BONIFACE N’CHO : Agence de com – Barbershops – Écoles “Mon travail, c’est de gérer »

“La plus grande des gloires n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever après chaque chute.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Boniface N’Cho, j’ai 35 ans et je suis gestionnaire d’entreprises. Je suis originaire de Côte d’Ivoire, plus précisément de l’ethnie Attié. Je dirige une agence de communication, j’ai été adjoint à la mairie du 4e arrondissement de Paris, je possède plusieurs écoles – une maternelle, une élémentaire et de nombreuses crèches – et je gère une chaîne de barbershops : Groomers. Mon travail, c’est de gérer (rires).

Revenons sur ton parcours entrepreneurial ?
J’ai commencé en 2013, en créant une première agence de com,
B-Cluster. C’était, à la base, une agence de branding et nous
réalisions surtout des sites internet. Parfois, tu penses que t’es chaud mais en réalité tu ne l’es pas spécialement (rires) et c’est mon associé de l’époque, Ulrich, qui m’a tout appris du métier.
J’avais quelques clients et l’agence tournait plutôt bien. En 2015, la fondatrice d’une école m’aborde pour me proposait d’intégrer son conseil d’administration. Au départ, cela ne m’intéresse pas donc je refuse car j’étais concentré sur l’ouverture des barbershops Groomers avec l’initiateur du projet, John Diemé. Mais elle insiste et me dit que si je ne reprends pas, ils vont fermer l’école. Avec du recul, je me rends compte qu’elle était assez culotée car je n’avais que 28 ans, mon agence de communication avec 3 salariés et elle me demande de reprendre une structure totalisant 1 école maternelle, 1 école élémentaire, 1 crèche et 40 salariés pour un chiffre d’affaire d’1,8 million d’euros. À 28 ans, c’était un sacré challenge ! Finalement, après mûre réflexion, j’accepte de reprendre son business avec madame Sissoko, qui est aujourd’hui mon bras droit.
En 2021, le groupe Plaisir d’enfance totalise 1 maternelle, 1 élémentaire, 12 crèches, 200 salariés et 8 millions d’euros de chiffre d’affaire.

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Peux-tu nous parler de l’aventure Groomers, une chaîne de barbershops ?
Groomers, c’est l’histoire d’une rencontre avec John. Moi, je suis la face cachée, administrative et financière. Au départ, je n’étais pas plus chaud que ça pour le suivre dans l’aventure. Mais vous connaissez Morpheus (rires). A force de parler dans mes oreilles, il a réussi à me convaincre. Au final, c’est devenu une histoire de famille car l’ensemble des associés chez Groomers est une nébuleuse d’amis qui s’est fédérée autour de l’idée d’un visionnaire, John Diémé. En 2021, Groomers totalise 4 barbershops en Île-de-France (Paris, Saint-Denis, Arcueil et Chelles) et 1 en province (Angers).

Quels sont tes challenges pour 2022 ?
Je suis dans un process de levée de fonds. J’aimerais chercher entre 5 et 10 millions d’euros pour les crèches. Je suis dans un tourbillon où tu te dis que, d’un côté, 8 millions de CA c’est beaucoup, mais en même temps tu te rends compte que lorsque tu as 200 salariés, ce n’est pas incroyable. J’ai repris de nombreuses structures que j’ai fédérées en une seule structure groupe. Le virage que je souhaite prendre est de lever des fonds pour accélérer le développement et stabiliser les fonctions supports. Je prévois une ouverture de crèche par an sur les 3 prochaines années, mais avec la levée de fonds j’aimerais aller à 3-4 ouvertures par an.

Si je te dis « Black Excellence », mythe ou réalité ?
Quand tu me dis « black excellence », je pense à Michael Kamdem (rires). Il y a beaucoup de gens qui parlent, mais il y en a peu qui agissent. Certains ont fait du bruit, on les connaît et, aujourd’hui, ont disparu (rires). Ce n’est pas un sprint mais une course de fond. Nous sommes la 2ème génération. Nos parents sont arrivés, nous sommes nés ici et la plupart des profils que je vois dans ROOTS sont nés ici. Sur ce magazine des 10 ans, on peut constater qu’on a créé quelque chose de solide et que notre communauté peut désormais présenter des modèles de réussite inspirants pour nos petits frères et petites sœurs qui arrivent.

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Si tu avais un message à ceux se mettraient des barrières mentales pour entreprendre ?
Je lui dirais que si les barrières mentales sont là, c’est qu’elles existent. Il ne faut pas qu’on se mente. Moi le premier, dans l’univers des crèches, je vois bien que je suis le seul noir à entreprendre dans ce domaine. Mais je le répète, il y a des barrières parce que nous sommes seulement la seconde génération et pas parce que la France serait raciste ou que sais-je. Nos parents ont immigré, ils ont fait des enfants et cette descendance se bagarre pour se faire une place. Aujourd’hui, quand on voit tous les profils mis en avant par ROOTS, on s’aperçoit que toutes les barrières sont surmontables, il faut juste avoir du courage et de l’envie. Comme dirait Kery James :
« Deux fois plus de rage, deux fois plus de courage ».

Si je te dis le mot “Roots”, cela t’évoque quoi ?
Je vois un mec avec des dreadlocks (rires).