« Un mélange de ma double culture : une note de Sénégal et une pincée de France. »
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Sokhna Niang, 27 ans. Née à Ziguinchor, en Casamance, j’ai grandi entre Dakar et Ziguinchor dans une famille sénégalo-capverdienne. Je suis arrivée en Alsace à l’âge de 13 ans. Après des études dans le tourisme et une certification en tant que guide touristique nationale, je suis devenue commerciale internationale dans le tourisme fluvial. Mais, en 2017, j’ai tout quitté pour me reconvertir dans la cuisine. Le blog Taste of sun voit le jour en octobre 2017, suivi d’une multitude d’autres projets et me voilà aujourd’hui « cuisinière ».
D’où est venue cette passion pour la cuisine ?
De l’envie de me rapprocher de ma mère. Cuisinière de métier, ma mère est venue en France avant mon frère et moi, nous avons été séparés pendant presque 5 ans. À nos retrouvailles, ici en France, disons que l’ambiance n’était pas la même que celle dans notre maison/restaurant à Ziguinchor. Elle gérait sa boutique et son service de traiteur, puis a entamé une formation de cuisine pour valider ses « compétences » en France. La cuisine et l’entrepreneuriat étaient son langage, je m’y suis donc mise.
Comment décririez-vous votre univers culinaire ?
Je propose une cuisine simple, accessible et avec beaucoup de couleurs. Elle n’arrive pas à la cheville de celle d’un Dieuveil Malonga, soyons objectif et réaliste (rires), mais elle reflète un peu qui je suis. C’est un peu un mélange de ma double culture : une note de Sénégal et une pincée de France. Certains diront « cuisine fusion » mais moi je préfère dire que je rajoute juste un goût de soleil dans la cuisine occidentale, d’où le nom « Taste of sun », un goût de soleil.
Les aliments ou produits que l’on retrouve souvent dans vos plats ?
Le gingembre, la mangue, la patate douce, la grenade, beaucoup d’herbes aromatiques et de l’hibiscus sous toutes ses formes (rires).
Des épices favorites ?
Cela varie souvent en fonction des saisons. En hiver, je suis très cannelle, badiane, muscade cumin, curcuma… Mais, en général, mes indispensables sont mon poivre blanc de Penja, mes herbes aromatiques (thym, basilic, origan, aneth…) et, pour finir, le sumac et le za’atar (mélange d’épices du Moyen-Orient) que j’ai découvert dernièrement et qui sont devenus mes chouchous du moment.
Votre cuisine favorite ?
La cuisine familiale, celle des mamans et des grand-mères, qui se partage en famille et entre amis.
Votre plat français préféré ? Votre plat africain préféré ?
Alors, pour le plat français je dirais : le cordon bleu avec un gratin dauphinois ! On fait dans le light ici (rires). Et pour le plat africain : le thiéboudienne boulettes de ma tante Aïda. Indétrônable !
Un chef pour modèle ?
Ma mère qui, avec presque rien, te fait des merveilles. Sinon, le chef Dieuveil Malonga qui redore le blason de la gastronomie africaine avec génie et délicatesse.
Les bonnes adresses pour faire vos courses ?
Les marchés et les producteurs locaux. Rien à rajouter (rires). Sinon, si vous cherchez des magasins spécialisés africains, ici à Strasbourg où je vis, ce n’est pas ce qui court les rues, mais je dirais Taky Exotic.
Que représente le Sénégal pour vous ? Le ressent-on dans vos plats ?
Le Sénégal représente… Je ne sais même pas comment répondre à cette question. Je suis partie à l’âge de 13 ans, je l’ai vu et vécu avec mes yeux d’enfant, je n’y suis retournée que 2 fois depuis, j’ai tellement de choses à y découvrir avec mes yeux d’adulte. Un retour aux sources s’impose. Même si les parfums de mon enfance et mes souvenirs sont toujours intacts, je ressens aujourd’hui le besoin de redécouvrir mon pays et je pense que cela donnera un autre parfum à ma cuisine.
Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
L’héritage, la tradition, l’histoire qui se partage et se chérit.
Instagram : @so.tasteofsun
Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof
Commentaires