet examen sélectif est composé d’épreuves écrites d’admissibilité et d’épreuves orales d’admission. Cet examen est redouté de tous les étudiants, tant par le niveau de stress qu’il provoque que par le niveau exigé pour faire partie des admis. Ensuite, je me suis inscrite à l’EFB (Ecole de Formation professionnelle des Barreaux de la Cour d’appel de Paris) pour y suivre une formation s’étalant sur 18 mois. Ces 18 mois sont composés de 6 mois de scolarité à l‘EFB, 6 mois de stage en projet pédagogique individuel (PPI) pour finir par un stage de 6 mois en cabinet. À la fin de ma scolarité, j’ai passé une série d’examens afin d’obtenir le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA). J’ai prêté serment à la Cour d’appel de Paris et j’ai choisi de m’inscrire au Barreau de Paris et d’y exercer la profession d’avocat. Je me suis installée directement à mon propre compte, et je ne regrette pas d’avoir fait ce choix étant donné que j’ai toute mon indépendance et ma liberté… Cela n’a pas de prix !
Pourquoi avoir choisi le droit ?
J’ai toujours voulu faire des études de droit. Le droit est partout et il est utile dans la vie quotidienne. Le droit est sans doute le domaine d’études qui offre le plus de possibilités en termes de métiers et de débouchés. Le droit est tout simplement une matière passionnante dès lors que l’on commence à le maîtriser mais, pour cela, il faut du temps. Enfin, je dirais que le droit développe l’esprit d’analyse, le sens de la précision ainsi que les capacités de rédaction.
Quel a été votre modèle d’inspiration ?
J’ai eu plusieurs modèles d’inspiration. J’ai toujours été inspirée par certains confrères comme Eric Dupont Moretti et Christian Saint-Palais, mais aussi par des secrétaires de la conférence comme Yassine Yakouti.
Vous êtes issue de Cambrai, quartier sensible du 19e arrondissement, et faites figure de réussite. Souhaitez-vous jouer un rôle de modèle pour les plus jeunes ?
Un modèle, je ne sais pas, mais une chose est sûre : tout est possible avec de la détermination et de la volonté. J’y suis arrivée avec énormément de travail, mais il y a de la place pour tout le monde. Je dirais qu’aujourd’hui le métier d’avocat est accessible, la porte est grande ouverte pour la nouvelle génération. Comme me le disait si bien un président de Cour d’Assise, Monsieur Jean Paul Albert : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Il avait bel et bien raison.
Quelle a été la clé pour réussir à sortir du lot ?
La détermination, la confiance et le travail.
Quel est votre état des lieux de la place des afro-descendants dans la magistrature et France ?
Malheureusement, force est de constater qu’il y a peu de magistrats issus de la communauté noire en France. Cela pourrait changer avec la nouvelle génération, il faut garder espoir.
Quels sont vos objectifs à moyen et long termes ?
Agrandir mon cabinet en développant de plus en plus ma clientèle et en ayant, à l’avenir, pourquoi pas des collaborateurs.
Cette édition sera une spéciale Sénégal/Gambie. Que représente la Gambie pour vous ?
Je suis née en France mais la Gambie est le pays de mes parents et de mes ancêtres. C’est un pays plein d’amour, de couleurs, de générosité, de paix et où il fait bon vivre.
Si je vous dis ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Un chemin, un retour aux sources !!!
Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof
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