Le manioc est à l’Afrique ce qu’est le riz est à l’Asie ou le pain à la France sur une échelle nationale. C’est un produit alimentaire qui a été im- porté du Brésil pour l’Afrique vers le XVIe siècle, où il est maintenant cultivé et consommé. Son nom proviendrait d’un mythe Tupi à propos de la déesse Mani, à la peau blanche, qui aurait établi son domicile (oca) dans la racine de la plante. Vous avez deux sortes de variété : le manioc amer, impropre à la consommation et le manioc doux qui peut être consommé ainsi que ses racines. Si je vous dis foufou, ça vous parle? Que l’on soit Togolais, Camerounais, Ghanéen, Nigérien, Ivoirien, Béninois, Congolais… Nous avons tous savouré ce plat à base de farine blanche issue du manioc pilé à la main ou au moulin. Le manioc se consomme aussi en différentes formes : en pain de manioc que vous connaissez sous d’autres noms, au Kongo c’est le « Chikwangue », au Cameroun le «Miondo«» ou le « Bobolo », en Centrafrique le « Mangbèré ». En Guyane, cette farine est appelée «Couac» et est utilisé pour fabriquer la Cassave ou en- core du Cachiri, une bière traditionnelle des Amérindiens affectionnées en Guyane. À l’île Maurice, le manioc est produit et consommé sous forme de biscuits, le plus souvent aromatisés, à la cannelle, à la crème anglaise, à la
Diane Audrey Ngako
noix de coco. Le manioc y est aussi consommé sous forme de soupe avec de la viande de bœuf, poulet. Les mauriciens appellent ce plat « Kat-kat manioc ». Pouvons-nous parler de manioc sans parler du fameux « Attiéké » qui est le plat national de la Côte d’Ivoire. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit de manioc sous forme de semoule cuite à la vapeur. Il est souvent accompagné de sauce locale (claire, graine…). Les feuilles de manioc sont également consommées avec du riz, en République de Congo et en République Démocratique Congo sous le nom de « Saka saka », « Mpondu » ou « Ngoundja » en Centrafrique. Aux Comores sous le nom de « Mataba », les feuilles sont accommodées avec un émincé de poisson. Le manioc est aussi apprécié en Afrique et dans les îles pour ses vertus médicinales. La manion frais râpé sert de cataplasme résolutif des ulcères cuta- nés douloureux et des hémorroïdes. La feuille de manioc est utilisée en médecine tradition- nelle pour traiter des maux des yeux, de la blennorragie, des rhumatismes ou encore des migraines et pour terminer la farine de manioc est recommandée en cas d’ulcère gastrique, de remontées acides, de ballonnement. Chose non négligeable en cette période d’hiver, le manioc peut aussi traiter la colite et la gastro-entérite.
Édition : ROOTS n°7
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