CINDY GAMASSA : Nouvelle génération de femme africaine

Ma vie a réellement été impactée lors de mon passage aux Etats-Unis. […]
C’est là-bas que je suis devenue une femme

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Cindy Isola Gamassa, âgée de 25 ans, entrepreneure sociale. Après mes études en relations internationales, je me suis lancée dans le conseil en image en ouvrant ma boite
Isolabella et, désormais, j’ai Numerika spécialisée dans la communication digitale. Mon identité se définit autant par mon côté humain que par un cocktail original de valeurs traditionnelles et modernes de la femme africaine.

Atlanta, Paris, Brazzaville…
Vous êtes une globe-trotter, en quoi cela a-t-il influencé votre perception de la vie ?
En effet, le voyage fait partie intégrante de mon existence, esprit & corps, car j’ai déjà été dans les quatre coins du monde. Je suis née en France, j’ai grandi à Libreville, étudié à Atlanta, et enfin transité par Paris avant de m’installer à Brazzaville. Je retiendrai de ce périple que ma vie a réellement été marquée par mon passage aux Etats-Unis. La culture américaine visant à valoriser d’avantage une personne que ses possessions m’a permis de me lancer dans une quête de soi aboutissant à une découverte de mon identité. C’est là-bas que je suis devenue une femme. Enfin, mon expérience sur le territoire m’a ouvert les portes de l’entrepreneuriat et poussé à mettre en pratique les principes de vie que je communique aujourd’hui.

Vous êtes activiste pour les droits des femmes et speaker à different événements à ce sujet. Avez vous constaté des avancées dans la communauté à travers votre combat ?
Je tiens des ateliers à thème pour les jeunes femmes. Celles qu’on édifie souvent trop tard. Je n’ai pas suffisamment d’expérience pour leur apprendre quoique ce soit, au contraire, je veux apprendre avec elles alors je crée essentiellement des espaces de partage dits « safe spaces ». Il y a un véritable réveil en cours, notamment du fait que le marché de la mode et donc de la beauté africaine bénéficient de plus en plus de visibilité. Les femmes communiquent et, ensemble, trouvent la force d’élever la voix pour revendiquer leurs droits afin d’améliorer leur condition de vie. Nous avons déjà réussi à identifier les challenges des femmes africaines : il s’agit principalement du droit à la parole et de la disposition de son corps qui lui ont longtemps été niés. Dans mon cas, j’ai contribué à la rédaction du manifeste des femmes de l’Afrique Centrale pour le compte de l’Union Africaine ainsi qu’à des tables rondes impliquant le ministère de la Femme afin de passer plus efficacement à l’action. Le grand obstacle se trouve au niveau des mentalités d’une société où la tradition est très encrée et où la loi peine à être appliquée. Mais l’avantage que la communauté possède est d’être très vaste et jeune. Lorsque la femme noire d’Atlanta passe son message, elle le relaie à la femme noire de Paris qui à son tour impacte la femme noire du Kongo. Cette chaîne renforce l’union des femmes noires de tous bords et contribue à la plus belle avancée : l’émanation d’un groupe socio-culturel fort.

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Qu’est-ce que l’élégance, selon Isola ?
L’élégance n’est pas un style, mais le mode d’expression de la grâce. C’est le résultat d’une harmonie juste, dont le but ne relève pas du paraître. Enfin, l’élégance naît de la simplicité et est de l’ordre du naturel. J’essaie de l’atteindre à travers mon style en mettant en avant des tons neutres, des lignes structurées, un make-up léger et en portant l’afro. Je me donne pour mission de représenter l’élégance à l’africaine et pour une congolaise d’origine, c’est un beau défi.

Les réseaux sociaux, en particulier, et le monde du digital sont devenus votre terrain de jeu. Comment avez-vous fait pour si vite trouver votre place dans cet écosystème ?
J’ai toujours été une usager des plateformes sociales conscientes et engagées. Nous avons contribué à rendre les plateformes Facebook, Instagram, Linkdn ou YouTube géantes et nous influençons au quotidien leurs algorithmes, pas le contraire. Pendant le confinement, la mode était aux lives. Par conséquent, j’ai créé par le biais de mon entreprise de communication Numerika une plateforme A Nous l’Avenir qui favorisait les lives instructifs pour les Congolais. Le concept est de donner la parole aux jeunes entrepreneurs congolais et pour ceux disposés, de passer une journée avec pour comprendre leur quotidien.
Cette démarche m’a permis de captiver l’intérêt des autres usagers sur l’importance de l’image digitale et, ainsi, de continuer à élargir ma clientèle en temps de crise. La clé est tout simplement d’entreprendre une action avec un objectif et de se renseigner sur les outils qu’on utilise pour y arriver afin de pouvoir s’adapter aux évolutions. Cela marche pourtout, autant pour la mode que pour la technologie et l’espèce humaine.

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À qui s’adressent vos prestations ? Quelle est votre clientèle cible ?
Depuis la crise sanitaire, mon meilleur ami est mon ordinateur. En un clic, je voyage instantanément et je brave les fuseaux horaires. En effaçant cette barrière physique, je peux viser des clients en quête d’identité visuelle digitale de qualité. Mes prestations sont taillées sur-mesure, en fonction des budgets, afin d’aider tout le monde à faire une bonne transition dans le monde virtuel. Je m’adapte, des plus petits aux plus grands, en m’inspirant de mes techniques de travail du conseil en image. Il faut toujours personnaliser le travail en fonction de l’individu ou de l’entreprise qui se présente. Je fais du travail de veille soit community manager, de la création de contenu et mon équipe se charge du travail de graphisme et des services de webmaster pour livrer des packs complets.

Quels sont vos objectifs pour cette année 2021 ?
2021… Je souhaite que ce soit une meilleure année. Je compte ouvrir des bureaux physiques en début d’année pour non seulement pouvoir rencontrer le monde que la plateforme A Nous l’Avenir mobilise dans notre espace de co-working, mais également pour étendre l’activité aux services d’imprimerie pour donner vie à nos créations graphiques. J’espère donc pouvoir évoluer avec une belle clientèle, notamment congolaise, que ce soit pour les services d’optimisation dans le digital ou le conseil en image des entreprises. Ce sera aussi l’occasion d’organiser plus régulièrement des ateliers dédiés aux femmes. En parallèle, je réfléchis également à l’élaboration d’une ligne de vêtements car mon premier amour reste la mode et je souhaite continuer à habiller les femmes d’une manière ou d’une autre. Je ne pourrais sans doute pas réaliser tous ces projets dans la même année, mais je veux rester très ambitieuse. Enfin, j’espère pouvoir continuer à m’épanouir dans ma vie personnelle, car l’un ne doit pas aller sans l’autre ! J’ai trouvé l’amour et je compte bien le conserver.

25 ans, un âge clé pour beaucoup… Ressentez-vous une pression particulière due aux codes de la société africaine ?
Que ce soit en Afrique ou ailleurs, on a toujours une pression parce que c’est l’heure du premier bilan. Les femmes de la génération précédente pensaient au mariage comme une fin à concrétiser à cet âge. Notre génération est plutôt préoccupée par la réussite personnelle, une forme d’individualisme de ce fait est né. Et je ne suis pas une exception. Avant même d’aspirer au mariage, j’aspire à être une femme accomplie et indépendante. Pour se faire, il ne faut pas hésiter à se lancer dans les expériences de vie professionnelle et personnelle aussitôt que possible. Surtout, je pense à ce que je peux faire pour rendre ma vie et celle des autres meilleures. Il est vrai que 25 ans, c’est un bel âge, c’est le quart de siècle et on y tire des grâces jamais vues avant si on se prépare suffisant à les recevoir.

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Ce numéro est un spécial “Afrique Centrale” englobant les deux Congo, Gabon, Angola, Cameroun… Que représente le “Kongo” pour vous ?
Le Kongo avec un grand “K” représente l’union, un retour à nos racines. Pour moi, cela prend tout son sens parce que j’ai une double nationalité. Je suis une Congolaise d’origine qui a grandi au Gabon. Je suis heureuse de voir les barrières entre nos territoires disparaître avec ce genre d’initiatives. Nous partageons tant en commun !
À travers mes voyages, j’ai eu la chance d’explorer les autres territoires cités. Nous vivons dans une époque où on peut être noir(e), fièr(e) et porter haut nos couleurs. Ce retour aux sources doit être une volonté d’enrichissement personnel qui devrait tous nous concerner.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Quand je pense au mot “Roots”, je pense au mouvement religieux et politique Rastafari car il me renvoie à la spiritualité, à mon identité, à ma véritable origine : ma terre. C’est un mot à fortes connotations qui me ramène à méditer sur notre culture, notre religion et ce qui est capable de naître d’une terre bien battue.

Édition spéciale Afrique Centrale