Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Idrissa Diabaté, j’ai 30 ans, je vis à Paris dans le 19ème. Je suis acteur, griot, artiste en tout genre. Je suis le fils de Cheick Hamala Diabate, une très grande figure nationale du Mali chez les griots. J’ai profité du temps mou du Covid pour monter mon association Verlavan et réaliser des courts métrages avec des passionnés du cinéma et les habitants de mon quartier.
Revenons sur tes débuts dans le milieu de l’acting…
C’est un heureux hasard, puisque c’est en 2001 que j’ai trouvé ma voie dans le cinéma, dans un film appelé la Cité Rose où j’incarne le rôle principal. En fait, c’était un pilote avant de devenir un long métrage et j’étais figurant dans ce pilote-là, entre 2008 et 2007, je crois. Ils ont été contactés, plus tard, pour en faire un long métrage. Du coup, ils ont rappelé tous ceux qui avaient participé au projet pilote, il y a donc eu des répétitions avec des jeunes, puis les rôles ont été redistribués dont le mien.
Au début, comment t’es-tu retrouvé dans le court métrage ?
Il faut préciser que j’habite à Cambrai dans le 19ème et, dans notre quartier, on a un centre d’animation dont le directeur Sadia Diawara est un des producteurs du film de la Cité Rose. Lui-même a grandi à la Cité Rose, à Pierrefitte. A cette époque, il était sur le projet. Du coup, vu que je suis artiste et que la musique, la danse et tout ce qui est artistique m’intéressait, et comme j’intervenais dans les fêtes de quartiers, j’ai donc été repéré. Avec un ami à moi qui s’appelait Samba, qui est décédé aujourd’hui (paix à son âme), on a donc pu participer à ce court métrage.
Pour une première face caméra, tu n’as pas été intimidé ?
Au départ, c’était compliqué, j’étais quand même gêné. Mais au bout d’une heure, la pression est passée et j’ai réussi à être moi-même.
Est-ce au moment du long métrage que tu t’es dit qu’il y avait une carrière à développer ?
Déjà, lors du premier court métrage, j’ai été payé et j’étais vraiment content. Je ne me suis pas pour autant dit que je suis devenu acteur. Je me suis juste dit que je participais à un projet simple et puis c’est tout. Ensuite, quand il y a eu le long métrage, je ne voyais pas encore réellement ce que c’était. Le temps est passé et, quand on m’a donné mon rôle, c’est là où j’ai commencé à comprendre que le projet est assez énorme (équipe de tournage, décors, stylisme, etc), j’ai donc commencé à comprendre la chose au sérieux. Je ne savais pas vraiment que je devais arriver où je suis actuellement. On a donc fait le film, il y a eu de bons retours, j’ai eu un agent par la suite qui m’a permis d’avoir pas mal de rôles dans les séries télévisées et certains courts métrages.
C’est ainsi que tu t’es retrouvé dans « Bande de filles » ?
Effectivement. Après La Cité Rose, j’ai enchaîné quelques projets jusqu’à tomber sur le casting de Bande de filles et ça s’est super bien passé ! J’ai côtoyé de super bonnes actrices comme Assa Sylla et Karidja Touré, les plus connues, mais d’autres encore qui ont pu faire leurs preuves dans ce film. On est tous restés en contact, donc c’est une très belle expérience.
As-tu des modèles d’inspiration en acting ?
En fait, pas spécialement, mais je m’identifie beaucoup à Denzel Washington. J’aime sa façon de jouer avec son visage, les émotions qu’il dégage dans chacun de ses rôles.
Quels sont tes projets pour 2023 ?
L’année 2023 s’annonce lourde parce que ça va faire deux ans que je n’ai pas tourné. J’ai quand même participé à quelques courts métrages et j’ai pu mettre sur pied mon association « Verlavan » durant ces deux années. L’idée est de transmettre un peu mon parcours aux jeunes habitants du quartier et des personnes qui viennent de l’extérieur. Donc, on fait des ateliers de cinéma, on fait des débats, de l’écriture, on fait des sorties puisqu’on est aussi dans le social. Cela a aussi permis qu’on puisse me revoir, de donner envie de travailler avec moi.
Un conseil pour quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans le cinéma ?
Déjà, ce n’est pas de la magie, il faut aller passer des castings, il faut fouiller sur internet. Il y a des sites pro spécialisés dans le secteur. Il faut être endurant, sortir et essayer de se faire voir et ne pas avoir honte de demander. Il y a des gens que je voyais en 2016 qui n’étaient personne mais qui, aujourd’hui, ont pu devenir acteurs et participent à des festivals tout simplement parce qu’ils croyaient en eux.
Le Mali, ça représente quoi pour toi ?
Figure toi que je viens tout juste d’être contacté par un réalisateur qui fait un film sur la vie d’un Malien et qui voudrait me faire jouer le premier rôle dans le film. Donc, comme ça fait un moment que je n’ai pas tourné, je me vois bien me relancer avec un projet sur le Mali. Sinon, le Mali, c’est mes racines, mon pays. J’y suis allé en 2019 pour tourner, mais aussi en 2021. Avant, ça faisait quasi 19 ans que je n’étais pas retourné au Mali. Le producteur de mon premier film, Sadia Diawara, est aussi Malien et nous sommes devenus très proches. Notre idée serait de créer une association pour les Maliens de France qui réuniraient comédiens, boxeurs, chanteurs, danseurs… pour faire des projets, ensemble, vers le Mali !
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