Les passionnés d’histoire le savent, ce nom renvoie aux origines de la race humaine : Toumaï. Un fossile de 7 millions d’années qui, d’avis d’experts, remonterait à plus de 350 000 générations. C’est au Tchad, à 8 000km du Nord de Ndjamena, la capitale, plus précisément à Djourab, que la découverte a été faite le 19 juillet 2001 par 4 hommes (Ahounta Djimdoumalbaye, le premier à toucher le fossile, Fanoné Gongdibé, Mahamat Adoum et Alain Beauvilain qui dirigeait la mission). Une créature d’un mètre pesant 35kg. On parle de créature ici parce que si Toumaï est le plus ancien hominidé découvert à ce jour, il est un bipède dont l’apparence est proche du singe. Une ressemblance qui lui vaut des tas de contestations.
Décidément polémique
De tous les os de Toumaï qui ont été retrouvés, c’est son fémur qui créé la polémique à l’usure. Ce n’est qu’en 2004, que cet os a fait l’objet d’étude ; contrairement à ce que sa forme laisse suggérer à d’aucuns, ce fémur n’est pas celui d’une créature à quatre pattes. D’avis de certains scientifiques, le fossile ne serait rien d’autres qu’un descendant du singe. Dans la publication scientifique Journal of Human Evolution, on apprend qu’il se pourrait qu’il s’agisse d’un quadrupède, d’un paléo-gorille. Pourtant, son crâne et l’orientation de sa colonne vertébrale laissent croire qu’il se tenait sur ses jambes. Cela n’empêche pour autant que Toumaï, tout comme un singe, était doté de la capacité de grimper. Les fervents défenseurs de la thèse d’un potentiel singe ou gorille ont beau émettre des suppositions, rien n’a filtré. Jusqu’ici, aucun argument solide, juste des spéculations. Les paléoanthropologue ne s’accordent pas.
Michel Brunet était directeur de la mission paléoanthropologique franco-tchadienne et celui qui a étudié le fossile en premier.
Il n’était pas présent sur le site le jour J, mais il hérite de la paternité de la découverte et de la controverse qui l’accompagne.
Un nom, un hommage
Il faut souligner que le nom Toumaï a été octroyé par le chef d’Etat tchadien, Idriss Deby. Ce nom vient de la langue Gorane et signifie « Espoir de vie ». Au-delà du fait qu’il s’agisse de l’appellation donnée aux enfants nés dans la région en période de saison sèche, cette dénomination a été choisie en hommage à un soldat ami du président, résident dans le Nord du pays où la découverte archéologique a été faite.
Définitivement historique
Comme quoi, Toumaï est parvenu à réécrire l’histoire. Réécrire parce qu’en fait, à la base, on a longtemps eu les yeux rivés vers un autre fossile : Lucy. Vieille de 3,2 millions d’années, c’est en Ethiopie dans le village de Hadar qu’elle a été découverte. Excavée en 1974, elle a été longtemps considérée comme le plus vieux fossile humain trouvé. Une découverte qui aura permis d’en apprendre un peu plus encore sur l’existence humaine, notamment sur la façon dont les hominidés se sont déplacés. Un tas de mystères cachés à travers les 47 os de ce fossile qui repose dans un coffre-fort au Musée national d’Ethiopie à Addis-Abeba.
Si rien ne filtre véritablement sur l’abri actuel de Toumaï, on sait où il vivait il y a 7 millions d’années.
A l’époque, il porte à croire que la région n’était pas aussi désertique. La présence d’animaux aquatiques à l’instar de poissons, crocodiles, tortues suggère l’existence d’un cours d’eau à une période. Un potentiel cours d’eau et une végétation dense, si on se fie aux restes de carnivores, éléphants, hippopotames, antilopes, singes… qui y ont été découverts.
Des signes d’une existence plutôt bien remplie, qui pourrait donner des éclaircies sur notre vie aujourd’hui.
Par Ked de Souza
Édition ROOTS spéciale Afrique Centrale
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