A.N.I.D.A Tous ensemble pour l’albinisme

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Adrienne Ntankeu, née en avril 1978 à Yaoundé, au Cameroun. A l’âge de 5 ans, à cause de mon albinisme, je suis envoyée en France, chez un membre de ma famille.
Je connais alors une enfance très dure, subissant continuellement humiliations et maltraitances. Prise en charge par les services sociaux à l’âge de 19 ans, ils m’offrent la possibilité de retourner durant 6 mois au Cameroun, pour renouer des liens avec ma famille.
Je commence ainsi à comprendre l’étendue des difficultés rencontrées par les personnes albinos en Afrique. Début 2011, révoltée par les massacres d’albinos, je crée l’association ANIDA. J’ai décidé de mener le combat, avec d’autres associations, pour défendre la cause de ces personnes.
Mon combat n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan mais je veux aider, soigner et donner de l’espoir à mes frères et sœurs dans le monde. Je veux aussi changer les mentalités et dire aux ignorants qu’être albinos n’est pas une tare.

Quelle est la situation des albinos en Afrique ?

De manière générale, les albinos en Afrique encourent des dangers vitaux. Les handicaps physiques cités plus haut entrent en jeu dans les difficultés d’intégration des albinos dans la société africaine. D’une part le climat ensoleillé du continent est peu clément à la santé des albinos, qui ne peuvent exercer aucune activité exposée au soleil, d’autre part, la myopie prononcée et incorrigible les exclut des professions exigeantes en acuité visuelle. Le degré d’intégration des personnes albinos dépend aussi des cultures et des croyances. Dans de nombreux milieux africains, les albinos sont considérés comme  porteurs de malheur. Ils sont majoritairement marginalisés et persécutés. Il est difficile de vaincre ces préjugés, peurs et superstitions. Il existe plusieurs formes d’extermination discrètes de l’enfant, et ces méthodes sont utilisées par certains parents, parfois avec la complicité de la société.

En plus d’un an sur le terrain notamment au Cameroun et au Sénégal avez-vous vu des différences ?

Oui, selon les pays où nous sommes en Afrique les albinos ne sont pas perçus de la même façon. Au Sénégal, les albinos sont plus au moins bien perçus. Des associations de jeunes sénégalais les aident au niveau de la sensibilisation auprès des populations sur ce qu’est l’albinisme, et elles deviennent donc moins réticentes. La religion y est aussi pour beaucoup car la population, à majorité musulmane, est très respectueuse. Il y a eu récemment des meurtres au Sénégal pendant les élections. Il s’agissait en fait des marabouts des pays voisins qui se sont déplacés et ont colporté ces fausses croyances qui ont déstabilisé tout le Sénégal. Les albinos au Sénégal se battent pour s’en sortir. Ils créent, innovent. Ils ne sont pas frustrés, bien au contraire. Je pense que si on leur donne tous les éléments, une structure  d’accueil où ils peuvent bénéficier  de  formations en informatique, apprendre des métiers comme la menuiserie, la couture, les arts dramatiques, les arts plastiques, ils pourront développer des activités génératrices de revenus et devenir autonomes, car c’est la pauvreté qui fait que beaucoup d’albinos mendient dans les rues, tout simplement.

Les futurs projets de votre association ?

2012/2013 nous avons mis en place l’exposition itinérante FRANCE AFRIQUE. Le lancement de l’exposition itinérante a eu lieu le vendredi 28 septembre 2012 à la Maison de l’Afrique, à Paris. Pour l’occasion, un vernissage a été  organisé le 28 au soir. Il a été accompagné d’une conférence sur l’albinisme dans le monde et les difficultés sociales et médicales engendrés par cette maladie. Des produits sont en vente sur le site www.anida.fr durant toute la durée de l’exposition dans le but de récolter des fonds.
A cette fin, des tirages des photographies exposées seront également mis aux enchères.

Comment devenir membre de ANIDA ?

En adhérant sur le site www.anida.fr. Merci de nous soutenir à faire évoluer les mentalités.

Si je vous dis ROOTS, vous me dites…

Racine, le film.

Édition : ROOTS n°7